az
Bonjour,
Portant un intérêt égal à chacune des deux langues anciennes, je ne sais laquelle choisir.
Que me conseillez-vous? Laquelle est-elle la plus aisée d'apprendre? L'alphabet grec constitue-t-il un frein linguistique considérable? Laquelle est, d'un point de vue culturel, la plus intéressante, si tant est qu'il y en ait une plus intéressante que l'autre.
Arthur
Le grec est sans doute plus difficile au niveau de la grammaire (morphologie plus vaste, syntaxe souvent plus lâche) et du vocabulaire (notamment à cause des différents dialectes). De plus, la plupart des grammaires grecques fonctionnent souvent (jamais exclusivement, rassurez-vous) par analogie avec le latin (les deux langues ont beaucoup de structures en commun). L'alphabet n'est en revanche pas du tout un problème (c'est l'affaire de deux ou trois jours tout au plus). Du point de vue culturel, cela dépend de ce qui vous intéresse : les deux langues ont produit une vaste littérature, des ouvrages d'histoire, de sciences... Si vous êtes plus porté sur la philosophie, je vous conseillerais plutôt le grec, et sur le droit, plutôt le latin... mais cela reste un choix assez arbitraire. Personnellement, j'ai fait du latin depuis la 5e et j'ai commencé le grec en hypokhâgne, j'ai aujourd'hui un niveau à peu près équivalent dans les deux langues, et une aisance sans doute un peu plus grande en grec en lecture cursive.
Cordialement.
az
Merci de votre réponse. J'hésite encore. Je pense prendre la langue la plus logique.
Jehan
Si tant est qu'il y en ait une plus logique (ou moins logique) que l'autre...
Lucretius
Le latin est beaucoup plus "logique" que le grec dans le sens que sa morphologie compte beaucoup moins d'irrégularités, et qu'il y a moins de bizarreries dans la construction. Comme l'a très bien dit Arthur, les bases de la grammaire grecque demandent un effort d'apprentissage considérable. Pour un débutant, le latin est infiniment plus facile ; par la suite cela change car une fois les bases grammaticales maitrisées, la difficulté dépend essentiellement des auteurs. Néanmoins peut-on faire plus vicieux que Pindare?
Arthur
(Cela dit, la poésie grecque en général (sauf Homère, et un peu, Hésiode) n'est pas du tout étudiée en classes préparatoires. Les sujets d'interrogations de l'ENS se limitent aux dialectes attique (jusqu'à Julien l'Apostat) et ionien (Hérodote). Même Eschyle, et les choeurs tragiques sont rarement étudiés en khâgne, en raison des dorismes. Le grec de la Septante, du NT et des Pères n'est pas non plus abordé - au contraire du latin d'Ambroise, de Tertullien ou d'Augustin par exemple. Quant à Homère, il ne peut pas donner lieu à une version, il fait seulement l'objet d'une traduction improvisée - cinq à dix vers - à la fin de l'oral de l'ENS. Le candidat n'a donc pas besoin d'avoir de grandes connaissances en dialectologie... Notons aussi que Plaute et Térence peuvent tomber à l'épreuve de latin.)
Lucretius
Le candidat peut-il tomber sur Thucydide (auteur bien plus difficile qu'Homère) ?
Arthur
Oui, mais c'est assez rare, et réservé en général aux spécialistes de lettres classiques (un peu comme Tacite, Properce, Stace ou Plaute en latin).
poky38
L'inconvénient du grec c'est qu'il y a beaucoup d'accents et d'esprits mais je pense que le grec et plus simple à apprendre alors qu'un peut facilement confondre le latin avec d'autres langues vivantes.
De plus, en tout ce qui le constitue c'est une matière très intéressante pas assez choisie ni apprise ce qui diffère quant au latin que l'ont peut étudier dès la cinquième.
Je m'éloigne du sujet. Je trouve le grec plus logique, plus simple à apprendre et à comprendre.
AristoFan
Avis personnel, et qui n'engage que moi: je trouve le latin plus facile, mais le grec plus intéressant.
En outre, poky38, il me semble très difficile de confondre le latin avec une autre langue vivante, du moment qu'on en a fait ne serait-ce qu'un peu. En revanche, sans un oeil entraîné, on peut confondre grec ancien et grec moderne.
Concrètement, le grec a plus de modes, plus de temps (le latin n'a pas d'optatif ni d'aoriste) et utilise dans sa littérature plus de formes dialectales ou archaïques que le latin (qui semble plus unifié); le latin a plus de cas et plus de modèles de déclinaisons. Choisis ton camp, camarade!
Mais après tout, pourquoi ne pas prendre fromage ET dessert? ;)
Lucretius
AristoFan a écritle latin a plus de cas et plus de modèles de déclinaisons. Choisis ton camp, camarade!
Le latin n'a qu'un cas de plus, qui est par ailleurs très commode. Un élément morphologique de plus n'est pas forcément un obstacle. Par exemple, les grecs ont des participes à tous les modes et à tous les temps, cela donne de grandes facilités d'expression, tandis qu'en latin le système est incomplet, ce qui oblige à trouver des moyens de contournement. Pour le nombre de modèles dans la déclinaison, là aussi le grec emporte la palme : mais tu te laisses abuser par les classifications traditionnelles.
Ainsi "cornu" correspond à "?". Simplement dans un cas, on a décidé d'en faire une déclinaison à part entière, et dans l'autre cas on a décidé d'en faire une sous branche de la 3° déclinaison.
De fait, la 3° déclinaison grecque est un morceau qui rivalise largement avec la 3° et la 4° réunies, de la même façon que la 1° déclinaison grecque vaut bien à elle seule la 1° et la 5° latine mises ensemble.
N'oublions pas non plus que le grec comporte une voix de plus (le moyen), un nombre de plus (le duel) etc.
on peut facilement confondre le latin avec d'autres langues vivantes
Oui : par exemple le parfait latin ressemble furieusement au prétérit espagnol. Cette ressemblance a été pour moi un moyen d'apprendre plus rapidement la morphologie latine. Mais comme maintenant je ne pratique plus l'espagnol, j'aurais tendance maintenant spontanément à donner une forme latine plutôt qu'espagnole quand je conjugue.
AristoFan
Lucretius a écritPour le nombre de modèles dans la déclinaison, là aussi le grec emporte la palme : mais tu te laisses abuser par les classifications traditionnelles.
Oui c'est vrai, je n'y avais tout betement pas pense sous cet angle!
Pourquoi changer les bonnes habitudes? Gloire a Lucretius.
poky38
AristoFan, je peux paraître ridicule mais je ne suis pas la seule, certains peuvent confondre différentes langues. L'année passée (ça n'a été qu'une passe herueusement) nous confondions espagnol et latin et grec ancien et latin.
En grec ancine, il n'y a pas d'ablatif et je trouve que cette langue est presque plus logique que d'autres par son accentuation.
Je trouve la scansion latine plus difficile que la grecque aussi.
A quand les hiéroglyphes? ;)
ans tous les cas achète toi un bon gros dictionnaire (Bailly) et une grammaire ça peut toujours servir.
Lucretius
La scansion grecque est facilitée par l'existence de quatre lettres dont la quantité ne fait aucun doute. Mais comme l'hexamètre latin a des règles moins souples que l'héxamètre grec, et qu'il est souvent facile de retrouver les quantités avec des notions de phonétique historique, on peut dire que la scansion latine est un exercice assez facile, assez mécanique, qui demande juste un peu de pratique.
az
AristoFan a écritMais après tout, pourquoi ne pas prendre fromage ET dessert? ;)
Je veux garder ma LV2.
Sinon, je comprends rien de rien à ce que vous dites. :lol:
William
Le grec est sans doute plus difficile que le latin à cause de sa morphologie (mais bon, une fois que l'on maîtrise parfaitement les contractions de voyelles c'est du gâteau) et de son vocabulaire qui est moins facile à retenir. Ceci dit, je trouve personnellement que la littérature grecque a laissé plus de traces que la littérature latine dans notre civilisation, et que la pensée grecque atteint de nombreuses fois l'universalité. Le grec a cette souplesse et cette légèreté qui permet à l'esprit de s'y couler aisément, tandis que le latin par sa rudesse syntaxique et sa morphologique permet bien moins de choses, il est plus terre à terre et contraignant !
Lucretius
Le grec est sans doute plus difficile que le latin à cause de sa morphologie (mais bon, une fois que l'on maîtrise parfaitement les contractions de voyelles c'est du gâteau)
Non : la connaissance des contractions (par ailleurs indispensable) ne sert pas à grand chose pour les verbes athématiques et les verbes irréguliers, qui sont la véritable plaie de la morphologie.
En latin, il n'y a pas de verbes contractes, pas de verbes athématiques (si ce n'est le verbe être), et très peu de verbes irréguliers.
Ceci dit, je trouve personnellement que la littérature grecque a laissé plus de traces que la littérature latine dans notre civilisation
Je ne suis pas du tout d'accord : les poètes et les historiens latins comptent parmi les plus grands qui aient jamais été ; sans parler de l'art oratoire, et des traités scientifiques tels que ceux de Pline l'ancien. Quant à la philosophie, il ne faudrait pas oublier les modernes qui ont écrit en latin, comme Descartes ou Spinoza.
Je trouve donc qu'à égal intérêt, la langue latine offre l'avantage d'être un peu plus accessible pour un débutant.
William
D'un point de vue linguistique le latin est très intéressant parce que notre langue en est issue et que maîtriser cette langue nous permet de mieux maîtriser notre langue maternelle et d'aborder facilement l'apprentissage d'autres langues romanes comme l'italien et l'espagnol.
Mais d'un point de vue culturel .... le grec est bien plus enrichissant !
Il n'y a aucun grand philosophe s'exprimant en langue latine dans l'Antiquité ! L'empereur Marc Aurèle par exemple a préféré s'exprimer en grec pour parler de philosophie parce que le grec était pour les romains la langue de la culture. La rhétorique ? Certes nous avons de très beaux textes latins comme les Catilinaires de Cicéron mais nous en avons aussi chez les grecs, et c'est dans le monde grec qu'est né l'art de s'exprimer.
La tragédie est née en Grèce antique, Molière puise chez Plaute et Térence mais ces derniers ont puisé chez des grecs comme Ménandre.
Lucretius
Le latin ne se limite pas à l'antiquité : les savants et philosophes européens du moyen âge et de la renaissance ont écrit dans cette langue. Sinon, je ne pense pas que l'intérêt d'une culture se mesure à l'antériorité chronologique. Homère n'est pas supérieur à Virgile, Démosthène n'est pas supérieur à Cicéron, L'Énuma Elish n'est pas supérieure à la Théogonie d'Hésiode, Ésope et Phèdre ne sont pas supérieurs à La Fontaine, etc.
On peut être plus sensible à une langue qu'à une autre, une culture qu'à une autre. Les deux cultures sont historiquement si fondamentales et intéressantes, que je ne vois pas comment on pourrait objectivement attribuer à l'une une médaille d'or, et à l'autre une médaille d'argent. Choisir l'une que l'autre est plus affaire de sensibilité.
joachin
Oui c'est vrai, il vaut mieux faire les deux.
Honnêtement j'ai toujours préféré le grec, à la fois parce que c'est une langue qui paraît bien plus souple que le latin et parce que je trouvais la littérature grecque plus attirante. Quand on est débutant en grec, on rencontre des difficultés, mais il y a une sorte d'exotisme qui donne envie de s'y mettre. J'ai toujours eu beaucoup plus de mal à travailler le latin parce qu'il donne l'impression d'être assez terne en comparaison du grec et trop (faussement) proche du français.
L'alphabet grec, il est toujours bon de le rappeler, s'apprend en très peu de temps. En hypokhâgne, on peut rattraper rapidement le niveau des gens qui ont commencé le grec quelques années plus tôt, qui ont le désavantage d'avoir fait et refait des fautes sans toujours travailler efficacement au lycée.
Sur ces bons conseils, je te suggère de lire ne serait-ce qu'en français pour le moment de la littérature antique.
C'est souvent la littérature difficile qui donne envie de s'accrocher (Tacite, Thucydide, Eschyle, justement...)...
Bref, il faut se faire une idée, sentir l'atmosphère dans laquelle baigne une langue.
Bon courage !