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Caractériser un texte

Caractériser un texte

Une fiche rédigée par Jean-Luc.

Reconnaître les énoncés

L’énoncé est ce qui est dit ou écrit.

L’énonciation est l’ensemble des procédés qui révèlent la présence de l’émetteur de l’énoncé ou énonciateur à l’intérieur même de son énoncé.

On a l’habitude de classer les énoncés en deux types : le discours et le récit.

DiscoursRécit

Énoncé ancré

Énoncé, écrit ou oral, dans lequel l’énonciateur se réfère à l’acte d’énonciation : identité des interlocuteurs, lieu et moment de l’énonciation (déictiques ou embrayeurs1), attitude des interlocuteurs… pour entrer ou rester en contact. Ces références ne sont interprétables que par les interlocuteurs.

Énoncé coupé

Énoncé, écrit ou oral, dans lequel les références à l’énonciateur ou à l’acte d’énonciation sont absentes.

Déterminer les intentions du locuteur

Parler, écrire répondent toujours à un projet, une intention. La communication, qui consiste à sortir de soi pour aller vers l’autre, obéit à une visée utilitaire. Dans la vie courante, le langage des signes ou l’expression vocalisée cherchent à transmettre une information nécessaire à l’entretien de la vie et à l’adaptation de l’organisme vivant à son environnement. Le linguiste Jakobson, qui a étudié le langage humain, a pu y discerner six fonctions de base auxquelles nous recourons dans des proportions variables. À partir des six facteurs de la situation de communication, il a établi un schéma de la communication qui met en valeur les six fonctions du langage (entre parenthèses) qui leur correspondent.

Schéma de la communication

Les divers types de textes produits par la langue écrite vont donc s’inscrire dans un de ces six enjeux qui vont les caractériser. Bien entendu, les objets chimiquement purs n’existant pas dans la nature, les textes n’échappent pas à cette constatation. Un texte donné utilisera donc prioritairement un projet et l’on pourra trouver des traces d’une ou plusieurs autres fonctions.

Suivant les classifications, on identifie de six à huit types de texte :

  • raconter des événements, des histoires : texte narratif
  • décrire des objets, des lieux, des personnages : texte descriptif
  • persuader, convaincre, critiquer : texte argumentatif
  • informer, expliquer : texte explicatif ou didactique
  • conseiller, prier, ordonner, vouloir agir sur le destinataire : texte injonctif ou prescriptif
  • exprimer des émotions, des sentiments : texte expressif
  • créer un effet esthétique, jouer avec les mots : texte rhétorique
  • rapporter des propos : texte dialogal

Les types de textes

Texte narratif

  • Finalité, enjeu : raconter
  • Formes ou genres de textes : conte, nouvelle, roman, reportage, fait divers, bande dessinée, anecdote, scénario, fable
  • Quelques indices : passé simple de narration, passé composé, imparfait d’habitude et présent de narration. Repères temporels, verbes d’action

Texte descriptif

  • Finalité, enjeu : montrer, donner à voir
  • Formes ou genres de textes : portrait, passage d’un roman (pause dans le récit), guide touristique, inventaire, prospectus, dépliant, curriculum vitæ, relation de voyage
  • Quelques indices : Termes concrets, imparfait de description, repères spatiaux et information sur les lieux. Caractérisations : adjectifs, figures d’image

Texte explicatif ou didactique

  • Finalité, enjeu : faire comprendre, renseigner
  • Formes ou genres de textes : encyclopédie, dictionnaire, documentaire, manuel, revue, critique
  • Quelques indices : présent de vérité générale, connecteurs logiques d’ordre, absence d’indice de la personne

Texte injonctif ou prescriptif

  • Finalité, enjeu : donner les moyens d’agir, guider
  • Formes ou genres de textes : recette, notice, consigne, mode d’emploi, didacticiel, règlement, loi
  • Quelques indices : impératif, infinitif, référence à la 2e personne, présence marquée de la voix passive

Texte argumentatif

  • Finalité, enjeu : convaincre, défendre un point de vue
  • Formes ou genres de textes : dossier, article de presse, slogan publicitaire, discours politique, essai, prospectus, dépliant, lettre de candidature, sermon
  • Quelques indices : présent de vérité générale, hypotaxe, connecteurs logiques argumentatifs, termes abstraits, modalisation

Texte rhétorique

  • Finalité, enjeu : créer un effet esthétique, une émotion
  • Formes ou genres de textes : poème, chanson, proverbe, dicton, sentence, aphorisme, énigme
  • Quelques indices : paronomase, allitération, assonance, figures d’image, figures de construction, jeu sur les mots

Texte dialogal

  • Finalité, enjeu : rapporter les propos
  • Formes ou genres de textes : pièce de théâtre, passage d’un roman (pause dans le récit), interview, saynète
  • Quelques indices : guillemets, tirets, identification des interlocuteurs, interrogations, exclamations, interjections

On peut essayer de répartir les types de textes dans les diverses fonctions du langage auxquelles ils recourent principalement.

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FonctionRéférentielleExpressiveConativePhatiqueMétalinguistiquePoétique2
Type de texteDescriptifDescriptif   Rhétorique
 ArgumentatifArgumentatif   
NarratifNarratifInjonctifInjonctif  
 DialogalDialogalDialogal  
Explicatif Explicatif Explicatif 

Identifier le registre littéraire

Chaque type de texte offre sa propre tonalité, c’est-à-dire des éléments caractéristiques qui provoquent chez le destinataire un type d’émotion, de sentiment particulier. Ce registre se reconnaît à certains indices particuliers.

Registre lyrique

  • Définition : expression mélodieuse de sentiments intimes de l’auteur
  • Indices : champs lexicaux du sentiment, présence de je/tu, ponctuation expressive, langue soutenue, nombreux modalisateurs3
  • Notons sa variante élégiaque lorsque les sentiments évoqués sont de l’ordre de la tristesse.

Registre épique

  • Définition : affrontement à des forces qui dépassent la condition humaine, représentation de valeurs symboliques d’une société aristocratique et guerrière. Ce registre vise à provoquer l’admiration.
  • Indices : termes collectifs, superlatifs, hyperboles, gradations, métaphores, personnifications
  • On peut rattacher à ce registre le recours au merveilleux dont certains font un registre à part. Il s’agit de l’intervention de forces magiques favorables ou hostiles, mais toujours marquées au sceau de l’imaginaire.

Registre burlesque ou contre-épique

  • Définition : ce registre se caractérise par l’opposition voulue entre le sujet et son traitement : soit un sujet héroïque est rabaissé par un style familier, voire vulgaire ; soit un sujet trivial est abordé au moyen d’un style soutenu. L’effet recherché est la remise en cause des conventions de genre.
  • Indices : grivoiserie, représentation des fonctions naturelles, décalage, réification, recherche du grotesque, absurdité, regard décapant…

Registre fantastique

  • Définition : irruption brutale d’événements étranges dans un univers réaliste.
  • Indices : champ lexical de l’angoisse, du doute, de la folie, du rêve, de la nuit. Procédés d’évocation, mode de l’ambiguïté, de la confusion, contradiction entre les informations fournies par les sens et la rationalité de l’individu.

Registre pathétique

  • Définition : énoncé qui provoque la compassion devant les souffrances, un attendrissement en portant les sentiments à une grande intensité.
  • Indices : champs lexicaux des larmes, de la douleur, de la démesure, nombreuses exclamations, lamentations, métaphores et comparaisons à forte charge émotive, hyperboles…

Registre tragique

  • Définition : ce registre exprime le paroxysme d’un conflit qui écartèle le héros noble. Il est marqué par un destin inéluctable qui agit comme une mécanique aveugle. Il laisse surgir un au-delà cruel dans une condition humaine marquée par sa finitude.
  • Indices : ce registre emploie les champs lexicaux de la mort, des passions destructrices, des sentiments héroïques, de la défaite…

Registre comique

  • Définition et caractéristiques : ce registre cherche à provoquer un amusement ou le rire. Il utilise les jeux de mots, les jeux de sonorités, les répétitions, les comparaisons amusantes, les exagérations, les propos absurdes ou familiers… Ce registre exploite toute l’habileté de la tromperie.
  • On peut lui adjoindre une variante satirique dans laquelle priment la caricature et l’agressivité des ridicules dont on espère la vertu correctrice. L’ironie est une forme subtile de la verve comique par subversion des clichés ou des codes sociaux.

Registre oratoire

  • Définition : expression qui cherche à persuader le lecteur, les procédés relèvent de l’enthousiasme ou de l’indignation. Recherche du consensus autour de valeurs admises par le groupe.
  • Indices : emploi massif du je/nous/vous, interrogations et apostrophes, questions oratoires, anaphores, images contrastées, impératif, phrases amples, présence d’antithèses…
  • On lui rattache la variante polémique caractérisée par la violence des attaques, le dénigrement, le rejet…

Testez vos connaissances sur les registres littéraires !

 

Identifier le genre littéraire

Les genres du récit

Racontant les aventures d’un ou plusieurs personnages, ce type de texte va du récit court (fable, nouvelle) à l’œuvre développée (roman).
Ce texte peut rechercher le merveilleux (conte) ou la vraisemblance (nouvelle ou roman).
À partir du XVIIe siècle, le roman se définit comme une fiction en prose, rapportant non seulement les aventures d’un ou de plusieurs personnages mais encore leur évolution psychologique.
À partir de la fin du XVIIIe siècle, le roman devient une forme commode pour accueillir toutes sortes de récits et de projets qui peuvent s’éloigner de la simple relation d’aventures.
Exemples : fable, nouvelle, roman, conte, biographie, autobiographie…

Le théâtre

Le texte théâtral est d’abord un texte composé de deux types d’énonciation bien distincts : d’une part les dialogues entre les personnages, d’autre part les indications scéniques (didascalies) qui précisent le lieu, l’époque, les protagonistes, leurs réactions au cours du déroulement de l’action. Le texte théâtral est en outre régi par la double ou triple énonciation.
Ce texte étant destiné à la représentation, il obéit à des conventions scéniques : espace défini et délimité, jeu des acteurs, éclairages, découpage, décors, présence d’un public qui peut être sollicité…
Exemples : comédie, farce, tragédie, comédie larmoyante, tragi-comédie, drame bourgeois, drame romantique, saynète, mystère (au Moyen Âge, genre théâtral qui mettait en scène des sujets religieux. (Le Petit Robert)), proverbe, vaudeville…

La poésie

Longtemps assimilée à la versification, la poésie est, depuis le milieu du XIXe siècle, considérée comme un travail sur le langage, la recherche d’une production esthétique. Le texte poétique se définit d’abord comme une musique. Il joue donc avec les rythmes, les sons, le retour codifié d’un certain nombre d’éléments.
Le travail sur le sens joue des ressources inattendues du langage. Cette langue est caractérisée par la concentration d’effets. Polysémie, rapprochements inattendus, associations d’idées, figures d’image contribuent à susciter chez le lecteur une émotion et un plaisir particuliers.
Exemples : toutes les formes codifiées (sonnet, rondeau, pantoum, lai, virelai, ballade…), chanson, calligramme, devise, poème en prose, verset, vers libre, litanie, blason…

Pour en savoir plus :

Les genres littéraires »

Le texte étant caractérisé, il est temps désormais de l’analyser.

Vous trouverez une méthode ici : Méthode du commentaire composé »


Notes

1 Embrayeurs : ce sont les mots qui renvoient à la situation d’énonciation, comme les pronoms « je » et « tu » (ou « nous » et « vous ») qui désignent l’émetteur et le récepteur de l’énoncé, les adjectifs démonstratifs et possessifs, les adverbes de lieu (« ici » et « là »), les adverbes de temps (« maintenant », « aujourd’hui » ou « hier »)…
2 Cette fonction se surajoute aux autres dans les textes travaillés si bien qu’on peut la retrouver dans tous les types de textes littéraires.
3 Indices d’opinion, de jugement (verbes, adverbes, locution indiquant le degré de certitude), les marques affectives (termes impliquant une émotion ou un sentiment) et les termes évaluatifs (vocabulaire valorisant/dévalorisant, comparatif/superlatif…) qui marquent, de manière plus ou moins affirmée, la prise en charge d’un énoncé par celui qui le produit.

Voir aussi :

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