Anaphore
Une anaphore est une figure d’insistance qui consiste à répéter un même mot ou une expression au début d’une proposition, d’un vers, d’une phrase ou d’une strophe.
Exemples :
- Joachim du Bellay, Les Regrets (1558), 79 :
Je n’écris point d’amour, n’étant point amoureux,
Je n’écris de beauté, n’ayant belle maîtresse,
Je n’écris de douceur, n’éprouvant que rudesse,
Je n’écris de plaisir, me trouvant douloureux.
- Corneille, Suréna (1674), I, 3 :
Je veux qu’un noir chagrin à pas lents me consume,
Qu’il me fasse à longs traits goûter son amertume ;
Je veux, sans que la mort ose me secourir,
Toujours aimer, toujours souffrir, toujours mourir.
- Paul Éluard, Au rendez-vous allemand (1944), « Gabriel Péri » :
Un homme est mort qui n’avait pour défense
Que ses bras ouverts à la vie
Un homme est mort qui n’avait d’autre route
Que celle où l’on hait les fusils
Un homme est mort qui continue la lutte
Contre la mort contre l’oubli.
L’anaphore est une figure particulièrement courante en poésie, mais on la trouve dans tous les genres. Cette figure permet de souligner une idée, de rythmer l’énoncé et d’« imprime[r] dans la mémoire de l’auditeur les informations délivrées »1.
En grammaire, l’anaphore syntaxique désigne « toute reprise d’un élément antérieur dans un texte »2.
1 C. Fromilhague, Les figures de style, A. Colin.
2 M. Riegel, J.-C. Pellat et R. Rioul, Grammaire méthodique du français, PUF. Voir à ce sujet « anaphore endophore », « anaphore exophore » et « cataphore » sur Linguistes.com.