Les genres du théâtre
La tragédie
La tragédie grecque
La tragédie a été inventée par les Grecs (Cf. Eschyle, Sophocle et Euripide). Les héros tragiques étaient alors des rois, des princes ou des personnages issus de la légende et de l’épopée. La tragédie est un drame, c’est-à-dire une action, une imitation (mimésis) de la vie des hommes sur une scène de théâtre. Il y avait les acteurs d’une part et un chœur d’autre part, lequel commentait, par des chants, l’action qui se déroulait sur la scène.
Dans sa Poétique, Aristote (384-322 av. J.-C.) définit ainsi la tragédie :
« La tragédie est donc l’imitation d’une action noble, conduite jusqu’à sa fin et ayant une certaine étendue, en un langage relevé d’assaisonnements dont chaque espèce est utilisée séparément selon les parties de l’œuvre ; c’est une imitation faite par des personnages en action et non par le moyen d’une narration, et qui par l’entremise de la pitié et de la crainte, accomplit la purgation des émotions de ce genre. »Aristote, Poétique, chapitre VI, traduction de M. Magnien, Le Livre de Poche.
La tragédie classique (XVIIe siècle)
La tragédie classique est composée de cinq actes (séparés par des entractes), et le nombre de scènes par acte varie. L’action (l’intrigue) est issue de l’histoire ou de la légende ; les personnages sont généralement illustres et sont tourmentés par de fortes passions. La tragédie classique avait ses règles, dont la fameuse règle des trois unités (unité d’action, unité de temps, unité de lieu) :
« […] Qu’en un lieu, qu’en un jour, un seul fait accompli
Tienne jusqu’à la fin le théâtre rempli. […] »Boileau, L’Art poétique, chant III.
Les règles de la bienséance devaient être aussi respectées afin de ne pas choquer le public. La vraisemblance était également de rigueur.
Les thèmes tragiques sont souvent l’héroïsme, l’honneur et la vengeance, l’amour, la fatalité, l’homme face à son destin, etc. Le dénouement d’une tragédie est souvent malheureux (par exemple : la mort).
« La principale règle est de plaire et de toucher. Toutes les autres ne sont faites que pour parvenir à cette première. »
Racine, Bérénice, préface.
Grands noms de la tragédie antique :
- Eschyle (525-456 avant J.-C.), Les Perses
- Sophocle (495-406 avant J.-C.), Antigone, Électre et Œdipe roi
- Euripide (480-406 avant J.-C.)
- Sénèque (Ier siècle), Médée
Quelques grandes tragédies classiques :
Corneille (1606-1684) :
Racine (1639-1699) :
- Andromaque (1667)
- Iphigénie (1674)
- Phèdre (1677)
- Britannicus (1669)
- Bérénice (1670)
- Mithridate (1673)
- Esther (1689)
- Athalie (1691)
La tragi-comédie
La tragi-comédie est un genre dramatique (seconde moitié du XVIe siècle – XVIIe siècle) qui mêlait à la tragédie des éléments propres à la comédie. Les sujets de la tragi-comédie sont souvent d’origine romanesque, les personnages appartiennent à des milieux sociaux différents. Il y a mélange des genres et des tons.
La comédie
Le terme « comédie » a d’abord désigné le théâtre en général.
S’opposant à la tragédie, la comédie cherche à divertir, à faire rire (→ comique) par la légèreté de l’intrigue ou la peinture des personnages qui y est faite. Quelques pièces comiques de Molière (1622-1673) :
- Les Précieuses ridicules (1664)
- Le Misanthrope (1666)
- L’Avare (1668)
- Le Bourgeois gentilhomme (1670)
- Les Femmes savantes (1672)
- Le Malade imaginaire (1673)
La comédie a pour but de « corriger les mœurs par le rire » (castigat ridendo mores, dit l’adage latin). Pour Molière, il s’agit de « corriger les hommes en les divertissant » (Molière, « Premier placet au roi au sujet de Tartuffe »), en dénonçant l’avarice des hommes, les travers de la médecine, de la justice, de la Cour, etc.
Dans la comédie, les personnages sont de condition moyenne ou modeste, et le dénouement est heureux.
La comédie de caractère peint les caractères1, la comédie de mœurs inscrit un personnage dans son milieu social, la comédie d’intrigue complique l’action de la pièce à loisir, la comédie-ballet a été inventée par Molière et inclut des ballets (Cf. Le Bourgeois gentilhomme).
Le rire propre au genre comique est produit par le comique de mots (paroles d’un personnage, choix des mots, niveau de langue, répétitions), le comique de gestes (gestes d’un personnage), le comique de situation (situation d’un personnage), le comique de mœurs (les habitudes propres à une classe d’hommes) ou le comique de caractère (traits moraux d’un personnage ou d’une classe d’hommes).
La farce : la farce est une pièce bouffonne (→ comique grossier).
Le vaudeville : le vaudeville est un type de comédie à la mode au XIXe siècle. Il repose très fréquemment sur une intrigue amoureuse. Le vaudeville (ou « théâtre de boulevard ») comporte généralement de nombreux rebondissements et quiproquos. Les personnages sont souvent des bourgeois. Cf. Eugène Labiche ou Georges Feydeau.
1 « Ensemble des traits psychologiques et moraux qui font d’un personnage de théâtre ou de roman un type significatif de la nature humaine ou d’une condition sociale. » (Dictionnaire de l’Académie)
Le drame
Le drame romantique est apparu dans la première moitié du XIXe siècle. Refusant les trois règles du théâtre classique, il peut mêler plusieurs intrigues, et les époques et les lieux peuvent être multipliés. L’histoire se situe généralement à une époque récente. Le héros du drame romantique est passionné, et le dénouement de la pièce est malheureux, comme dans la tragédie.
Cf. Victor Hugo, Préface de Cromwell :
Que ferait le drame romantique ? Il broierait et mêlerait artistement ces deux espèces de plaisir1. Il ferait passer à chaque instant l’auditoire du sérieux au rire, des excitations bouffonnes aux émotions déchirantes, du grave au doux, du plaisant au sévère. Car, ainsi que nous l’avons déjà établi, le drame, c’est le grotesque avec le sublime, l’âme sous le corps, c’est une tragédie sous une comédie. Ne voit-on pas que, vous reposant ainsi d’une impression par une autre, aiguisant tour à tour le tragique sur le comique, le gai sur le terrible, s’associant même au besoin les fascinations de l’opéra, ces représentations, tout en n’offrant qu’une pièce, en vaudraient bien d’autres ? La scène romantique ferait un mets piquant, varié, savoureux, de ce qui sur le théâtre classique est une médecine divisée en deux pilules.
1 Celles dont il est question plus haut dans le texte, c’est-à-dire « le plaisir sérieux » et « le plaisir folâtre ».
Quelques drames romantiques :
- Hugo (1802-1885) :
- Cromwell (1827)
- Hernani (1830)
- Ruy Blas (1838)
- Musset (1810-1857) :
- Lorenzaccio (1834)
- Vigny (1797-1863) :
- Chatterton (1835)