Ancien français
MESTIER
Étymologie
Ce mot (d’abord menestier, puis mistier et mestier) est le doublet populaire de ministère. Il est issu du latin ministerium, « fonction de serviteur, service, fonction ». Spécialement pris au sens de « service divin » à l’époque classique, il a désigné le « service de Dieu » et le « ministère » de ce service à l’époque chrétienne. Un croisement probable avec le latin mysterium a dû aboutir à une forme tardive *misterium, favorisée par la proximité sémantique des deux mots en latin chrétien (mysterium signifiait en effet « rite, célébration, saints mystères, messe »).
Ancienne langue
- Le mot désigne d’abord le « service de Dieu », le « service du culte », puis l’« ensemble des pratiques religieuses », la « célébration des cérémonies du culte ».
- Ce nom peut aussi avoir une acception plus générale : celle de « fonction, service ». Ce mot peut être péjoratif (à la fin du XIIe siècle), en particulier dans l’expression femme de mestier (« prostituée »). Par ailleurs, ce nom se spécialise au XIIIe siècle et désigne alors une « occupation manuelle ou technique nécessitant du savoir-faire ». De ce sens dérive à la fin du XIIIe siècle l’acception de « savoir-faire résultant de l’expérience, d’une pratique habituelle ». À la fin du Moyen Âge, l’expression gens de mestier désignait ainsi les « artisans » ou les « ouvriers ».
- Dans l’ancienne langue, ce substantif a aussi le sens de « besoin, utilité », d’où les locutions avoir mestier et il est mestier (« il faut »).
- Ce nom appartient en outre au vocabulaire technique, puisqu’il a parfois le sens de « machine servant à la fabrication des textiles » ou « cadre rigide sur lequel est tendu l’ouvrage d’une dame » (fin XIIe siècle).
Évolution jusqu’au français moderne
- Le sens qui figure en tête des articles de dictionnaires depuis la fin du XVIIe siècle est celui de « fonction », de « profession que l’on choisit ».
- Le dictionnaire de Furetière glose également ce mot par « machine qui sert à la fabrication de la bonnetterie ».
- Enfin, ce substantif apparaît dans des locutions comme mettre une chose sur le métier (« entreprendre quelque chose »).