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La préposition

La préposition est un mot qui permet une incidence1 qui, sans elle, ne pourrait pas avoir lieu. Les prépositions rendent possible un rapport.
Le nom est incident à l’article et il ne peut être incident à un autre nom (alors qu’en ancien français on pouvait dire la fille le roy pour « la fille du roi »). La préposition dépasse cette impossibilité puisque l’on dit « le livre de Marie ». De même, l’adjectif ne peut pas être incident au pronom : quoi neuf* ? mais « quoi de neuf ? » Voir aussi le cas de l’infinitif de narration.
→ La préposition rend possible une relation ; elle est un outil de dépassement : c’est un opérateur de méta-incidence.
Les verbes transitifs admettent un complément : ils sont transitifs directs (exemple : tu prépares l’examen ; COD / pas de préposition) ou transitifs indirects (exemple : le travail acharné conduit à la réussite ; COI / transitivité prépositionnelle). Il faut observer que la préposition permet d’enrichir le verbe sur le plan sémantique : ainsi, on peut user quelque chose et user de quelque chose, croire à quelque chose et croire en quelque chose ou encore dans quelque chose, etc. → La préposition apporte un contenu sémantique.

La préposition et le complément déterminatif :

Bien que la langue ait longtemps hésité entre à et de, on dit aujourd’hui : le livre de Pierre. Cela dit, l’absence de préposition n’est pas exclue : on entend souvent le gouvernement [+ nom du premier ministre] ou, peut-être moins souvent, un bracelet argent. Ces cas d’effacement prépositionnel ne sont pas majoritaires.

La préposition et le complément adjectival :

L’adjectif ne peut pas avoir de complément direct mais il existe des cas avec une construction indirecte : Elle est soucieuse de réussir ses examens ; Cette page Web est riche en émotions ; Il est certain de rater ce concours, etc.
À noter que la langue classique, contrairement au français moderne, admettait la complémentation directe : Une mère aimante son fils (où aimante est un adjectif et son fils complément d’objet direct).

La préposition et les compléments circonstanciels prépositionnels :

Ce sont des phrases comme :

  • À la fin de l’année, je pars en vacances [complément circonstanciel de temps] ;
  • Le matin, elle révise ses cours avec un acharnement étrange. [complément circonstanciel de manière]

Les prépositions ont un rôle syntaxique et sémantique :

Les prépositions à sémantèse2 lourde : elles sont des signes qui renvoient à des formes propres à la représentation du monde ; on dit qu’elles ont un caractère onomasiologique. Elles expriment :

  • la temporalité : avant, pendant (= du participe présent du verbe pendre), durant (= du participe présent du verbe durer), après ;
  • l’origine : depuis, dès ;
  • l’espace : sur, sous, devant, derrière. Ces prépositions ont un lien avec la sémantique cognitive, c’est-à-dire par rapport à la représentation du monde du locuteur : quand on dit la corbeille est sous le bureau, c’est par rapport au bureau que la corbeille est évaluée (≠ le bureau est sur la corbeille lorsque, par exemple, le bureau s’est écroulé…)
  • La liste des prépositions n’est pas close : on crée effectivement des prépositions par grammaticalisation, comme dans Question sport, ce n’est pas son fort !

Les prépositions à sémantèse discrète : ces prépositions n’ont pas de sens immédiat ; lexicalement, elles sont pauvres. Il s’agit de :

par (du latin pro) :
  • introduit la cause : Il n’a pas fait ses devoirs par paresse.
  • introduit le complément d’agent dans la phrase passive : Ce livre a été écrit par un grand auteur.
  • dans un emploi spatial : Il est passé par les Alpes pour aller en Italie.
  • dans un contexte temporel : Il ne faut pas sortir par temps de pluie.
pour (du latin per) :
  • introduit le complément circonstanciel de but : Il travaille pour payer ses études.
  • exprime la causalité : Il a été arrêté pour avoir triché pendant l’examen.
  • attribut de l’objet : Il la prend pour une imbécile.
  • complément circonstanciel de temps : Pour les vacances de Pâques, j’irai réviser chez ma grand-mère.
à et de (du latin ad et de) :
  • À exprime la direction, le lieu vers lequel on se dirige (destination), le lieu où l’on est (locatif), le moment de l’action. À est employée dans les verbes prépositionnels (croire à) et dans les compléments nominaux (une tasse à thé). À noter le tour figé fils à papa (complément déterminatif nominal).
  • De marque la provenance, exprime l’éloignement ou l’origine, est utilisée dans la complémentation verbale (Elle s’éloigne de cette ville). Cette préposition est employée dans le syntagme déterminatif : le livre de Robert. Enfin, de est aussi un article partitif (je mange de la salade tous les deux jours).

1 Voir ce document, page 104 sqq. [pdf archivé]
2 ibid., pages 84-86.

Voir aussi :