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Les poètes et les écrivains réveillent le peuple

Dissertation

Dans sa Lettre à Hetzel, Victor Hugo propose de « réveiller le peuple ». Les poètes, les écrivains, les artistes en général, vous paraissent-ils pouvoir, mieux que d’autres, remplir cette mission ?

« Ce livre-ci sera violent. Ma poésie est honnête mais pas modérée.
J’ajoute que ce n’est pas avec de petits coups qu’on agit sur les masses. J’effaroucherai le bourgeois peut-être, qu’est-ce que cela me fait si je réveille le peuple ? Enfin n’oubliez pas ceci : je veux avoir un jour le droit d’arrêter les représailles, de me mettre en travers des vengeances, d’empêcher, s’il se peut, le sang de couler, et de sauver toutes les têtes, même celle de Louis Bonaparte. Or, ce serait un pauvre titre que des rimes modérées. Dès à présent, comme homme politique, je veux semer dans les cœurs, au milieu de mes paroles indignées, l’idée d’un châtiment autre que le carnage. Ayez mon but présent à l’esprit : clémence implacable. »

Sujet

Dans sa Lettre à Hetzel, Victor Hugo propose de « réveiller le peuple ». Les poètes, les écrivains, les artistes en général, vous paraissent-ils pouvoir, mieux que d’autres, remplir cette mission ?
Vous répondrez à cette question en un développement composé, prenant appui tout à la fois sur les textes qui vous sont proposés1, ceux que vous avez étudiés en classe et vos lectures personnelles.

1 Cf. sujet 7 (pages 23 et suivantes) de ce document :
Textes
A — Victor Hugo [1802-1885], « La Victoire », Histoire d’un crime, 4, 1851, 1852.
B — Victor Hugo, « Souvenir de la nuit du 4 », Les Châtiments, Jersey, 2 décembre 1852.
C — Victor Hugo, Lettre à Hetzel, Jersey, 6 février 1853.
Annexes
1. Catherine Salles, Le Second Empire, 1852 / 1870, coll. « Histoire de France illustrée », no 12, © Librairie Larousse, 1985.
2. Guy Rosa, extrait de la chronologie historique, édition des Châtiments, Le Livre de Poche, 1973.

Ce corrigé de dissertation a été rédigé par Jean-Luc.

Introduction

Accroche et problématique : Les écrivains ont souvent cherché l’origine de leur art. En particulier les poètes se sont demandé quelle était la source de leur inspiration, ce qu’ils ont appelé leur muse. Il s’agissait pour eux de déterminer le rôle de l’artiste, son utilité sociale : être le guide inspiré découvrant les liens invisibles entre le moi et l’univers ou plutôt le chantre des combats dans l’arène sociale ? L’histoire de notre littérature oscille entre le lyrisme personnel illustré par du Bellay, Baudelaire, Rimbaud, et l’engagement dans les préoccupations de l’époque comme avec Agrippa d’Aubigné, Boileau, Chénier, les poètes de la Résistance. D’autres comme Ronsard ou Hugo ont trouvé tour à tour leur inspiration dans ces deux pôles opposés.
Citation du sujet : Pour ce dernier cependant, le rôle éminent et ultime de l’écrivain est de « réveiller le peuple ». C’est ainsi qu’il s’exprime dans une lettre à son éditeur Hetzel.
Annonce du plan : D’abord il convient de se demander ce que veut dire « réveiller le peuple », ensuite d’examiner pourquoi et par quels moyens les artistes s’acquittent de cette mission « politique » et même de s’interroger si les poètes et les artistes sont les mieux placés pour remplir cette responsabilité.

I. Définition des termes

Plusieurs hommes de lettres, comme Lamartine et Hugo, ont joué un rôle politique à leur époque. C’est au romantisme, en tant qu’enfant de la Révolution française et initiateur de bien des consciences nationalistes, que revient cette conception du rôle du poète : il trouve une première expression dans le Moïse de Vigny. Nous y voyons le personnage religieux, le prophète qui touche au divin devenir aussi le guide des Hébreux. Sa quête mystique est aussi au service de son peuple. Mais sa mission lui pèse et il ne rêve que de revenir « au sommeil de la terre ». C’est chez Hugo que le passage d’une poésie personnelle qui s’élargit à une expression communautaire est le plus marqué. Dans la préface des Voix intérieures, Hugo avait déjà abordé la « fonction sérieuse » du poète, sa mission civilisatrice. Dans le poème « Fonction du poète » du recueil Les Rayons et les Ombres de 1840, il écrit :

Dieu le veut, dans les temps contraires,
Chacun travaille et chacun sert,
Malheur à qui dit à ses frères :
Je retourne dans le désert !
Malheur à qui prend ses sandales
Quand les haines et les scandales
Tourmentent le peuple agité !
Honte au penseur qui se mutile
Et s’en va, chanteur inutile,
Par la porte de la cité ! […]
Le poète en des jours impies
Vient préparer des jours meilleurs. […]
Car la poésie est l’étoile
Qui mène à Dieu rois et pasteurs.

Prophète, annonciateur de l’avenir, il ne saurait se soustraire à sa fonction d’espérance, ni la trahir en se limitant à la poésie pure, mais il est encore, par l’élévation de sa pensée, au-dessus de la mêlée.
Cette définition de la mission de la poésie est récurrente dans l’œuvre de Hugo. Déjà dans « Amis un dernier mot » (Les Feuilles d’automne, novembre 1831) il descendait dans l’arène :

Alors, oh ! je maudis, dans leur cour, dans leur antre,
Ces rois dont les chevaux ont du sang jusqu’au ventre !
Je sens que le poète est leur juge ! je sens
Que la muse indignée, avec ses poings puissants,
Peut, comme au pilori, les lier sur leur trône
Et leur faire un carcan de leur lâche couronne,
Et renvoyer ces rois, qu’on aurait pu bénir,
Marqués au front d’un vers que lira l’avenir !
Oh ! la muse se doit aux peuples sans défense.
J’oublie alors l’amour, la famille, l’enfance,
Et les molles chansons, et le loisir serein,
Et j’ajoute à ma lyre une corde d’airain !

Hugo affirmait son engagement politique. La dénonciation de la tyrannie est un ardent devoir supérieur au lyrisme quotidien et sentimental.

Pour Hugo la mission de l’art est bien de « réveiller le peuple », c’est-à-dire de le sortir de la torpeur où le maintiennent le mensonge, la propagande, la peur, la lâcheté, la compromission, la facilité, l’art officiel. La poésie doit éduquer, éveiller les consciences. Pourtant réveiller suppose un éveil préalable. Victor Hugo laisse entendre, dans sa formule, qu’il existerait une conscience populaire parfois assoupie. Dans La Légende des siècles, il a explicité cette intuition : les « pauvres gens » sont tout à la fois courageux, généreux, solidaires. De même, dans Les Misérables, il nous expose les trésors de bonté, de conscience et d’altruisme dans l’âme populaire lorsque la pression sociale et l’injustice ne désespèrent pas les pauvres et les simples. Le rôle du poète ou de l’écrivain est bien de révéler, puis de réveiller ces richesses enfouies.

Le sujet nous demande explicitement d’élargir la réflexion au-delà de la poésie aux écrivains et même aux artistes : musiciens, peintres, cinéastes, de nos jours les chanteurs se devraient d’avoir une conscience politique. Examinons si la peinture, la musique, le cinéma ou la chanson recèlent de telles œuvres. En peinture, nous pouvons citer Goya et son Tres de Mayo, Goya, qui avait la guerre et la violence en horreur, voulut avec cette toile commémorer l’exécution des suspects de l’insurrection du 3 mai 1808 contre l’occupation napoléonienne en Espagne. Désirant se faire le témoin de ces massacres, l’artiste choisit de montrer sur chaque visage la réaction de chacun face à la mort. Jouant du contraste des couleurs, il a volontairement accentué le caractère dramatique de la scène, qui compte, au même titre que les Scènes des massacres de Scio ou La Liberté guidant le peuple de Delacroix, parmi les grands exemples du romantisme et de son combat pour la liberté, durant toute la première moitié du XIXe siècle. On peut aussi citer Picasso et son fameux Guernica réalisé en 1937, inspiré par le bombardement de la petite ville basque de Guernica (Biscaye) par l’aviation allemande au service de Franco. Ce grand tableau est une véritable prise de position politique du peintre durant la guerre civile d’Espagne contre Franco (que soutient l’Allemagne nazie). D’ailleurs le peintre sort de son égotisme habituel pour livrer une peinture violemment engagée et tragique. C’est une allégorie intemporelle de la haine que compose là Picasso, un monument aux morts tout en noir et blanc.

Il est plus difficile de trouver des exemples musicaux, peut-être la Cinquième Symphonie de Beethoven ou la Deuxième Symphonie de Chostakovitch commandé en 1927 par l’État soviétique pour commémorer le souvenir de la révolution d’octobre. Il faut attendre les chanteurs modernes comme Joan Baez ou le mouvement hippie par exemple pour avoir une véritable expression populaire politique voire contestataire. Au cinéma, des œuvres comme Z de Costa-Gavras, film qui dénonce le régime fasciste des colonels en Grèce, L’Aveu du même auteur qui révèle les simulacres de procès de l’ère stalinienne, ont connu un grand succès populaire. De même le cinéma français des années 70 avec Yves Boisset (R.A.S. sur la guerre d’Algérie ou l’Attentat sur l’affaire Ben Barka) s’est résolument engagé dans le pamphlet politique. Le cinéma hollywoodien s’est fait une spécialité de la dénonciation des horreurs de la guerre du Vietnam : Apocalypse now de Francis Ford Coppola ou Voyage au bout l’enfer de Michael Cimino…

Finalement force est de constater que les grandes œuvres artistiques destinées à réveiller le peuple sont assez rares. La raison en est que bien des œuvres d’art politiques sont issues de commandes, elles sont généralement froides, conventionnelles ou grandiloquentes et manquent souvent de sincérité. On pourrait multiplier les exemples, mais les grandes fresques murales communistes relèvent plus de la propagande que de l’art. Il faut le goût très sûr de Louis XIV pour que les artistes de son siècle réalisent des chefs-d’œuvre en réponse aux commandes royales sans tomber dans la flagornerie ou la démesure.

II. Pourquoi les artistes s’acquittent-ils de cette mission « politique » ?

Laissons donc ces productions sans réel intérêt pour revenir à ces joyaux de la littérature et recherchons où le poète trouve les raisons et les moyens de son engagement : le poète, l’artiste ont un devoir de subversion.

Le devoir s’enracine dans la responsabilité de tout homme pour ce qui se passe en son temps. L’écrivain, avec sa sensibilité exacerbée, est plus violemment attiré par l’expression politique que ses contemporains. Sa culture le pousse également à éclairer et à diriger l’opinion : beaucoup d’hommes de lettres, surtout à partir de la deuxième moitié du XIXe siècle, ont contribué à des journaux, des revues, ont produit des manifestes ou des pamphlets. Citons le « J’accuse » de Zola dans l’Aurore ou la poésie engagée, celle de la Résistance, la majorité de l’œuvre de Hugo (Les Châtiments, Les Misérables) mais aussi les « philosophes » des Lumières.

C’est ainsi que le poète peut « penser » la vie de la cité, découvrir les vérités utiles à l’humanité. Prophète et mage, il déchiffre l’avenir pour y lire les forces de progrès qui vont civiliser le monde : nous devons cette conception aux poètes romantiques. Nous en avons un exemple avec La Légende des siècles. L’écrivain peut même parfois réveiller le sentiment national comme l’Hugo de l’Année terrible après la défaite de Sedan et les événements de la Commune de Paris, ou le Paul Éluard et son poème « Liberté » alors que la France sombre dans le désespoir de l’Occupation.

L’écrivain laisse parler ses sentiments profonds : Voltaire laisse libre cours à son indignation devant l’absurdité de la guerre dans Candide. Montesquieu et Voltaire sont révoltés par les horreurs de l’esclavage et les incohérences du christianisme à son égard. Ces colères nous valent de puissants textes ironiques. Parfois le moteur est l’enthousiasme. Ainsi Hugo dans La Légende des siècles nous entraîne dans sa foi pour le progrès au moyen de grandioses fresques épiques.

III. Les poètes et les artistes sont-ils les mieux placés pour remplir cette responsabilité ?

Est-ce qu’une telle définition de la poésie ou de l’art en général est recevable ? Nous savons bien que l’art a pu emprunter d’autres voies et que l’engagement politique est plutôt une exception. De même le réveil du peuple appartient-il aux artistes ou aux hommes politiques ? Aujourd’hui la conscience politique des écrivains se traduit naturellement par un engagement dans les partis, et la république des lettres est plutôt passée sous l’autorité des idées de gauche au XXe siècle. Le réveil du peuple doit-il s’effectuer à partir du lyrisme poétique ou de l’analyse réaliste des hommes politiques ? Qu’ajoute l’art au discours politique ? Nos contemporains sont toujours friands des joutes oratoires à la télévision, plus animées que les ternes programmes politiques pourtant si nécessaires. Là où la passion apparaît, le regain d’intérêt pour la chose publique est réveillé. Nos hommes publics cultivent toujours la formule assassine ou définitive. Ce n’est pas encore de l’art car il manque le souffle de l’inspiration, mais c’est déjà mieux que les discours stéréotypés rédigés par les attachés parlementaires.

L’art a donc son rôle à jouer dans le champ social. En effet, au-delà de leur devoir de contestation, les artistes exercent aussi un fascinant pouvoir.
Tout d’abord la parole humaine, la conscience morale éventuellement sublimée par l’art ont une importance, peuvent influencer les destinées du monde. Une anecdote illustre cette affirmation. Alors qu’on parlait du pape à Staline, le dictateur soviétique rétorquait : « combien a-t-il de divisions ? » exprimant par là le peu de considération pour le pouvoir spirituel du chef de l’Église catholique. Pourtant il se trompait puisque quelques décennies plus tard, un pape polonais contribuait notablement par ses seuls enseignements à la chute du « mur de la honte » et à la fin de l’empire soviétique.

Pourtant de nombreuses œuvres sont tombées dans l’oubli parce qu’elles ne recélaient pas une vérité humaine suffisante dans la dénonciation des erreurs du temps. Elles manquaient surtout de la force d’indignation ou d’enthousiasme, leur enlevant tout éclat pour leur permettre de durer et de continuer à nous émouvoir.
En fait le réel est souvent absurde et sans beauté. L’art lui donne un sens. L’ironie de Voltaire volontiers simplificatrice vient piquer notre intelligence. D’abord amusés, puis révoltés par tant de sottise, nous ne pourrons plus oublier les malheurs de Candide dans l’armée des Abares. Dans le chapitre 2 du roman éponyme, le héros fait connaissance avec l’absurdité de l’armée et de la guerre. Avec ironie, Voltaire dénonce les abus de la privation de liberté et la dépersonnalisation vécue dans le milieu militaire. Candide devient la marionnette des soldats et du pouvoir royal qui les entretient ; mais il est tout autant (par les invraisemblances et les exagérations du récit) le jouet de son créateur pour dénoncer la folie des hommes.

L’art donne aussi la beauté au réel qui en est privé, le reconstruit comme la tragédie qui transforme un fait divers en une question essentiellement humaine, dégagée de toute contingence, auréolée de son éternité. Ainsi le roman historique nous révèle le sens de l’aventure humaine au travers de la trame si dense des événements. Quatre-vingt-treize d’Hugo simplifie la Révolution française en une épopée où se heurtent avec fracas des protagonistes symboliques : le marquis de Lantenac qui incarne l’ancien régime, Gauvain, son neveu, représentant l’idéalisme généreux de la République, Cimourdain, prêtre défroqué et séide de l’absolutisme révolutionnaire. Hugo juge le passé et nous enseigne aussi les principes qui doivent, à ses yeux, constituer la foi du monde. Ce souffle épique nous le retrouvons également dans La Légende des siècles : le projet initial était envisagé comme un triptyque, avec Dieu, son achèvement, et La Fin de Satan, son commencement, qui devait lui donner un épanouissement visionnaire et métaphysique : « l’Humanité, le Mal, l’Infini ; le progressif, le relatif, l’absolu ». Plusieurs fois interrompu et remanié, le travail de rédaction de La Légende des siècles trouve un nouveau souffle avec l’exil de l’écrivain à Guernesey. Celui-ci assume alors les conséquences de son engagement politique personnel, et, restant préoccupé de modernité, suit de près l’actualité européenne. Il rédige alors la majeure partie de l’œuvre. C’est l’histoire de l’Humanité conçue non par un savant attaché à la vérité des faits mais par un poète attaché à la vérité symbolique des mythes. Un fil relie entre eux tous ces poèmes, le fil mystérieux du labyrinthe humain, le progrès. L’ascension ne va pas sans difficulté car le mal mène une lutte perpétuelle contre le bien. L’humanité relève toujours la tête grâce aux héros qui la servent. C’est « l’homme montant des ténèbres à l’idéal, la transfiguration paradisiaque de l’enfer terrestre, l’éclosion lente et suprême de la liberté, droit pour cette vie, responsabilité pour l’autre ». C’est une œuvre syncrétique élevée en monument à l’humanité : « exprimer l’humanité dans une espèce d’œuvre cyclique, la peindre successivement et simultanément sous tous ses aspects, histoire, fable, philosophie, religion, science, lesquels se résument en un immense mouvement vers la lumière ». On peut y voir la tradition humaniste, érudite et encyclopédique de la Renaissance alliée à une expression poétique particulière, celle du genre épique. Mais l’érudition hugolienne n’est pas celle d’un savant, mais celle d’un poète si bien que les « petites épopées », premier titre de l’ouvrage, sont un extraordinaire « magasin d’images ».

Conclusion

Si les poètes ont pu apparaître comme des descendants d’Orphée : mages visionnaires initiant leurs contemporains aux liens mystérieux entre le moi individuel et les arcanes de l’univers, ils sont aussi des guides, des porte-parole qui savent donner forme aux préoccupations, aux soucis et aux espoirs de leurs contemporains. Notamment lorsque l’histoire se fait tragique, à l’heure des convulsions politiques, les poètes ont mis leur art au service de leur indignation ou de leur pitié. C’était pour eux une exigence morale, fruit de leurs tourments intimes. Témoigner, réunir, dénoncer les poussent hors d’eux-mêmes, affûtent leurs mots, soufflent sur la braise de leurs propos. Leur art en est stimulé dans cette incandescence. L’alliance de la générosité et du verbe a donné naissance à de véritables œuvres d’art, qui résonnent encore aujourd’hui à nos oreilles et continuent d’éveiller des sentiments forts dans nos cœurs alors même que les événements qui les ont produites se sont éloignés.
En contrepartie, la voie de la poésie orphique recherchant l’explication ultime du monde, dans un langage souvent obscur, semble considérée par la plupart de nos contemporains comme une évasion, une insouciance, une infidélité aux exigences morales du génie poétique. Ils lui reprochent, en retournant les mots mêmes de Stéphane Mallarmé d’être devenue un « bibelot aboli d’inanité sonore ». Peut-être pouvons-nous y voir une des causes par laquelle la poésie a perdu son rayonnement et son lectorat au profit des romans, de la chanson ou du cinéma plus engagés.

Voir aussi :

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