Bonjour !
J'essaye de faire un fiche sur l'incipit du Père Goriot (texte ci dessous) mais je dois dire que j'ai un peu de mal
Pour trouver mes axes je m'aide généralement de la conclusion que fait notre prof après la lecture analytique. J'y ai noté : "Balzac reprend un type de roman qu'on appelle roman gothique ou roman noir"
J'ai fais quelques recherches pour savoir ce que c'était et je ne vois pas du tout en quoi Balzac reprend ce genre dans mon incipit : pas d'atmosphère stressante, ni de femme maudite, ni de sujets particulierment graves traités...
Pourtant sur Wikipédia j'ai pu lire que Balzac contribuait effectivement à perpetuer le genre... Je suis donc un peu perdue
Un autre petite question, cette façon qu'il a de vouloir donner une leçon au lecteur, peut on considérer comme le genre de l'essai ?
Car en fait j'avais pensé à un plan du type :
I- Le type du roman noir
1. Les personnages
2. Le décor
II- Un subtil mélange de genres
1. L'influence théatrale
2. L'essai (?)
Mais dans mon plan je ne parle pas du fait que le narrateur d'abord omiscient passe subitement externe "La maison où..."
Si vous pouviez me venir en aide ce serait vraiment pas me refus =D merci mille fois !
Madame Vauquer, née de Conflans, est une vieille femme qui, depuis quarante ans, tient à Paris une pension bourgeoise établie rue Neuve-Sainte-Geneviève, entre le quartier latin et le faubourg Saint-Marceau. Cette pension, connue sous le nom de la Maison-Vauquer, admet également des hommes et des femmes, des jeunes gens et des vieillards, sans que jamais la médisance ait attaqué les moeurs de ce respectable établissement. Mais aussi depuis trente ans ne s'y était-il jamais vu de jeune personne, et pour qu'un jeune homme y demeure, sa famille doit-elle lui faire une bien maigre pension. Néanmoins, en 1819, époque à laquelle ce drame commence, il s'y trouvait une pauvre jeune fille. En quelque discrédit que soit tombé le mot drame par la manière abusive et tortionnaire dont il a été prodigué dans ces temps de douloureuse littérature, il est nécessaire de l'employer ici: non que cette histoire soit dramatique dans le sens vrai du mot; mais, l'oeuvre accomplie, peut-être aura-t-on versé quelques larmes intra muros et extra . Sera-t-elle comprise au-delà de Paris? le doute est permis. Les particularités de cette scène pleine d'observations et de couleurs locales ne peuvent être appréciées qu'entre les buttes de Montmartre et les hauteurs de Montrouge, dans cette illustre vallée de plâtras incessamment près de tomber et de ruisseaux noirs de boue; vallée remplie de souffrances réelles, de joies souvent fausses, et si terriblement agitée qu'il faut je ne sais quoi d'exorbitant pour y produire une sensation de quelque durée. Cependant il s'y rencontre çà et là des douleurs que l'agglomération des vices et des vertus rend grandes et solennelles: à leur aspect, les égoïsmes, les intérêts, s'arrêtent et s'apitoient; mais l'impression qu'ils en reçoivent est comme un fruit savoureux promptement dévoré. Le char de la civilisation, semblable à celui de l'idole de Jaggernat, à peine retardé par un coeur moins facile à broyer que les autres et qui enraie sa roue, l'a brisé bientôt et continue sa marche glorieuse. Ainsi ferez-vous, vous qui tenez ce livre d'une main blanche, vous qui vous enfoncez dans un moelleux fauteuil en vous disant: Peut-être ceci va-t-il m'amuser. Après avoir lu les secrètes infortunes du père Goriot, vous dînerez avec appétit en mettant votre insensibilité sur le compte de l'auteur, en le taxant d'exagération, en l'accusant de poésie. Ah! sachez-le: ce drame n'est ni une fiction, ni un roman. All is true , il est si véritable, que chacun peut en reconnaître les éléments chez soi, dans son coeur peut-être.
La maison où s'exploite la pension bourgeoise appartient à madame Vauquer. Elle est située dans le bas de la rue Neuve-Sainte-Geneviève, à l'endroit où le terrain s'abaisse vers la rue de l'Arbalète par une pente si brusque et si rude que les chevaux la montent ou la descendent rarement. Cette circonstance est favorable au silence qui règne dans ces rues serrées entre le dôme du Val-de-Grâce et le dôme du Panthéon, deux monuments qui changent les conditions de l'atmosphère en y jetant des tons jaunes, en y assombrissant tout par les teintes sévères que projettent leurs coupoles. Là, les pavés sont secs, les ruisseaux n'ont ni boue ni eau, l'herbe croit le long des murs. L'homme le plus insouciant s'y attriste comme tous les passants, le bruit d'une voiture y devient un événement, les maisons y sont mornes, les murailles y sentent la prison. Un Parisien égaré ne verrait là que des pensions bourgeoises ou des institutions, de la misère ou de l'ennui, de la vieillesse qui meurt, de la joyeuse jeunesse contrainte à travailler. Nul quartier de Paris n'est plus horrible, ni, disons-le, plus inconnu. La rue Neuve-Sainte-Geneviève surtout est comme un cadre de bronze, le seul qui convienne à ce récit, auquel on ne saurait trop préparer l'intelligence par des couleurs brunes, par des idées graves; ainsi que, de marche en marche, le jour diminue et le chant du conducteur se creuse, alors que le voyageur descend aux Catacombes. Comparaison vraie! Qui décidera de ce qui est plus horrible à voir, ou des coeurs desséchés, ou des crânes vides?
C'est encore moi..
Bon oubliez le post précédent j'ai réussi à me débrouiller finalement
Par contre il subsiste deux petites questions sur ce même passage, toutes petites promis :)
Dans le dossier qui se trouve à la fin de l'oeuvre sont décrites les différentes fonctions du narrateur.
L'une d'elle, la fonction métanarrative, est définie comme consistant "à commenter le texte et à signaler la cohérence de son organisation interne".
Je voulais donc juste savoir si je c'était correct de dire que lorsque Balzac dis "comparaison vraie!" dans l'extrait ci-dessus il remplissait cette fonction.
Une autre est la fonction généralisante ou idéologique, et cette fois la meilleure défintion est un exemple même "La jeunesse n'ose pas se regarde au miroir de la conscience lorsqu'elle verse du coté de l'injustice, tandis que l'âge mûr s'y est vu : là gît toute la différence entre ces deux phases de la vie".
Pensez vous que "Le char de la civilisation, semblable à celui de l'idole de Jaggernat, à peine retardé par un coeur moins facile à broyer que les autres et qui enraie sa roue, l'a brisé bientôt et continue sa marche glorieuse" remplisse ces critères ?
Merci d'avance beaucoup