Yéochoua
Quand on écrit «Tonton Roger», par exemple, est-ce que tonton fait partie du nom du Roger cité?
Muriel
Bonjour Yeochoua,
J'ai l'impression qu'il n'en faut pas si papa, tonton, tata, oncle, sont suivis du prénom.
S'ils constituent l'appellation, j'en mettrais une.
Exemples :
- J'ai vu oncle Albert ce matin ;
- Eh ! Tonton, tu m'emmènes à la pêche ? ;
- Il est parti avec son papa ;
- Mais Papa, pourquoi tu m'as mis une claque ? ;
- Bonjour tante Paulette ! ;
- Je suis allé prendre ma collation chez Tantine ;
- Je vais en vacances chez ma tata ;
- Ma marraine, c'est Tata ;
- Ma marraine, c'est tata Germaine.
Muriel
Yéochoua
Merci. Je ne connaissais pas cette règle.
Jehan
Bonjour.
En fait, ce n'est pas vraiment une règle absolue !
Exemples et citations du TLF :
Mon, ton... papa, cher papa; jouer au papa et à la maman; bonjour papa; dis, papa, pourquoi...? Il commence à parler, il dit déjà papa et maman; où est votre papa?(Ac. 1935).
Ma fillette chérie. Il me semble que je vois là ton doux regard posé sur moi et qui me dit: Oui, mon petit papa. (HUGO)
« Ah! maman! ma chère maman! » s'écria-t-il, sans pouvoir retenir ce cri parti du plus profond de son cœur (VERNE)
"Baisers encore à papa et à maman." (ALAIN-FOURNIER)
Certes, il y aussi cet exemple :
Quand elles me disent cérémonieusement, mon père, elles me glacent; mais quand elles m'appellent Papa, il me semble encore les voir petites, elles me rendent tous mes souvenirs. Je suis mieux leur père.(BALZAC)
Conclusion ?
Muriel
Bonsoir,
Je précise, pour Yeochoua, que je n'ai pas énoncé une règle. J'ai simplement fait part de ma pratique et de ce qui me semblait être logique.
Muriel
Yéochoua
Quand on s'adresse à la personne directement et qu'on l'appelle par un de ces surnoms, que donnent les exemples de la littérature?
Jehan
Bonsoir, Yéochoua.
Quand je disais qu'il n'y avait pas de règle absolue, c'était naturellement à toi que je répondais.
Car Muriel, effectivement, avait bien pris soin de préciser d'emblée
qu'elle ne donnait que son impression.
Tu as plusieurs exemples d'appellatifs adressés à la personne dans les citations que je donne; la minuscule semble l'emporter. Mais les dictionnaires n'énoncent aucune règle, à moins que j'aie mal cherché... Je vais continuer à fouiller !
Encore des citations :
?Qu'est-ce que c'est que ça, pépé? demande Michou. (QUENEAU)
"Maman, maman, en faisant cette chanson,
Maman, maman, je r'deviens petit garçon..." (BRASSENS)
Muriel
En cherchant par
Google recherche de livres, on trouve :
-
« ... vois-tu, papa/Papa, ... »
-
« ... sais-tu, maman/Maman... »
La minuscule semble l'emporter assez largement.
(Je n'aurais aucune difficulté pour écrire « Mon cher papa », mais je ne pourrais pas écrire « Vois-tu, papa... ».)
Les recherches avec "père" et "mère" sont plus difficiles.
Jehan
En y cherchant "vois-tu, père/Père", les minuscules l'emportent tout aussi nettement, semble-t-il.
Muriel
Bonsoir Jehan,
Oui, cela semble vraiment l'usage... Mais ce qui est agaçant, c'est qu'on ne trouve de règle nulle part, comme si l'usage était évident ! Il ne semble pas évident, à moi...
Muriel
Jehan
Pas de règle précise à ce sujet, c'est vrai.
Néanmoins, on peut essayer de raisonner à partir d'une règle énoncée par le Robert des difficultés, partie "typographie". On y signale que les titres de civilité ne prennent pas de majuscules lorsqu'on s'adresse à la personne : "Non, monsieur le directeur". "Oui, monsieur le comte".
Ce qui serait étrange, c'est que la majuscule, non utilisée ici pour le titre de civilité "monsieur", devienne la règle pour l'appellatif plus familier "papa"... Dans ces conditions, la minuscule paraît plus cohérente.
Yéochoua
Le Président de la République, ou le président de la république?
Jehan
Ni l'un ni l'autre :
"le président de la République".
Yéochoua
Le titre ne donne donc pas droit à la majuscule.
Jehan
On ne peut rien te cacher ! =)
Muriel
Jehan a écritPas de règle précise à ce sujet, c'est vrai.
Néanmoins, on peut essayer de raisonner à partir d'une règle énoncée par le Robert des difficultés, partie "typographie". On y signale que les titres de civilité ne prennent pas de majuscules lorsqu'on s'adresse à la personne : "Non, monsieur le directeur". "Oui, monsieur le comte".
Ce qui serait étrange, c'est que la majuscule, non utilisée ici pour le titre de civilité "monsieur", devienne la règle pour l'appellatif plus familier "papa"... Dans ces conditions, la minuscule paraît plus cohérente.
Bonsoir Yéochoua et Jehan,
Très curieusement,
Le Robert des difficultés est en contradiction avec d'autres grandes références qui préconisent, elles, l'usage de la majuscule
quand on s'adresse à la personne :
voir Wikipédia qui résume.
Sur d'autres sites de typographie, cette majuscule est appelée « majuscule de courtoisie ».
Ce qui pourrait autoriser une majuscule à « papa » quand on s'adresse à lui, puisque c'est ce qu'ils appellent (papa) son « appellatif ».
Muriel
Jehan
D'accord...
Mais aucune des références n'est vraiment catégorique.
et ne contredit frontalement l'usage que j'ai décrit.
Même Laveaux, dès 1846, concède :
Nous convenons que, quand les majuscules sont nécessaires pour prévenir une équivoque, on fait fort bien de les employer ; mais nous pensons qu'excepté ces cas, qui n'ont lieu que dans un très petit nombre de mots et ceux où les lettres sont prescrites par un usage uniforme et constant on fait fort bien de les supprimer, et qu'il n'y a rien dans cette suppression qui puisse révolter la raison.
Les suivants, Littré, l'Académie, Grevisse, Doppagne restent mi-chèvre mi-chou et laissent tous plus ou moins le choix, selon l'intention du scripteur de marquer plus ou moins de déférence, d'honorer plus ou moins l'interlocuteur... voire de flatter sa vanité, comme font volontiers les publicitaires. Dans cet ordre d'idée, je ne trouve pas qu'une majuscule à l'affectueux et familier "papa" s'impose véritablement.
Je remarque que les règles du Robert que j'ai évoquées sont les mêmes que celles du
Lexique des règles typographiques en usage à l'imprimerie nationale,. Finalement, seul le
Guide du typographe romand semble en prendre le contrepied...
Yéochoua
Autres questions, variations sur le même thème.
Un Juif, c'est avec une majuscule, mais comment écrit-on un non-juif? Un Goï, est-ce péjoratif? Étymologiquement, ça veut dire peuple.
La Seine, ou la seine?
Merci d'avance.
Jehan
Bonjour.
En toute logique, on devrait écrire un non-Juif... en emploi substantif, et non-juif en emploi adjectival.
Quant à savoir si le terme "goy" (ou goï; féminin goye , pluriel goym, goïm ou goyim ) est un terme péjoratif, en soi, il ne me semble pas. Tout dépend sans doute de l'intention de la personne qui l'utilise, et dans quel contexte elle le fait.
La Seine, comme les autres noms de fleuves, prend évidemment une majuscule;
je ne te ferai pas l'injure de penser que tu l'ignorais.
La seine ou senne, filet de pêche, n'en prend pas, comme on s'en serait douté.
Yéochoua
Je ne savais pas, par contre, que le mot seine était un nom commun désignant un filet de pêche. Or, comme je l'avais, par erreur, écrit sans majuscule, j'ai été induit en erreur car le correcteur ne l'a pas souligné.
Bonne journée.