Aller au contenu

Bac technologique 2023 : contraction de texte (Anne-Marie Lecoq)

Bac de français 2023

Baccalauréat technologique

Corrigé de la contraction de texte

B – La Bruyère, Les Caractères, livre XI « De l’Homme ». Parcours : peindre les Hommes, examiner la nature humaine.

Texte d’après Anne-Marie Lecoq, article « Physiognomonie », Encyclopædia Universalis.

Contraction de texte

Vous résumerez ce texte en 189 mots. Une tolérance de +/- 10 % est admise : votre travail comptera au moins 170 mots et au plus 208 mots.
Vous placerez un repère dans votre travail tous les 50 mots et indiquerez, à la fin de votre contraction, le nombre total de mots utilisés.

La physiognomonie se proposait autrefois de lire à coup sûr, dans les traits permanents du visage et du corps, les dispositions naturelles, les mœurs, le caractère. Elle se présentait comme « l’art de connaître les hommes » et notamment de percer à jour les méchants en dépit de leur dissimulation. Elle intéressait donc, outre tout un chacun, les ancêtres du psychologue, le philosophe et le médecin.
L’évolution des connaissances dans les domaines de l’anatomie, de la physiologie, du psychisme a peu à peu ruiné ses appuis scientifiques. Cela ne l’empêche pourtant pas de survivre et souvent sous sa forme la plus inquiétante : le racisme n’a pas manqué d’y avoir recours. On la retrouve dans des magazines féminins par exemple qui, dans la lignée du sâr Péladan, auteur d’un Art de choisir sa femme d’après la physionomie, fournissent des conseils pour reconnaître, d’après la bouche ou les sourcils, le ou la partenaire à rechercher ou à éviter. Plus sérieusement, elle reste utilisée, sous le nom de « morphopsychologie », avec d’autres références et un vocabulaire modernisé, dans les pratiques de recrutement et elle est enseignée dans des écoles de commerce où l’on veut apprendre à mieux « cerner » le client potentiel. La physiognomonie fait partie intégrante de l’histoire des idées et a joué un rôle important dans la création littéraire et artistique.
Le premier peintre de Louis XIV s’est intéressé à la physiognomonie traditionnelle, sur laquelle il donna une conférence devant l’Académie royale de peinture et sculpture en 1671. Le Brun cherchait à la fois à repérer les traits distinctifs opposant la face humaine au faciès animal (il pensera les trouver dans l’inclinaison des yeux, la direction du regard et le froncement du sourcil) et le moyen de mesurer le degré d’animalité (ou au contraire d’humanité, c’est-à-dire d’« élévation d’esprit ») des visages humains. Selon lui, les mêmes indices permettaient de reconnaitre, chez les animaux d’abord et ensuite chez les hommes, cruauté, voracité, force, audace, intelligence, ruse, et leurs contraires. Ses travaux sur l’expression connurent un succès immédiat. Au XVIIe siècle en effet, une nouvelle branche de l’« art de connaître les hommes » se constitue à côté de la physiognomonie traditionnelle : l’étude des « passions de l’âme » et de la manière dont elles modifient le visage (pathognomonie). À l’époque des Lumières, la physiognomonie traditionnelle devient suspecte. On ne croit plus à l’existence de règles sûres pour connaître les hommes du premier coup d’œil : les traits de physionomie sont mêlés et confus, la contradiction est même possible entre l’être intime et l’apparence. En revanche, on estime que la pathognomonie, qui étudie les signes des passions, est une science authentique et légitime. On reprend les expressions de Le Brun, on s’intéresse au jeu des acteurs.
La fin du XVIIIe siècle voit la résurgence de la physiognomonie. L’ouvrage de Lavater, Essai sur la physiognomonie, est tout entier fondé sur une conviction religieuse : Dieu connaît le cœur et l’âme des hommes. En cela, l’homme doit imiter le Créateur et donc s’efforcer de connaître les autres hommes, en utilisant le moyen suprême de toute connaissance : les sens. Lavater postule en effet l’harmonie entre la beauté morale et la beauté physique. La vertu embellit, le vice enlaidit. Les signes les plus importants apparaissent sur le visage. Les traits mobiles, les parties molles de la face, révèlent la vie morale. Au repos, ils permettent de lire la sensibilité, l’irritabilité, les passions habituelles ; en mouvement, les affects1 passagers. Les parties solides de la tête et surtout le front renseignent sur la vie spirituelle et intellectuelle. C’est à elle que s’intéresse en premier lieu Lavater, et c’est pourquoi il attache une grande importance à la silhouette. On peut devenir un bon physiognomoniste par les œuvres : observer sans relâche, dessiner, mesurer, comparer, collectionner les crânes des hommes célèbres. L’ouvrage de Lavater suscita de violentes critiques. Georg Christoph Lichtenberg, professeur de physique à Göttingen, mais aussi homme de lettres et satiriste, persuadé de la dysharmonie entre le corps et l’âme et de l’ambiguïté profonde d’un « moi à double face », répliqua : « Cet être inintelligible2 que nous sommes nous-mêmes et qui nous paraîtrait bien plus inintelligible encore si nous pouvions nous en approcher davantage, il ne faut pas vouloir le trouver sur un front ». Selon lui, le meilleur moyen de connaître les hommes est de les voir à l’œuvre.

754 mots

Notes

1 Affects : émotions.
2 Inintelligible : incompréhensible.

Proposition de corrigé (rédigée par Jean-Luc)

Analyse préalable selon la méthode du tableau à trois colonnes

Idées Générales

Idées Principales

Idées Secondaires

la physiognomonie discréditée par la science, mais très utilisée par les artistes

  
 

La physiognomonie voulait, à partir des caractéristiques du visage et du corps, déterminer le caractère, les prédispositions naturelles et morales d’une personne

Elle prétendait démasquer les criminels.

  

Elle concernait donc les ancêtres du psychologue, les philosophes et les médecins.

 

Elle a perdu son crédit scientifique avec les progrès en anatomie, physiologie et psychologie.

 
 

Mais elle a subsisté sous des formes dangereuses, en particulier dans le racisme.

On la retrouve dans des magazines féminins qui, par les seuls critères physiques, déterminent le choix du partenaire.

 

On s’en sert aujourd’hui sous le nom de « morphopsychologie » lors des entretiens d’embauche et dans les écoles de commerce pour cibler les prospects.

 
 

Elle a surtout influencé les lettres et les arts

 
 

Au XVIIe siècle, Charles Le Brun, peintre de Louis XIV, a cherché à différencier les visages humains des faces animales.

dans l’inclinaison des yeux, la direction du regard et le froncement du sourcil

  

Il cherche les signes physiques de cruauté, voracité, force, audace, intelligence, ruse, et de leurs contraires

 

Il a connu la réussite dans ses études sur l’expression émotionnelle

 
 

parce qu’au même moment, se développe la pathognomonie, ou étude des « passions de l’âme »

 
 

Le XVIIIe siècle a douté de la physiognomonie,

en raison de ses risques d’erreur,

 

mais a continué à s’intéresser à la pathognomonie.

 
  

À la fin de ce siècle,

 

la physiognomonie a regagné de l’intérêt avec l’essai de Lavater,

qui affirme que l’homme doit, comme Dieu, connaître ses semblables.

  

Mais pour lui, seulement depuis l’extérieur.

 

Lavater croyait en la correspondance entre vie intérieure et aspect physique,

Particulièrement dans les traits du visage : la vertu les pare, le vice les alourdit.

 

L’auteur invite à observer, interpréter, classer.

 
 

Mais il a été aussi violemment critiqué par Lichtenberg,

qui réfutait cette harmonie entre le corps et l’âme

  

et voulait considérer seulement les agissements.

Rédaction du résumé

La physiognomonie voulait, à partir des caractéristiques du visage et du corps, déterminer la personnalité, les prédispositions naturelles et morales d’une personne.
Elle a perdu son crédit scientifique avec les progrès en anatomie, physiologie et psychologie. Mais elle a subsisté dangereusement, en particulier dans le racisme. On s’en sert aujourd’hui (50 mots) sous le nom de « morphopsychologie » lors des entretiens d’embauche et, dans les écoles de commerce, pour cibler les prospects. Elle a surtout influencer les lettres et les arts.
Au XVIIe siècle, Charles Le Brun, peintre de Louis XIV, a cherché à différencier les faces humaines et animales. Il (100 mots) a connu la réussite dans ses études sur l’expression émotionnelle parce qu’au même moment, se développe la pathognomonie, ou étude des « passions de l’âme ». Le XVIIIe siècle a douté de la physiognomonie en raison de ses risques d’erreur, mais a continué à s’intéresser à la pathognomonie.
À la (150 mots) fin du siècle, la physiognomonie a regagné de l’intérêt avec l’essai de Lavater. L’auteur croyait en la correspondance entre vie intérieure et aspect physique, particulièrement dans les traits du visage. Il invite donc à observer, interpréter, classer. Mais il a été aussi violemment critiqué par Lichtenberg, qui réfutait cette harmonie (200 mots) et voulait considérer seulement les agissements. (206 mots)

Voir aussi :