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Citations sur la poésie

Citations sur la poésie

Quelques citations sur la poésie et le poète, les conceptions de la poésie, le rôle de la poésie

Comme donc nous avons dit la clarté être le plus insigne ornement du Poème : ainsi l’obscurité se comptera pour le premier vice. Car il n’y a point de différence entre ne parler point, et n’être point entendu.
J. Peletier du Mans (1517-1582), Art poétique, Livre I, X.

La Poésie n’était au premier âge qu’une Théologie allégorique, pour faire entrer au cerveau des hommes grossiers par fables plaisantes et colorées les secrets qu’ils ne pouvaient comprendre.
Ronsard (1524-1585), Abrégé de l’art poétique français

Un bon poète n’est pas plus utile à l’État qu’un bon joueur de quilles.
Malherbe (1555-1628)

L’idée que j’attache à la poésie est donc celle d’une imitation en style harmonieux, tantôt fidèle, tantôt embellie de ce que la nature, dans le physique et dans le moral, peut avoir de plus capable d’affecter, au gré du poète, l’imagination et le sentiment.
Marmontel (1723-1799), Poétique française

La poésie doit être le miroir terrestre de la Divinité, et réfléchir, par les couleurs, les sons et les rythmes, toutes les beautés de l’univers.
Madame de Staël (1766-1817), De l’Allemagne (1810)  [Proposé par Lebeau]

Au reste, le domaine de la poésie est illimité. Sous le monde réel, il existe un monde idéal, qui se montre resplendissant à l’œil de ceux que des méditations graves ont accoutumés à voir dans les choses plus que les choses.
Victor Hugo (1802-1885), préface des Odes (1822)

[Mes sonnets] perdraient de leur charme à être expliqués.
Nerval (1808-1855)

Le pin des Landes

On ne voit en passant par les Landes désertes,
Vrai Sahara français, poudré de sable blanc,
Surgir de l’herbe sèche et des flaques d’eaux vertes
D’autre arbre que le pin avec sa plaie au flanc,

Car, pour lui dérober ses larmes de résine,
L’homme, avare bourreau de la création,
Qui ne vit qu’aux dépens de ceux qu’il assassine,
Dans son tronc douloureux ouvre un large sillon !

Sans regretter son sang qui coule goutte à goutte,
Le pin verse son baume et sa sève qui bout,
Et se tient toujours droit sur le bord de la route,
Comme un soldat blessé qui veut mourir debout.

Le poète est ainsi dans les Landes du monde ;
Lorsqu’il est sans blessure, il garde son trésor.
Il faut qu’il ait au cœur une entaille profonde
Pour épancher ses vers, divines larmes d’or !
Théophile Gautier (1811-1872), España  [Proposé par Jean-Luc]

Qu’est-ce qu’un poète, si ce n’est un traducteur, un déchiffreur ?
Charles Baudelaire (1821-1867)

Stéphane Mallarmé L’œuvre pure implique la disparition élocutoire du poète, qui cède l’initiative aux mots, par le heurt de leur inégalité mobilisés ; ils s’allument de reflets réciproques comme une virtuelle traînée de feux sur des pierreries, remplaçant la respiration perceptible en l’ancien souffle lyrique ou la direction personnelle enthousiaste de la phrase.
Mallarmé (1842-1898), Divagations, « Crise de vers »

De la musique avant toute chose,
Et pour cela préfère l’Impair
Plus vague et plus soluble dans l’air
Sans rien en lui qui pèse ou qui pose.
Verlaine (1844-1896), Jadis et naguère, « Art poétique »

Je dis qu’il faut être voyant, se faire voyant.
Le poète se fait voyant par un long, immense et raisonné dérèglement de tous les sens. Toutes les formes d’amour, de souffrance, de folie ; il cherche lui-même, il épuise en lui tous les poisons, pour n’en garder que les quintessences.
Rimbaud (1854-1891), Lettre du Voyant

Quand un poète vous semble obscur, cherchez bien, et ne cherchez pas loin. Il n’y a d’obscur que la merveilleuse rencontre du corps et de l’idée, qui opère la résurrection du langage.
Alain (1868-1951), Propos de littérature

Ô mon fils ! lorsque j’étais un poète entre les hommes, j’inventais ce vers qui n’avait ni rime ni mètre,
Et je le définissais dans le secret de mon cœur cette fonction double et réciproque
Par laquelle l’homme absorbe le monde et restitue dans l’acte suprême de l’inspiration
Une parole intelligible.
Claudel (1868-1955), La Ville (2e version)

Le poème, cette hésitation prolongée entre le son et le sens.
Paul Valéry (1871-1945), Tel quel

Les grands poètes et les grands artistes ont pour fonction sociale de renouveler sans cesse l’apparence que revêt la nature aux yeux des hommes.
Apollinaire (1880-1918), Les Peintres cubistes

Pour ce qui est de la poésie libre dans Alcools, il ne peut y avoir aujourd’hui de lyrisme authentique sans la liberté complète du poète et même s’il écrit en vers réguliers c’est sa liberté qui le convie à ce jeu ; hors de cette liberté il ne saurait plus y avoir de poésie.
Apollinaire (1880-1918), Lettres à sa marraine (30 octobre 1915)

Poète est celui-là qui rompt avec l’accoutumance.
Saint-John Perse (1887-1975)

Le poète, l’esprit du poète est une véritable fabrique d’images.
Pierre Reverdy (1889-1960)

Voilà le rôle de la poésie. Elle dévoile, dans toute la force du terme. Elle montre nues, sous une lumière qui secoue la torpeur, les choses surprenantes qui nous environnent et que nos sens enregistraient machinalement.
Cocteau (1889-1963), Le Secret professionnel

La poésie doit être faite par tous. Non par un. Toutes les tours d’ivoire seront démolies, toutes les paroles seront sacrées et l’homme s’étant enfin accordé à la réalité qui est sienne, n’aura plus qu’à fermer les yeux pour que s’ouvrent les portes du merveilleux.
Éluard (1895-1952)

Lorsqu’un poème est écrit en vers et qu’il est plat, sans retentissement poétique, on ne dit pas de lui que ce n’est pas un poème, mais que c’est un mauvais poème.
Aragon (1897-1982), Chroniques du bel canto

Les poètes sont des hommes qui refusent d’utiliser le langage.
Sartre (1905-1980), Qu’est-ce que la littérature ?

Le poème est l’amour réalisé du désir demeuré désir.
René Char (1907-1988), Feuillets d’Hypnos (1946)

Un poète doit laisser des traces de son passage, non des preuves. Seules les traces font rêver.
René Char (1907-1988), La Parole en archipel (1962)

La métaphore n’est pas pour moi l’essence du poème.
Eugène Guillevic (1907-1997)

Les hommes se servent des mots ; le poète les sert.
Octavio Paz (1914-1998)

La création poétique est d’abord une violence faite au langage. Son premier acte est de déraciner les mots. Le poète les soustrait à leurs connexions et à leurs emplois habituels.
Octavio Paz (1914-1998), L’Arc et la Lyre (1956)

Il faut identifier la poésie et l’espoir.
Yves Bonnefoy (né en 1923)

Ô poésie je sais qu’on te méprise et te dénie
Qu’on t’estime un théâtre voire un mensonge.
Yves Bonnefoy (né en 1923)

À l’intérieur de ce microcosme [le poème], une logique des mots s’impose qui n’a rien à voir avec la communication linguistique normale : elle crée un code spécial, un dialecte au sein du langage qui suscite chez le lecteur le dépaysement de la narration où les surréalistes voient l’essentiel de l’expérience poétique.
M. Riffaterre (1924-2006), La Production du texte (1979)

La poésie rend la vie sur terre plus belle, moins éphémère, moins misérable.
Adonis (né en 1930)

Le lombric
(Conseils à un jeune poète de douze ans)

Dans la nuit parfumée aux herbes de Provence
Le lombric se réveille et bâille sous le sol,
Étirant ses anneaux au sein des mottes molles,
Il les mâche, digère et fore avec conscience.

Il travaille, il laboure en vrai lombric de France
Comme, avant lui, ses père et grand-père ; son rôle,
Il le connaît. Il meurt. La terre prend l’obole
De son corps. Aérée, elle reprend confiance.

Le poète, vois-tu, est comme un ver de terre,
Il laboure les mots, qui sont comme un grand champ
Où les hommes récoltent les denrées langagières;

Mais la terre s’épuise à l’effort incessant !
Sans le poète lombric et l’air qu’il lui apporte
Le monde étoufferait sous les paroles mortes.
J. Roubaud (né en 1932)  [Proposé par Jean-Luc]

La poésie est recherche, durée, authenticité, pauvreté, se transformant en immense richesse spirituelle.
Giuseppe Conte (né en 1945), dans le recueil Lettres à la jeunesse (2003)

Le poète est celui qui, plongé, comme tout homme, dans l’obscurité d’un monde insaisissable, entrevoit un peu mieux sa raison, perçoit les premières lueurs du jour. En d’autres termes, le don de poésie ne le soustrait pas à la foule des hommes « pauvres et chétifs » ; c’est dans sa condition d’homme qu’il accueille le don divin ; et par là il vit plus intensément qu’autrui le malheur de l’existence humaine et ressent davantage l’absence de cette lumière dont quelques rayons lui parviennent.
J. Céard, La Nature et les prodiges (1977)

Nerval a concentré dans le sonnet une expérience de l’indicible : plus de décors, plus de couleur locale, plus de scène, plus d’images ; la poésie nervalienne est une poésie libérée du référentiel, une poésie pure si l’on appelle ainsi une écriture qui, hors de toute thématique, ne s’interroge que sur sa seule possibilité d’exister.
Daniel Couty

Citations recueillies par Polo
Ce n’est pas l’art, mais une force divine qui leur inspire leurs vers.
Platon (vers -427 vers -348) in Ion
[La poésie] n’a aucun rapport ni avec le devoir ni avec la vérité.
Edgar Allan Poe (1809-1849) in Le principe de la poésie
La poésie est l’ambition d’un discours qui soit chargé de plus de sens, et mêlé de plus de musique, que le langage ordinaire n’en porte et n’en peut porter.
Paul Valéry (1871-1945) in Variété I et II
Le poète débarrasse les mots des intentions d’autrui, n’utilise que certains mots et formes, de telle manière qu’il perde leur lien avec certaines strates intentionnelles et certains contextes du langage. On ne doit pas sentir derrière les mots d’une œuvre poétique les images typiques et objectivées des genres (hormis le genre poétique lui-même), les visions du monde.
Mikhaïl Bakhtine (1895-1975) in Esthétique et théorie du roman
Le poème dit une chose et en signifie une autre.
M. Riffaterre (1924-2006) in Sémiotique de la poésie

Citation recueillie par William
Voici un dialogue tiré du film Le Testament d’Orphée, de Jean Cocteau (1960).
Il met en scène Jean Cocteau lui-même (mise en abyme) et deux juges : un homme et une femme. Jean Cocteau est accusé d’innocence et « de vouloir sans cesse pénètrer en fraude dans un monde qui n’est pas le [sien] ».

— Second juge (Daniel Gélin) : "il existerait en somme chez vous des individus pareils à un infirme endormi sans bras ni jambes rêvant qu’il gesticule et qu’il court !
— Jean Cocteau : Vous donnez-là une une excellente définition du poète.
— Premier juge (Maria Casarès) : Qu’entendez-vous par "poète" ?
— Jean Cocteau : Le poète, en composant des poèmes, use d’une langue ni vivante, ni morte, que peu de personnes parlent, que peu de personnes entendent.
— Premier juge : Et pourquoi ces personnes parlent-elles cette langue ?
— Jean Cocteau : Hum… pour rencontrer leurs compatriotes dans un monde où trop souvent l’exhibitionnisme qui consiste à montrer son âme toute nue s’exerce… chez les aveugles."
[…]
— Second juge : "n’oubliez pas que vous êtes un amalgame nocturne de cavernes, de forêts, de marécages, de fleuves rouges ; amalgame peuplé par des bêtes gigantesques et fabuleuses qui s’entre-dévorent !"

Citations sur la poésie et la création poétique

André Breton On sait assez ce qu’est l’inspiration. Il n’y a pas à s’y méprendre ; c’est elle qui a pourvu aux besoins suprêmes d’expression en tout temps et en tous lieux. On dit communément qu’elle y est ou qu’elle n’y est pas et, si elle n’y est pas, rien de ce que suggèrent auprès d’elle l’habileté humaine qu’oblitèrent l’intérêt, l’intelligence discursive et le talent qui s’acquiert par le travail ne peut nous guérir de son absence. Nous la reconnaissons sans peine à cette prise de possession totale de notre esprit qui, de loin en loin, empêche que pour tout problème posé nous soyons le jouet d’une solution rationnelle plutôt que d’une autre solution rationnelle, à cette sorte de court-circuit qu’elle provoque entre une idée donnée et sa répondante (écrite par exemple). Tout comme dans le monde physique, le court-circuit se produit quand les deux « pôles » de la machine se trouvent réunis par un conducteur de résistance nulle ou trop faible. En poésie, en peinture, le surréalisme a fait l’impossible pour multiplier ces courts-circuits. Il ne tient et il ne tiendra jamais à rien tant qu’à reproduire artificiellement ce moment idéal où l’homme, en proie à une émotion particulière, est soudain empoigné par ce « plus fort que lui » qui le jette, à son corps défendant, dans l’immortel. Lucide, éveillé, c’est avec terreur qu’il sortirait de ce mauvais pas. Le tout est qu’il n’en soit pas libre, qu’il continue à parler tout le temps que dure la mystérieuse sonnerie : c’est, en effet, par où il cesse de s’appartenir qu’il nous appartient. Ces produits de l’activité psychique, aussi distraits que possible de la volonté de signifier, aussi allégés que possible des idées de responsabilité toujours prêtes à agir comme freins, aussi indépendants que possible de tout ce qui n’est pas la vie passive de l’intelligence, ces produits que sont l’écriture automatique et les récits de rêves présentent à la fois l’avantage d’être seuls à fournir des éléments d’appréciation de grand style à une critique qui, dans le domaine artistique, se montre étrangement désemparée, de permettre un reclassement général des valeurs lyriques et de proposer une clé qui, capable d’ouvrir indéfiniment cette boîte à multiple fond qui s’appelle l’homme, le dissuade de faire demi-tour, pour des raisons de conservation simple, quand il se heurte dans l’ombre aux portes extérieurement fermées de l’« au-delà », de la réalité, de la raison, du génie et de l’amour. Un jour viendra où l’on ne se permettra plus d’en user cavalièrement, comme on l’a fait, avec ces preuves palpables d’une existence autre que celle que nous pensons mener. On s’étonnera alors que, serrant la vérité d’aussi près que nous l’avons fait, nous ayons pris soin dans l’ensemble de nous ménager un alibi littéraire ou autre plutôt que sans savoir nager de nous jeter à l’eau, sans croire au phénix d’entrer dans le feu pour atteindre cette vérité.


André Breton, Second manifeste du surréalisme

En vérité, la littérature, telle qu’elle est, se rapproche singulièrement de quelqu’un de ces petits métiers en chambre, comme il y en a encore tant à Paris ; et elle en est un par bien des aspects. Le poète fait songer à ces industriels ingénieux qui fabriquent, en vue de la Noël ou du Jour de l’an, des jouets remarquables par l’invention, par la surprise organisée, et qui sont faits avec des matériaux de fortune. Le poète puise les siens dans le langage ordinaire. Il a beau évoquer le ciel et la terre, soulever des tempêtes, ranimer nos émotions, suggérer ce qu’il y a de plus délicieux ou de plus tragique dans la profondeur des êtres, disposer de la nature, de l’infini, de la mort, des dieux et des beautés, il n’en est pas moins, aux yeux de l’observateur de ses faits et gestes, un citoyen, un contribuable, qui s’enferme à telle heure devant un cahier blanc, et qui le noircit, parfois silencieusement, parfois donnant de la voix, et marchant de long en large entre porte et fenêtre. Vers 1840, un Victor Hugo est un auteur très rangé, qui habite bourgeoisement un appartement dans le Marais ; il paye son loyer, ses impôts ; c’est un producteur modèle. Mais que fait-il ? Que produit-il ? Et quel est le type de son industrie ? Le même observateur, froidement exact, constatera que les produits de cette petite industrie ont une valeur variable, aussi précaire que celle des produits du fabricant de jouets, de l’article de Paris, qui travaille lui aussi en chambre, à deux pas de là, dans la rue des Archives ou dans la rue Vieille-du-Temple.

Mais cette valeur, celle qui sortira des mains du poète, est complexe, elle est double, et, dans les deux cas, elle est essentiellement incertaine. Elle se compose d’une part qui est réelle, (c’est-à-dire qui s’échange quelquefois contre de l’argent), et d’une part qui est fumée, — fumée étrange en vérité, fumée qui se condensera un jour, peut-être, en quelque œuvre monumentale de marbre ou de bronze, créant autour d’elle un rayonnement puissant et durable, la gloire. Mais encore, réelle ou idéale, cette valeur est incommensurable : elle ne peut pas être mesurée par les unités de mesure dont dispose la société. Une œuvre de l’art vaut un diamant pour les uns, un caillou pour les autres. On ne peut pas l’évaluer en heures de travail ; elle ne peut donc figurer comme monnaie universellement utilisable dans l’ensemble des échanges.


Paul Valéry, Regards sur le monde actuel

C’est beau d’avoir élu
Domicile vivant
Et de loger le temps
Dans un cœur continu,
Et d’avoir vu ses mains
Se poser sur le monde
Comme sur une pomme
Dans son petit jardin,
D’avoir aimé la terre,
La lune et le soleil
Comme des familiers
Qui n’ont pas leurs pareils,
Et d’avoir confié
Le monde à sa mémoire
Comme un clair cavalier
A sa monture noire,
D’avoir donné visage
A ces mots : femme, enfants,
Et servir de rivage
A d’errants continents
Et d’avoir  atteint l’âme
A petits coups de rame
Pour ne l’effaroucher
D’une brusque approchée.
C’est beau d’avoir connu
L’ombre sous le feuillage
Et d’avoir senti l’âge
Ramper sur le corps nu,
Accompagné la peine
Du sang noir dans nos veines
Et doré son silence
De l’étoile Patience
Et d’avoir tout ces mots
Qui bougent dans la tête,
De choisir les moins beaux
Pour leur faire un peu fête,
D’avoir senti la vie,
Hâtive et mal aimée,
De l’avoir enfermée
Dans cette poésie.


Jules Supervielle, Oublieuse mémoire, « Hommage à la vie »

Réglons notre papier et formons bien nos lettres :

Vers filés à la main et d’un pied uniforme,
Emboîtant bien le pas, par quatre en peloton ;
Qu’en marquant la césure, un des quatre s’endorme…
Ça peut dormir debout comme soldats de plomb.

Sur le railway du Pinde est la ligne, la forme ;
Aux fils du télégraphe : – on en suit quatre, en long ;
À chaque pieu, la rime – exemple  : chloroforme.
– Chaque vers est un fil, et la rime un jalon.

– Télégramme sacré – 20 mots. – Vite à mon aide…
(Sonnet – c’est un sonnet -) ô Muse d’Archimède !
– La preuve d’un sonnet est par l’addition :

– Je pose 4 et 4 = 8 ! Alors je procède,
En posant 3 et 3 ! – Tenons Pégase raide :
"Ô lyre ! Ô délire ! Ô…" – Sonnet – Attention !


Sonnet des Amours jaunes de Tristan Corbière (Avec la manière de s’en servir)

Voir aussi :