Apostrophe
Dans le discours, une apostrophe consiste à faire mention de l’allocutaire, présent ou absent. Il s’agit en fait d’interpeller quelqu’un ou une chose que l’on personnifie.
Fréquente en poésie, l’apostrophe sert généralement à exprimer une vive émotion, et elle est souvent accompagnée du point d’exclamation, de l’interjection « ô » (ô vocatif) et du mode impératif.
Exemples littéraires :
- Corneille, Le Cid, acte I, scène 4 :
Ô rage ! ô désespoir ! ô vieillesse ennemie !
N’ai-je donc tant vécu que pour cette infamie ?
- Un autre exemple d’apostrophe dans « Le Lac » de Lamartine :
Ô lac ! rochers muets ! grottes ! forêt obscure !
Vous, que le temps épargne ou qu’il peut rajeunir,
Gardez de cette nuit, gardez, belle nature,
Au moins le souvenir !
- Dans « Fonction du poète » de Victor Hugo :
Peuples ! écoutez le poète !
Écoutez le rêveur sacré !
Dans votre nuit, sans lui complète,
Lui seul a le front éclairé.
- Dans « Le Dormeur du val » d’Arthur Rimbaud
Les pieds dans les glaïeuls, il dort. Souriant comme
Sourirait un enfant malade, il fait un somme :
Nature, berce-le chaudement : il a froid.
- Et chez Jean Giraudoux dans La guerre de Troie n’aura pas lieu, acte II, scène 5 :
Ô vous qui ne nous entendez pas, qui ne nous voyez pas, écoutez ces paroles, voyez ce cortège. Nous sommes les vainqueurs.