Bac de français 2013, séries technologiques
Corrigé des questions
Après avoir lu attentivement les documents du corpus, vous répondrez aux questions suivantes, de façon organisée et synthétique (6 points).
1. Quel lieu intime est évoqué dans les documents A, B et C ? En quoi cette évocation est-elle poétique ? (3 points)
Les poèmes de Gautier, Max Jacob et Joë Bousquet évoquent la chambre à coucher. Gautier exprime à la fin de la première strophe son souhait de « […] garder la chambre, / Devant son feu ! ». Max Jacob « [s]e souvien[t] de [s]a chambre d’enfant », tandis que Joë Bousquet rappelle ce qu’il doit à « la chambre où [il] grandi[t] ».
Leurs évocations sont poétiques dans la mesure où elles s’appuient sur de nombreux sentiments comme la paix, la douceur, la nostalgie. Elles sont riches d’images métaphoriques : sensualité du corps féminin chez Gautier, monde enchanté des jouets ou des boîtes à musique chez Jacob ou Bousquet. On pourrait noter l’ampleur des rythmes chez Jacob ; Gautier scande son poème au moyen d’octosyllabes et de quadrisyllabes, Bousquet se sert d’heptasyllabes. Enfin il convient de relever la musicalité des textes notamment avec le retour des rimes lorsqu’il s’agit de poésie versifiée dans les textes A et C.
2. À quelles impressions, agréables ou désagréables, ce lieu est-il, selon vous, associé dans chacun des quatre documents ? (3 points)
Cette pièce de l’habitation la plus fréquentée par son occupant marque forcément son hôte d’autant plus qu’elle est le lieu où il passe ses nuits. C’est un endroit intime, un local clos, un abri contre les dangers du monde extérieur. Ce point est souligné par tous les auteurs. Gautier apprécie la chaleur du feu, le confort de la « chauffeuse capitonnée », la sensualité du « papier rose », la douce lumière et le « silence ». Max Jacob rêve à loisir devant « la mousseline des rideaux sur la vitre » qui le coupe du dehors. Son regard est ainsi ramené vers les objets familiers de l’intérieur. Joë Bousquet se plaint doucement d’avoir quitté le monde enchanté des « chansons » enfantines pour accéder à la « peine » des adultes. Désormais « la chambre où [il] grandi[t] » est devenue le souvenir enfoui dans son « cœur » avec lequel elle se confond. Pour Jacob et Bousquet, la chambre constitue le lieu d’ancrage de leur imaginaire. Van Gogh décrit une pièce dans laquelle il n’est que de passage, les rapports qu’il entretient avec elle sont donc forcément différents. C’est d’abord un lieu fonctionnel, une « chambre à coucher tout simplement », l’endroit « du repos ou du sommeil » du « repos inébranlable ». Il porte sur elle un regard distant d’artiste. Il veut partager son admiration devant les jeux de la lumière méridionale qui fait chanter les couleurs. Le plus important n’est donc pas l’intérieur en tant que tel, mais l’aspect qu’il va revêtir sous la « lumière fraîche du matin ». Le peintre apprécie en fait le monde diurne, ouvert.
Les trois premiers textes nous invitent ainsi à nous recueillir dans l’intimité tandis que le quatrième attire notre regard vers les sortilèges de la lumière extérieure.