Ancien français
ESPLOITIER
Étymologie
Ce verbe est issu du latin populaire *explicitare, « accomplir », puis « travailler, faire valoir ». Ce verbe a été refait en 1560 en exploiter, plus proche de l’étymon.
Ancienne langue
- Ce verbe a d’abord le sens étymologique d’« accomplir, exécuter », « achever (le labeur du jour) ».
- Lorsqu’il est intransitif, il a également le sens d’« agir, se comporter ».
- En emploi pronominal (s’esploitier), il a le sens de « s’empresser, se hâter ». Il peut également, en construction absolue, signifier « agir avec ardeur, avec énergie », d’où « faire un exploit », « faire des prouesses ».
- Dans l’ancienne langue il pouvait aussi, dans un contexte juridique, avoir le sens de « saisir ».
- Enfin, c’est au XIIIe siècle que l’on trouve la première attestation de ce verbe avec son sens moderne : « faire valoir (une chose) », « tirer parti (de quelque chose) », notamment en parlant d’une entreprise agricole, industrielle ou commerciale.
Évolution jusqu’au français moderne
- Le français moderne conserve le dernier sens de l’ancienne langue (cf. ci-dessus), d’où le dérivé d’exploitant agricole.
- C’est au XVIIIe siècle que ce verbe prend le sens abstrait d’« utiliser d’une manière avantageuse », « amener à produire de meilleurs résultats » (en parlant de talents, d’une idée, etc.) C’est de là que vient la connotation péjorative de ce verbe en emploi transitif : « se servir (de quelqu’un) en n’ayant en vue que le profit sans considération des moyens », et spécialement au XIXe siècle « abuser des ouvriers », sens largement diffusé par les théories marxistes et soutenu par le dérivé exploitation.