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Le commentaire composé

Cette fiche de méthode a été rédigée par Jean-Luc.

Qu’est-ce qu’un commentaire composé ?

C’est d’abord une lecture

  • Personnelle : parmi tous les lecteurs potentiels de son texte, un auteur s’adresse particulièrement à moi, cherche à éveiller en moi des réactions, des effets. La lecture est en effet un travail qui demande ma participation active de lecteur pour recréer l’évocation contenue dans le réseau des mots. Un texte doit me « parler ».
    À noter que « texte » vient du latin textum qui signifie tissé, le texte est bien un tissage, un réseau où les mots créent dans leurs relations sémantiques un véritable univers à explorer.
  • Intelligente : je dois présupposer que le texte que je lis à un sens, que son auteur a entretenu un projet de communication avec ses lecteurs, en particulier avec moi. Je dois donc rechercher  le fil conducteur et tous les indices pertinents de ce sens, de ce projet de communication. Ces indices peuvent être :
    • lexicaux (champs lexicaux ou sémantiques), grammaticaux (modes, pronoms, types de phrases…),
  • Cultivée : un texte s’inscrit dans une langue, une époque, une culture, une histoire personnelle et collective. Souvent il fait référence de manière implicite ou explicite à d’autres textes d’auteurs différents ou du même auteur.

C’est ensuite le compte rendu écrit et construit du décryptage de ce texte, de ce que j’ai compris des intentions de l’auteur et des effets que son texte a produits en moi.

But du commentaire composé

Montrer la richesse d’un texte en organisant sa lecture autour de deux ou trois centres d’intérêts. On parle aussi d’axes de lecture.

Méthode

Lire plusieurs fois au-travers de « grilles de lecture » :

1re lecture : lecture cursive. À la fin de cette lecture, procéder à un questionnement systématique du texte
  • Pour ne pas se disperser dans les recherches et les observations.
  • Pour commencer à constituer les éléments de l’introduction et de la conclusion (ces points seront abordés plus loin)

Questions à se poser systématiquement :

  • Quel est le thème du texte ? Peut-il être mis en relation avec l’œuvre dont le texte est extrait, avec le titre de l’œuvre, avec l’auteur, avec l’époque ?
  • Quel est son genre littéraire (poésie, théâtre, roman…) son type (argumentatif, narratif, descriptif…) ?
  • Quelle est sa tonalité ou registre littéraire (comique, tragique, lyrique, pathétique, ironique, épique…) ?
  • Quel est son intérêt (historique, philosophique, sociologique…) ?
  • Quelles résonances éveille-t-il chez le lecteur (émotion, intérêt, passion, réflexion, interrogation…) ?
2e lecture : étude du niveau lexical et de la modalisation
  • Classer les mots suivant des familles, examiner si on peut les regrouper en  champs lexicaux ou sémantiques remarquables.
  • Étudier les formes, couleurs, mouvements, l’organisation de l’espace, les valeurs symboliques ou affectives de ces éléments.
  • Étudier l’organisation de ces éléments en parallélisme, en relation, en rappel ou en opposition.
  • On peut alors établir des réseaux lexicaux et ainsi discerner les thèmes (intellectuels, affectifs, symboliques) du texte.
  • Étude particulière du registre du discours : lyrique, élégiaque, pathétique, ironique, comique… En fait il y a souvent un registre principal ou dominant et un ou plusieurs registres secondaires. Tout dépend de la longueur et de la densité du texte étudié.
  • Étude des registres de langue (référence à une culture et une classe sociale) utilisés et des effets produits (appartenance ou opposition, surprise…). Chercher les procédés de style et tous les écarts qui distinguent le langage utilisé par l’auteur du langage courant, celui que nous aurions utilisé pour exprimer les mêmes réalités.
  • En examinant les structures grammaticales et leurs effets de sens : choix des pronoms, des déterminants du nom ; choix du type de construction : nominale, affirmative, exclamative, interrogative ;  choix des épithètes : souci de caractérisation, valeur méliorative ou péjorative ; choix  des modes verbaux : impératif = prière ou volonté de pression sur autrui ; subjonctif = doute, mode du sentiment ou de la pensée, temps : présent de narration, de vérité générale, imparfait de durée ou de répétition passé simple d’action soudaine qui ne se répète pas ; choix du style direct, indirect, indirect libreHypotaxe ou parataxe
3e lecture : étude des images
4e lecture : étude des sons et des rythmes (surtout dans les poèmes mais pas exclusivement)
  • Étudier la strophe : disposition des vers, retour éventuel du refrain, analyser les effets produits.
  • Étudier le rythme : le choix du mètre, les accents, la cadence, mouvement ascendant ou chute, la place de la césure, la présence d’enjambements, de rejets, de contre-rejets…. Analyser les effets produits.
  • Étudier les sonorités : quels sentiments sont exprimés par le retour de certaines syllabes ? Quelle atmosphère est ainsi créée ? Faire attention aux allitérations, aux assonances, aux rimes, aux hiatus…
  • Étudier le volume des phrases (longueur, formes : interrogations, exclamations…)
  • Étudier le rythme des phrases (gradations, symétries, mouvements ascendants ou descendants…) Quels sont les effets produits ?
5e lecture : construction d’une signification d’ensemble
  • Rassembler les résultats de ces points de vue partiels sur le texte, les confronter au contexte, à tout ce que je peux savoir de l’œuvre, de l’auteur, de l’époque…
  • Examiner le poème ou la page à la lumière des catégories :
    • Esthétiques : classique, romantique, baroque
    • Idéologiques : rationalisme, sentimentalisme romantique, désir de provoquer…

Organiser les remarques en un plan détaillé

Un axe doit donner une partie. Dans chaque partie trois ou quatre paragraphes. Un paragraphe correspond  à un argument  avec ses citations illustratives, ses analyses du vocabulaire, du rythme, etc.

  • N.B. : Le plan ne doit jamais :
  • être linéaire, c’est-à-dire se calquer strictement sur l’ordre du texte,
  • séparer le fond de la forme, deux aspects d’une même réalité,
  • paraphraser le texte, être une simple traduction dégradée du texte…

Organiser le commentaire

L’organisation du commentaire composé La progression par niveau d’analyse est la meilleure. Elle s’appuie sur la constatation qu’un texte littéraire s’appuie souvent sur des éléments compréhensibles par le plus grand nombre pour peu à peu amener le lecteur à percevoir des aspects plus difficiles, soit parce qu’ils sont propres à l’auteur, soit parce qu’ils sont plus intellectuels, complexes ou artistiques. On considère que deux ou trois niveaux de profondeur d’analyse sont possibles et suffisants. L’intérêt de cette forme de plan est de susciter la curiosité du lecteur.

Un commentaire composé est un… commentaire composé, c’est un commentaire construit, ce n’est pas un fouillis de remarques indépendantes. Il importe donc de s’astreindre à :

  • respecter méthodiquement la progression que vous aurez définie (les parties),
  • d’en souligner les étapes et d’en mettre en évidence les articulations par des transitions judicieusement ménagées.
  • d’éviter de cloisonner les différentes parties, ce qui aurait pour effet d’affaiblir le dynamisme intrinsèque au texte ;
  • d’éviter les redites et les retours en arrière, au risque de lasser le lecteur et de l’égarer.

Il importe également de prendre en compte, s’il est remarquable et signifiant, le mouvement propre du texte sans pour autant tomber dans une explication linéaire.
Chaque partie ou axe de lecture commence par une phrase qui présente son objet. Et chaque partie :

  • est séparée de la précédente par un saut de ligne
  • commence par une phrase d’introduction
  • se termine par une phrase de liaison
  • comprend plusieurs paragraphes dont chacun commence par un mot de liaison.

Le début de chaque paragraphe est marqué par un retrait. Ne pas sauter de ligne entre deux paragraphes.

Votre commentaire doit s’appuyer sur le texte ; vous devez donc l’étayer par ce qui est dit sans dupliquer, ni reformuler le texte dans une paraphrase oiseuse. Les citations doivent respecter les usages typographiques (emploi des guillemets, barre oblique en limite de vers…), il convient de choisir avec discernement et variété plusieurs formes possibles d’intégration :

  • citation détachée (introduite par deux points) ;
  • citation insérée dans la phrase (sans en interrompre le mouvement) ;
  • très brèves citations entre parenthèses (ne pas abuser de ce procédé).

Dans tous les cas, la citation doit s’intégrer utilement et logiquement au devoir, c’est-à-dire servir à démontrer et/ou à illustrer. Elle doit venir étayer le commentaire, en aucun cas se substituer à lui : un commentaire composé n’est pas un montage de citations, même classées.

L’introduction du commentaire composé

Remarque : Comme pour tout sujet, le correcteur est censé ignorer le texte que vous allez commenter. Il est donc absurde de commencer par « Ce texte… ».

D’abord, situer le texte à commenter

  • dans l’œuvre dont il est extrait,
  • à défaut de connaissances précises sur l’œuvre, à l’intérieur de la vie de l’auteur (mais ne rapportez de la vie de l’auteur que ce qui vous sert directement pour commenter le texte).
  • Si vous ne connaissez pas l’auteur, la mise en situation peut se faire par comparaison avec un type de texte semblable, en recourant aux notions de genre (poésie lyrique, épopée, élégie, roman…) ou d’époque littéraire, voire d’école. Dans tous les cas, les informations données doivent être justifiées logiquement pour conduire à la présentation du texte.

Ensuite présenter le texte et votre projet de lecture : utilisez les réponses aux trois premières questions systématiques :

  • Quel est le thème du texte ? Peut-il être mis en relation avec l’œuvre dont le texte est extrait, avec le titre de l’œuvre, avec l’auteur, avec l’époque ?
  • Quel est son genre littéraire (poésie, théâtre, roman…) son type (argumentatif, narratif, descriptif…) ?
  • Quelle est sa tonalité ou registre littéraire (comique, tragique, lyrique, pathétique, ironique, épique…) ?

Le texte à commenter brièvement identifié (analyse rapide du texte et de sa forme : dialogue, récit, narration, description, discours, poème, scène de théâtre, monologue, tirade, texte argumentatif…), il convient de présenter avec concision ses caractères remarquables, thématiques et/ou formels, c’est-à-dire ce qui fonde l’intérêt de l’étude, et ce qui oriente le parcours de lecture.
Enfin il faut annonce le plan en indiquant les axes (ou parties), dans l’ordre où ils vont apparaître.

Pour ne rien oublier dans l’introduction, utiliser la méthode du

SI (le) TIGRE TIRE PA(sse).

SItuation

TYpe
Genre
REgistre

Thème
Intérêt
sonance

Problématique ou Parcours de lecture

Annonce des Axes

La conclusion du commentaire composé

La conclusion a pour fonction :

  • de faire œuvre de récapitulation (retracer les étapes de l’analyse) par un résumé très rapide du développement, un rappel des axes, et une appréciation personnelle : pour ce faire on utilise les 4e et 5e questions systématiques du début :
    • Quel est son intérêt (historique, philosophique, sociologique…) ?
    • Quelles résonances éveille-t-il chez le lecteur (émotion, intérêt, passion, réflexion, interrogation…) ?
  • éventuellement de terminer le devoir par un élargissement, une ouverture sur des réflexions plus générales (par exemple sur l’œuvre à laquelle appartient le texte, à l’époque historique dont il retrace les préoccupations, à d’autres textes appartenant à la même thématique).

Testez vos connaissances !

Voir aussi :

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