Sujets et corrigés du bac français 2024
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Baccalauréat technologique
Sujet du bac technologique :
Sujet A – Contraction de texte
L’arrivée de ChatGPT bouleverse le monde de l’éducation
ChatGPT, un outil d’intelligence artificielle facile d’accès qui peut répondre à toute question de façon convenable, remet en cause les pratiques d’évaluation traditionnelles. L’élève n’a-t-il pas triché ? Certains établissements ont bloqué l’accès à ChatGPT. Décision contestable pour Sobhi Tawil : s’il faut que les élèves s’approprient les outils numériques (50 mots) est-il raisonnable de leur en interdire l’accès ? D’autres professeurs ont choisi les interrogations orales, le travail en équipe et les rédactions manuscrites surveillées.
Pour Sobhi Tawil, cette révolution permet de repenser les buts de l’éducation. Faut-il évaluer la restitution de connaissances ou la capacité à se les approprier ? (100 mots)
L’accès à l’IA pourrait encourager les élèves à cultiver de nouvelles compétences comme la collaboration et la créativité.
Serge Tisseron recommande le débat et le tutorat entre étudiants pour perfectionner les apprentissages. Or l’IA s’intéresse depuis longtemps à l’éducation, avec des outils de tutorat aujourd’hui très efficaces et banalisés.
Dans (150 mots) le futur, des assistants intelligents pourraient nous accompagner toute notre vie, dans nos apprentissages, mais les spécialistes recommandent de ne pas oublier les fonctions collectives et intégrantes de l’éducation.
Guillaume Leboucher souligne l’urgence d’enseigner, dès l’enfance ; les bases de l’intelligence artificielle pour permettre de comprendre ses implications sociétales, car nous vivons (200 mots) une révolution anthropologique qui invite à réfléchir à ce qu’il faut savoir aujourd’hui.
(214 mots)
Sujet A – Essai
Une bonne éducation peut-elle se passer d’« emmagasiner des connaissances » ?
Vous développerez de manière organisée votre réponse à cette question en prenant appui sur Gargantua de Rabelais, sur le texte de l’exercice de la contraction et sur ceux que vous avez étudiés dans le cadre de l’objet d’étude « la littérature d’idées du XVIe au XVIIIe siècle ». Vous pourrez aussi faire appel à vos lectures et à votre culture personnelle.
Introduction :
Le volume des connaissances mises à disposition de l’homme s’accroît de manière exponentielle. IBM estime qu’il double actuellement toutes les douze heures. Comment maîtriser ce torrent d’informations afin que nous puissions comprendre notre environnement et agir sur lui ? C’est un défi permanent pour tous les éducateurs.
Dans ces conditions, une bonne éducation peut-elle se passer d’« emmagasiner des connaissances » ?
Précisons tout de suite que l’éducation ne saurait se résumer au savoir ni se confondre avec l’enseignement. Elle est un long processus qui doit permettre à un jeune individu d’épanouir ses potentialités intellectuelles, affectives et sociales afin qu’il s’intègre harmonieusement dans le groupe auquel il appartient. L’éducation doit le rendre autonome et responsable. Elle est assurée d’abord par les parents et la famille, puis par les organismes dont ils solliciteront l’aide : école, clubs, associations culturelles et religieuses… L’école, dans notre société, y joue un rôle prédominant par la diffusion de connaissances essentielles et l’intégration sociale. Elle reste cependant, dans sa fonction première d’enseignement, un auxiliaire dans la transmission plus large d’un patrimoine humain. On comprend donc très vite qu’une bonne éducation implique des méthodes d’enseignement adaptées.
Pour revenir à notre sujet, si l’on ne peut envisager la perspective de se passer de connaissances, il n’en reste pas moins que les accumuler n’est jamais la solution.
Développement
1. Il est impossible de se passer de connaissances
Un esprit vierge qui se formerait tout seul par usage de la raison est un mythe. Voltaire l’a tenté dans son roman L’Ingénu, mais a finalement reconnu son impossibilité et mis son Huron à l’école du bon Gordon.
A. L’importance des connaissances fondamentales :
En effet, les connaissances fondamentales telles que la lecture, l’écriture, les mathématiques et les sciences sont essentielles pour comprendre le monde qui nous entoure. L’analphabétisme disqualifie socialement et culturellement. L’UNICEF reconnaît l’éducation comme « un droit fondamental qui représente les espoirs, les rêves et les aspirations de millions d’enfants et de familles partout dans le monde. C’est le moyen le plus fiable pour permettre aux enfants de développer leur plein potentiel, de sortir de la pauvreté et de se construire de meilleures chances d’avenir. »1
De même, il est aujourd’hui indispensable d’apprendre la maîtrise des outils informatiques qui ont envahi notre vie quotidienne et professionnelle, d’autant plus que l’irruption de l’Intelligence Artificielle (IA) vient accélérer le phénomène, au point que certains y voient « une quatrième révolution industrielle ».
B. Le rôle de la culture générale :
Ces connaissances fondamentales donnent accès à la culture générale qui permet de comprendre les références culturelles, historiques, sociales, et de développer une pensée critique.
Par exemple, les dernières élections législatives ont montré combien il était indispensable de connaître l’histoire, tant le discours politique était rempli d’allusions et de références. Au delà des slogans manipulateurs, l’accès à la culture était nécessaire pour exercer son esprit critique afin de poser un vote réfléchi.
De même, dans L’Ingénu de Voltaire, le « bon sauvage », grâce à sa lecture de l’histoire du règne de Louis XIV, peut comprendre l’erreur monumentale de la révocation de l’Édit de Nantes. Au cours de son voyage de Bretagne à Paris, il découvre le spectacle d’une ville jadis brillante et alors désolée : Saumur, que la persécution exercée à l’encontre des protestants a quasiment ruinée et dépeuplée. L’exil des huguenots, à la suite des dragonnades, a conduit de fidèles sujets à devenir des ennemis de leur patrie.
C. L’expérience a ses limites :
Se contenter de l’apprentissage par l’expérience est souvent une impasse. En effet, la réalité offre rarement les conditions opportunes et les ressources nécessaires. Dans bien des domaines de spécialité comme la médecine ou l’ingénierie, l’enseignement théorique est indispensable. L’informatique et l’IA n’auraient jamais vu le jour sans l’étude de l’algorithmique, de la structuration des bases de données, de la théorie de la computation, des langages formels et de leur compilation, de l’architecture des ordinateurs pour imiter les réseaux neuronaux humains…
2. Cependant, si une bonne éducation ne peut se passer de connaissances préalables, elle doit aussi savoir prendre du recul à leur égard.
A. Les limites de l’entassement des connaissances :
D’abord, il faut reconnaître que l’entassement des connaissances est inutile, voire nuisible. Le savoir doit déboucher sur des opérations efficaces et pertinentes. Un esprit organisé apprend à trier les informations, à éliminer les doublons et le hors-sujet, puis à interpréter, synthétiser et structurer le résultat de sa recherche, en vue d’une réponse adaptée et compréhensible. L’exemple de l’IA est, à ce sujet, fort instructif. Ses concepteurs lui ont fait lire des milliards de pages. Jamais on n’a concentré autant de connaissances au même endroit, mais pourtant, l’IA a parfois des « hallucinations ». À la vérité, l’intelligence artificielle n’est pas intelligente. Elle repose sur un pur calcul de probabilités : elle ne distingue pas le vrai du faux, le bon du mauvais. Pour éviter ces errances inacceptables, des humains doivent intervenir et soumettre à la machine un corpus d’apprentissage composé de choix binaires, du type « dans tel cas, cette sortie est préférable à telle autre ». Dans l’éducation, ce travail de vérification est appelé esprit critique.
Emmagasiner des connaissances peut produire d’autres biais comme l’approche passive de l’apprentissage et le manque d’investissement. C’est bien ce que dénonce Rabelais dans son Gargantua. L’humaniste insiste sur la nécessité de comprendre et de réfléchir avant de mémoriser, sinon « science sans conscience n’est que ruine de l’âme », comme il l’ajoute dans Pantagruel.
B. L’importance de l’apprentissage par l’expérience :
Rabelais propose donc d’autres méthodes dans Gargantua. Il fait reprendre de fond en comble l’éducation bâclée de l’élève. Les premiers précepteurs ont accumulé de manière stérile des savoirs douteux. Désormais Ponocratès s’appuie sur un enseignement complet, encyclopédique et moral. Il n’oublie pas de développer chez son élève le goût de l’effort, le sens de l’équité et surtout l’esprit critique.
En particulier, Rabelais recommandait déjà d’apprendre en expérimentant parce que cette méthode permet de développer des compétences pratiques et de résoudre des problèmes concrets.
Pour apprendre une langue étrangère, il est utile d’étudier la grammaire et le vocabulaire, mais la maîtrise de cette langue viendra surtout de la pratique. En parlant avec des locuteurs natifs, en écoutant de la musique, en regardant des films en version originale, l’étudiant s’immergera dans le milieu linguistique et améliorera ainsi sa capacité à communiquer.
Il existe plusieurs formes de ce type d’apprentissage par l’expérience. On peut citer d’abord la formation par la réalisation d’un projet concret, comme la création d’un court métrage, qui développera des compétences en écriture, en communication, en travail d’équipe et en utilisation de logiciels de montage vidéo. On peut recourir aussi au jeu : le Scrabble peut aider les élèves à améliorer leur vocabulaire et leur orthographe. Minecraft peut être utilisé pour enseigner l’architecture, l’ingénierie et la programmation. L’apprentissage par la découverte encouragera les élèves à explorer et à découvrir des concepts et des idées par eux-mêmes. On peut les inviter à mélanger différents produits chimiques pour observer les réactions chimiques. Le professeur peut proposer une recherche documentaire par laquelle les étudiants découvriront des informations sur un sujet donné. S’intéresser aux animaux en voie de disparition permettra de comprendre les causes de leur déclin et les solutions possibles pour enrayer le phénomène.
C. Le développement des compétences transversales :
Rabelais avait déjà posé les bases de l’acquisition de compétences transversales telles que la créativité, son programme comprenait la musique et la pratique artistique. Aujourd’hui, l’enseignement essaie aussi de promouvoir la collaboration et la communication dans le travail d’équipe parce que essentielles dans la vie professionnelle et personnelle.
Conclusion :
Ainsi, la « bonne éducation », celle qui doit faire advenir un adulte accompli, capable de s’intégrer harmonieusement dans la société, de contribuer au développement de la cité, repose d’abord sur un socle de connaissances indispensables à la vie intellectuelle et morale. Cependant, compte tenu de la complexité grandissante de notre monde et de l’évolution rapide des connaissances, il est indispensable de privilégier l’apprentissage par l’expérience et le développement des compétences transversales qui permettront à l’individu de s’adapter tout au long de sa vie.
La révolution technologique amorcée par l’arrivée de l’IA nécessite plus que jamais de repenser l’éducation : comment concilier les différentes approches de l’enseignement pour offrir une éducation complète et de qualité à tous les élèves ? En particulier, l’IA impose plus que jamais à la société un débat sur l’éthique, auquel l’enseignement ne saurait échapper.
1 https://www.unicef.fr/convention-droits-enfants/education/
Sujet B – Contraction de texte
La politesse, un art des apparences nécessaire ?
Rousseau, dans le Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes de 1755 affirme que la vie en société a dénaturé l’homme. En effet, selon lui, la politesse nous empêche d’être vrais.
Le Discours sur les sciences et les arts de 1751 du philosophe en voit la (50 mots) raison dans le fait que nous voulons plaire en société, alors que nous devrions vivre selon des valeurs morales élevées. Selon lui, nous cherchons aussi à nous fondre dans la masse si bien que la politesse masque notre véritable personnalité.
Comportement immoral, elle nous empêcherait de communier sincèrement avec autrui (100 mots). Pourtant aujourd’hui, on la considère comme une vertu.
En effet, la transparence totale défendue par Rousseau est impossible et dangereuse. Nous menacerions notre être intérieur dont une part nous échappe. Vivre sans politesse engendrerait des conflits permanents.
La politesse est donc un comportement civilisé socialement nécessaire.
Personne n’est dupe. Elle (150 mots) permet de maintenir un certain niveau de civilité et de respect mutuel, tout en préservant l’intimité de la personne.
La politesse n’est pas l’hypocrisie : si la première témoigne un vrai respect d’autrui, la seconde n’est que tromperie et manipulation.
(190 mots)
Sujet B – Essai
Pensez-vous que les marques de sociabilité comme la politesse nous empêchent de connaître les hommes tels qu’ils sont ?
Vous développerez de manière organisée votre réponse à cette question en prenant appui sur le chapitre « De l’Homme » des Caractères de La Bruyère, sur le texte de l’exercice de la contraction et sur ceux que vous avez étudiés dans le cadre de l’objet d’étude « La littérature d’idées du XVIe au XVIIIe siècle ».
Vous pourrez aussi faire appel à vos lectures et à votre culture personnelle.
Introduction
Rousseau, dans le Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes de 1755 affirme que la vie en société a dénaturé l’homme et que la politesse nous empêche d’être vrais. Dans le Discours sur les sciences et les arts de 1751 il en voit la raison dans le fait que nous voulons plaire en société, alors que nous devrions vivre selon des valeurs morales élevées. Selon le philosophe, nous cherchons aussi à nous fondre dans la masse si bien que la politesse masque notre véritable personnalité.
Les marques de sociabilité comme la politesse nous empêchent-elles donc de connaître les hommes tels qu’ils sont ?
Si la politesse peut voiler un moment notre vraie personnalité, elle ne peut toutefois pas se substituer à notre nature profonde, tant il est vrai qu’il ne faut pas la confondre avec l’hypocrisie.
Développement
Caractère et comportement, la nécessité d’une régulation sociale à ne pas pousser à l’excès
L’éducation que nous avons reçue nous a appris à contrôler nos pulsions. Elle était destinée à ce que nous ne nous comportions pas comme de « petits sauvages », tempêtant et hurlant, arrachant des mains de nos parents ce que nous désirions. Elle nous a peut-être aussi appris le respect pour les personnes âgées, le souci de modérer nos avis et impressions. En ce sens, elle voulait favoriser la vie en société, en évitant la rudesse des confrontations entre caractères opposés, parfois suivies de comportements violents comme les duels qui ont décimé l’aristocratie en France.
La politesse a pu devenir même un véritable style de vie comme l’étiquette à la Cour du roi Louis XIV. Véritable carcan destiné à surveiller et contrôler une noblesse rebelle qui avait menacé le pouvoir royal lors de la Fronde, cette étiquette avait transformé les nobles en courtisans obséquieux se surveillant mutuellement pour obtenir les faveurs du monarque. Il suffit de lire Les Caractères de La Bruyère, dans le chapitre « De la Cour » pour comprendre comment cette forme de politesse imposée était devenue exécrable en obligeant les personnes à dissimuler leur véritable personnalité.
Notre vraie nature peut être corrigée, mais non changée.
Cependant le fond de notre personnalité demeure derrière ce vernis qui la recouvre de sociabilité. Le terme politesse, vient du latin politus qui signifie uni, lisse, brillant. Le galet poli n’en reste pas moins un caillou. Seules, ses aspérités blessantes ont disparu, sa dureté intrinsèque demeure derrière son aspect avenant.
Il en va de même pour nous. Il suffit de peu pour que le juron éclate à nos lèvres et que le geste d’impatience ou de colère surgisse à l’improviste, lorsque l’émotion et la surprise font sauter les verrous de l’éducation. Rappelons qu’une bonne partie de notre communication est non verbale. Il suffit d’être attentif aux comportements de nos interlocuteurs pour percevoir ce qu’ils pensent réellement.
D’ailleurs la politesse ne nous empêche nullement d’exprimer ce que nous pensons, elle exige simplement de mettre des formes acceptables, non agressives, dans l’expression de nos jugements.
Ne pas confondre politesse avec l’hypocrisie et la soumission aux normes sociales
Si certains dénigrent la politesse, c’est peut être qu’ils la confondent avec l’hypocrisie. C’est le procès que mène Alceste dans le Misanthrope de Molière. Ce personnage entier rejette les conventions de politesse de la société, les considérant comme menteuses. Cette pièce illustre le conflit entre la sincérité brutale et les normes de civilité de l’époque.
En effet, La politesse apparente peut devenir un outil de manipulation. Elle peut être utilisée pour tromper ou influencer les autres. Le Tartuffe de Molière joue le dévot pour spolier son bienfaiteur Orgon. Cependant, sa spiritualité mielleuse cache mal sa sensualité et son avidité. La servante Dorine, moins aveugle que son maître, a vite débusqué l’aigrefin parasite dont l’apparence et le comportement détonnent avec ses propos ascétiques et moralisateurs. Julien Sorel, dans Le Rouge et le Noir de Stendhal, cherche à apprendre les codes de la bonne société de la Restauration pour servir son ambition. Il dissimule sans cesse son admiration pour Napoléon, son héros, et tente de tromper son monde par un apparent conformisme qu’il a du mal à s’imposer.
De même la soumission aveugle aux normes sociales peut dénaturer les relations entre les hommes : La Bruyère, dans la chapitre « De la Mode » dénonce les ravages de la mode qui transforme un être raisonnable en un pantin ridicule, insatisfait et malheureux.
Conclusion
La politesse est donc nécessaire pour créer une harmonie entre personnalités différentes, dès le cercle familial, avant de s’élargir au milieu scolaire, puis à toutes nos relations sociales. Selon son étymologie, il s’agit pour elle de lisser les aspects rugueux et égoïstes de nos caractères. Avec elle, l’homme devient, selon les propos d’Aristote un « animal social ». Chaque société définit ses normes. Aussi la politesse est-elle un facteur d’intégration. Mais poussée à l’extrême ou lorsqu’elle s’impose sous la forme des modes, elle peut détériorer des relations sincères. Cependant elle ne peut jamais totalement occulter notre véritable nature. Nous ne pouvons jamais contrôler parfaitement nos émotions ou nos attitudes. Ceux qui le prétendent confondent sans doute politesse et hypocrisie, mise à distance et mensonge, respect d’autrui et manipulation.
Ce même Jean-Jacques Rousseau, qui vilipendait ce comportement social, a pourtant admis qu’il était aussi une vertu : « la véritable politesse consiste à marquer de la bienveillance aux hommes ; elle se montre sans peine quand on en a ». Nous laisserons le mot de la fin à Voltaire, son ennemi intime. Pour l’auteur de Candide, la politesse n’est pas un obstacle à la communication entre les hommes, mais un véritable art de vivre dans une société civilisée : « [elle] est à l’esprit ce que la grâce est au visage ».
Sujet C – Contraction de texte
Le Premier Conflit mondial a fait profondément évoluer le journalisme d’enquête féministe.
La Première Guerre mondiale a marqué la fin d’une époque pour le journalisme féminin alors préoccupé de revendications féministes, car les enquêtes sur le front ont été réservées aux hommes.
Les femmes reporters ont cependant épousé le discours patriotique nationaliste dominant. Pendant le conflit, elles ont pu exploiter seulement deux thèmes rédactionnels : le récit des infirmières permettant l’approche de la zone interdite, et les enquêtes sur l’arrière qui magnifient la femme travailleuse. Ces témoignages de soignantes par des journalistes ou des écrivains comme Colette attestent que les femmes participent au combat de la nation. Ce thème journalistique est en fait bien genré, il décalque l’engagement masculin, et célèbre l’héroïsme des combattants ainsi que la reconnaissance due aux victimes.
Cependant la plupart des écrits journalistiques féminins s’intéressent alors à l’engagement des femmes à l’arrière. Ils décrivent surtout les ouvrières dans les usines de munition. Ces articles suggèrent que ces femmes participent aussi à l’effort national de guerre en effectuant un travail d’hommes. Ils s’émancipent ainsi du discours ambiant genré : aux femmes, l’univers domestique ; aux hommes, les dangers du front. Ils osent surtout affirmer que, dans les usines, les femmes remplacent efficacement les hommes absents.
Ils préfigurent les changements à venir après-guerre : le thème des femmes au travail et la défense de leurs droits.
(216 mots)