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Bac technologique 2021 : contraction de texte (texte de Héloïse Lhérété)

Bac de français 2021

Baccalauréat technologique

Corrigé de la contraction de texte

B – Jean de La Fontaine, Fables, livres VII à IX. Parcours : Imagination et pensée au XVIIe siècle.

Texte d’Éloïse Lhérété, « Les livres ont du pouvoir », Sciences humaines, no 321, janvier 2020.

Contraction de texte

Vous résumerez ce texte en 189 mots. Une tolérance de +/- 10% est admise : votre travail comptera au moins 170 mots et au plus 208 mots.
Vous placerez un repère dans votre travail tous les 50 mots et indiquerez, à la fin de votre contraction, le nombre total de mots utilisés.

Qu’est-ce qu’un livre qui compte dans une vie ? C’est un livre qui résonne et qui nous fait vibrer. Il excite notre pensée, notre sensibilité et notre imagination, comme la vibration d’une corde de violon fait résonner son « âme », cette pièce de lutherie placée au cœur de l’instrument. Il dessille1 notre regard, intensifie nos émotions, révèle des passions sourdes, attise un feu de souvenirs personnels, nous fait rire, nous console, nous soigne, nous inspire, nous convainc, nous embarque, nous nourrit, amplifie notre vie. Par sa puissance, il laisse une empreinte. « Peu de livres changent une vie, souligne le romancier Christian Bobin. Et quand ils la changent, c’est pour toujours. » […]
Pourquoi certains livres nous parlent-ils autant, au point de nous changer ? Une réponse tient à l’espace-temps qu’ils instaurent. L’expérience littéraire autorise l’exercice de la réflexivité. Dans nos vies denses et hyper connectées, elle ouvre un théâtre en marge du monde, à l’écart de son tumulte et de ses influences, où l’on peut enfin « être à soi » : rêver, penser, se poser des questions, tirer des fils, tisser des liens. Proust évoque finement « le miracle fécond d’une communication au sein de la solitude ». Par le détour d’un texte, dont je ne retiens d’ailleurs qu’une partie qui me convient, je suis renvoyé à moi ; à travers les mots d’un autre, je discute avec moi-même, fabrique des associations d’idées, trame des histoires. Là où l’écran d’ordinateur barre l’horizon, le livre incite à voir plus loin : « Ne vous est-il jamais arrivé, lisant un livre, de vous arrêter sans cesse dans votre lecture, non par désintérêt, mais au contraire par afflux d’idées, d’associations ? En un mot, ne vous est-il pas arrivé de lire en levant la tête ? », interroge Roland Barthes.
Du philosophe Sénèque jusqu’au neuropsychiatre Boris Cyrulnik, nombreux sont les penseurs à avoir conçu la lecture comme un tremplin vers la vie spirituelle. Méditation, rêverie, voyage mental… Les bons livres nous transportent, dans tous les sens du terme. Boris Cyrulnik témoigne ainsi du rôle que tinrent les romans pendant son enfance fracassée par la perte de ses parents et la maltraitance des institutions : ils furent ses « porte-rêves », confie-t-il. Aiguillonné2 par eux, le petit garçon put s’inventer un monde de beauté et d’affectivité, protecteur et doux. […]
La littérature nous ouvre donc aux autres, tout en nous incitant à un retour à soi. Introduisant en nous de l’ailleurs et de l’altérité, elle nous relie à la longue chaîne des destinées humaines. Lisant, j’investis tour à tour l’existence d’un commissaire de police, d’un amoureux transi, d’un prisonnier, d’une reine, d’une malade ou d’un orphelin. M’identifiant aux personnages, je profère mentalement leur discours, reprenant à mon compte leur phrasé et leurs idées. Je simule leurs aventures, je vibre à leur contact. […]
Selon Marielle Macé, auteure de Façons de lire, manières d’être, cette projection mentale explique l’effet puissant de certains récits littéraires. Lisant une histoire, nous sommes amenés à interroger notre style de vie. Qui voulons-nous être ? Quelle place pouvons-nous tenir dans ce monde ? À ces questions, nous apportons des réponse différentes selon les âges et les circonstances de la vie. Dans la solitude de nos lectures, nous voyons surgir des modèles — ou des contre-modèles — pour travailler notre identité et conduire notre existence. « Avec les livres, ce sont d’autres hommes qui nous offrent le moyen d’être homme, c’est-à-dire soi-même, véritablement, dans la communauté partagée », souligne l’historienne Danielle Sallenave.
Le pouvoir du livre est aujourd’hui paré de toutes les vertus. On loue la lecture, on l’encourage, on lui consacre des fêtes et des salons, on en plébiscite les bienfaits sur les enfants. Il n’en a pas toujours été ainsi. La fiction littéraire a parfois été soupçonnée d’amollir le corps, de pervertir les esprits, de dépraver les mœurs, de dérégler les cœurs. Tout pouvoir est ambivalent. […] On peut s’enfermer dans la lecture sans parvenir à s’en nourrir, tout comme on peut détester lire et bien vivre malgré tout.
Qu’est-ce qu’un livre qui compte ? C’est celui qui essaime3 dans notre âme et notre vie, répond Edgar Morin dans son dernier livre, Les Souvenirs viennent à ma rencontre (2019). S’immisçant entre l’existence réelle et la vie intérieure, les livres germinent et nous grandissent.

756 mots

Notes

1 Dessille : ouvre les yeux.
2 Aiguillonné : stimulé.
3 Essaime : se diffuse.

Proposition de corrigé (rédigée par Jean-Luc)

Analyse préalable selon la méthode du tableau à trois colonnes

Idées Générales

Idées Principales

Idées Secondaires

Qu’est-ce qu’un livre marquant ?

  

À quels signes le reconnaître ?

Il ouvre notre esprit.

 
 

Il nous procure d’intenses émotions.

Il nous fait vibrer comme un violon.

 

Il réveille des souvenirs.

 
 

Il nous permet de vivre plus intensément.

Mais ces livres sont peu nombreux.

Les raisons de cette affinité secrète

 

qui peut nous changer

 

Il permet le retour sur soi

loin du bruit et des contraintes qui nous absorbent,

  

grâce aux mots d’un auteur,

  

alors que les images sur l’écran d’ordinateur nous enferment dans la réalité.

 

Il permet de réfléchir

au point que parfois nous interrompons notre lecture.

 

Il nous ouvre à la spiritualité

Ce qu’affirment nombre de philosophes de Sénèque à Cyrulnik.

 

Il façonne notre imaginaire et corrige la dureté du réel.

Cyrulnik a pu surmonter la perte de ses parents et la dureté du système éducatif.

 

Il permet aussi l’ouverture aux autres

grâce à la variété des personnages littéraires rencontrés

 

si nous nous identifions à eux.

 
 

La littérature nous offre des exemples à suivre ou à refuser pour orienter notre existence.

 
 

L’extraordinaire pouvoir de la littérature est reconnu aujourd’hui

alors qu’autrefois on a pu la juger dangereuse pour l’intelligence, l’affectivité ou la morale.

 

Attention cependant à ne pas la consommer superficiellement.

 

conclusion

 

Le livre est une passerelle entre réalité et monde intérieur.

 

Le bon livre nous humanise.

 

Rédaction du résumé

Le texte de Mme Lhérété essaie de définir ce qu’est un livre marquant.
On reconnaît ces ouvrages à ce qu’ils nous ouvrent l’esprit, nous procurent d’intenses émotions, réveillent des souvenirs et nous permettent de vivre plus intensément. Mais ils sont peu nombreux.
Cette affinité secrète, qui peut nous changer, tient (50 mots) à ce que ce type de livre favorise le retour sur soi loin du bruit et des contraintes qui nous absorbent, grâce aux mots d’un auteur. Il permet de réfléchir à l’essentiel. Il nous ouvre aussi à la spiritualité. Il peut façonner notre imaginaire et corriger la dureté du réel. (100 mots)
Il ouvre également aux autres grâce à la variété des personnages littéraires rencontrés à condition de nous identifier à eux. La littérature nous offre des exemples à suivre ou à refuser pour orienter notre existence.
Si l’extraordinaire pouvoir de la littérature est reconnu aujourd’hui alors qu’autrefois on a pu la (150 mots) juger dangereuse pour l’intelligence, l’affectivité ou la morale, attention cependant à ne pas la consommer superficiellement afin que le bon livre continue à nous humaniser. (175 mots)

Voir aussi :