Ancien français
SERGANT, SERJANT
Étymologie
Le mot serjant, qui avait avant le XIIIe siècle la forme sergant, est issu du latin juridique de l’époque carolingienne servientem, qui désignait alors un « homme au service d’un seigneur ».
Ancienne langue
- Le sens le plus fréquent de ce mot en ancien français est celui de « serviteur employé par un seigneur avec un rang supérieur à celui du valet ». Au départ, ce nom désigne plus précisément un « officier, délégué du seigneur, qui administre ses domaines, un officier de justice chargé des saisies, des poursuites ». Par la suite, le plus souvent, ce nom s’inscrit dans une locution qui précise la nature des fonctions exercées. Ainsi, un sergent d’armes est un « officier qui accompagne le roi et sert dans les cérémonies », un sergent champêtre représente son maître dans ses domaines, etc. Par ailleurs, dès le XIIe siècle, on trouve le substantif féminin correspondant : sergante. Le serjant pouvait également désigner dans la langue ancienne un « serf attaché à la maison comme serviteur » dans l’expression serf serjant. Par contagion de sens au sein de cette expression, le mot serjant a pu être employé au XIVe siècle avec le sens de « serf ». Du XIIIe siècle au XVIe siècle, le mot s’est appliqué dans l’expression serjant de l’Église à un « bedeau » [« Employé laïque chargé d’une manière générale de maintenir le bon ordre dans une église pendant l’office, et plus particulièrement de précéder le clergé dans les processions ou les quêteurs pour leur ouvrir le passage parmi les fidèles. » (Source : TLFi)].
- Dès le XIIe siècle, ce nom possède parallèlement un sens militaire puisqu’il désigne un « homme de troupe à pied qui sert d’aide ».
Évolution jusqu’au français moderne
- Le sens de « serviteur spécialisé » perdure jusqu’à l’époque classique dans l’expression sergent de querelle : « serviteur qui assiste aux duels » (1690). Au XVIIe siècle, le sergent peut également être un « huissier », un « homme chargé des poursuites judiciaires ».
- L’institution des sergents de ville, créée au XIXe siècle, a été remplacée officiellement à Paris en 1870 par celle des gardiens de la paix. Néanmoins, l’expression a perduré un certain temps dans la langue familière.
- Dans la langue contemporaine, seule l’acception militaire du mot sergent a survécu. Après avoir désigné un « homme de guerre subalterne », l’expression de sergent d’armes s’est appliquée au XVIe siècle à des officiers de rang élevé. Désormais, le mot sergent renvoie au premier grade de la hiérarchie des sous-officiers dans l’infanterie et l’armée de l’air.