Bac français 2008, séries technologiques
Corrigé des questions
Objet d’étude : le roman et ses personnages : visions de l’homme et du monde
1. Le titre, Illusions perdues, choisi par Balzac pourrait-il convenir pour l’ensemble des textes proposés ? Justifiez votre réponse.
Les quatre textes proposés dans le corpus rapportent chacun une forme de déception plus ou moins profonde. Le titre choisi par Balzac pour l’œuvre dont est tiré le premier texte, à savoir Illusions perdues, pourrait donc convenir à l’ensemble des extraits avec des nuances toutefois.
Dans le premier texte, Lucien qui découvre à Paris tout ce que la mode peut apporter comme séduction supplémentaire aux jolies femmes trouve sa maîtresse très provinciale et de ce fait moins aimable. Face à lui, Mme de Bargeton, qui le trouve rustre, parcourt le même chemin. Les deux amants déçus l’un par l’autre sont en train de se séparer.
Dans le deuxième texte, Bouvard et Pécuchet sont conditionnés par leurs échecs successifs au point de renoncer à toute entreprise et de sombrer dans « l’ennui ». Leur beau rêve d’établissement comme petits propriétaires en Normandie s’est évanoui.
L’extrait de Là-bas rapporte une crise que Durtal vit dans sa liaison avec Mme Chantelouve et dont nous ne connaissons pas l’origine : sa maîtresse, lui paraît froide et distante, ce qui l’éloigne d’elle. S’il est surpris et dérangé, il ne paraît pas encore lassé de sa conquête.
Jeanne, l’héroïne d’Une Vie, a connu de nombreuses déceptions dans sa vie sentimentale et son mariage, ne croyant plus à la possibilité d’un bonheur pour elle. Dans cette fin de roman, au cours d’une belle soirée de printemps, au contact de sa petite fille qui attend l’affection dont elle a été sevrée, Jeanne reprend espoir, ce qui est souligné par la déclaration pleine de bon sens de la servante Rosalie : « La vie, voyez-vous, ça n’est jamais si bon ni si mauvais qu’on croit. »
Les personnages des premier et deuxième textes s’enfoncent dans la déception, tandis que ceux du quatrième s’apprêtent à y entrer, mais ceux du troisième, après avoir connu l’épreuve, en sortent sous nos yeux. Les quatre textes se réfèrent donc au thème de la désillusion, mais à des moments différents du processus.
2. Quels sentiments les personnages éprouvent-ils en regardant ce qui les entoure dans les différents textes du corpus ?
Les sentiments se rattachent à quatre grandes familles : joie, tristesse, peur et colère.
Dans le premier texte, Lucien éprouve un secret « déplaisir » que nous pourrions traduire par la déception, entre tristesse de devoir renoncer à un rêve et colère d’avoir été floué. Bouvard et Pécuchet sombrent dans « l’ennui de la campagne », variante de la tristesse, par « solitude » et « désœuvrement ». Jeanne, au contraire, vit un débordement de tendresse pour sa petite-fille, sentiment qui appartient à la famille de la joie. Enfin Durtal ressent à la fois de la déception, de la famille de la tristesse, devant une maîtresse moins attirante, et un début de colère devant son silence et son éloignement, traduit par le terme « ennuyé ».
Voir aussi :
- EAF 2008 : sujet des séries technologiques
- Lire aussi le corrigé de la dissertation (« Pensez-vous qu’un roman doit ouvrir les yeux du lecteur sur la vie ou bien au contraire permettre d’échapper à la réalité ? »)
- Le bac de français