Ancien français
CORTOIS
Étymologie
Cet adjectif est un dérivé de l’ancien français cort (« lieu où résidaient le souverain et son entourage »). La forme initiale de cet adjectif (dans la Chanson de Roland) était curteis, puis au XIIe siècle corteis. Au XIIIe siècle, cet adjectif a été refait, conformément à la graphie court du substantif, en courtois.
Ancienne langue
Les acceptions initiales de ce mot sont liées, au XIIe siècle, à la naissance d’un idéal de vie fondé non plus sur les valeurs guerrières du XIe siècle, mais sur le raffinement des mœurs et de la sensibilité.
- Cet adjectif a d’abord une acception sociale, puisqu’il sert à qualifier ce qui concerne la cour et ses usages. Il a alors le plus souvent le sens de « noble ». Son antonyme est l’adjectif vilain.
- Il prend ensuite un sens moral, qualifiant ainsi un individu « dont le raffinement moral le rend digne de la cour ». Il signifie d’abord « qui agit conformément à l’idéal de la vie noble », et, en ce sens, il est souvent couplé avec l’adjectif preu. Cette acception s’affaiblit ensuite en : « de bon ton, de bonnes manières ».
- Au XIIIe siècle, la société courtoise s’effrite de même que les genres littéraires qui en étaient issus. Néanmoins, ces acceptions initiales se trouvent dans les textes jusqu’à la fin du Moyen Âge.
Évolution jusqu’au français moderne
- À partir du XVIe siècle, cet adjectif se spécialise et renvoie désormais aux bonnes manières de quelqu’un, à sa parfaite correction.
- Par ailleurs, ce mot a été repris par la critique littéraire de la fin du XIXe siècle dans les expressions amour courtois et littérature courtoise ou encore poésie courtoise. Ces expressions, employées pour la première fois par Gaston Paris en 1880, ont été créées a posteriori pour désigner l’idéal social et la littérature lyrique des troubadours et des trouvères, qui se sont développés dans la France du XIIe siècle.