Bonjour !
Au temps pour moi ! Vu la question qui vous est proposée, j'aurais mis en évidence le décalage constant entre la simplicité de Christian, médiocre d'emphase, et les attentes de sa belle Roxane. Notez que le romantisme de la scène, incarné dans la franchise de Christian, est presque entièrement détruit par "une demoiselle bien exigeante" (pour reprendre les termes d'une passionnée de cette pièce) ! Nous sommes ici en présence d'un Christian dont le manque de volubilité se heurte eux espoirs de Roxane, qui expose une conception très idéalisée - et assez particulière - de l'Amour, passant avant tout par un jeu de la parole ! D'où le comique de la scène...
Pourtant l'intitulé de votre premier axe d'étude (La maladresse de Christian sans Cyrano) m'intrigue : vous permet-on de travailler sur l'ensemble de l'œuvre (d'ailleurs la problématique s'y prêterait en y repensant) ? Si tel est le cas, un parallèle entre les scènes 5 et 7 de l'acte III me semble judicieux.
Remarquez également que l'extrait est riche d'informations ! On perçoit bien mieux le personnage de Roxane, son caractère, et déjà l'on voit se profiler le problème qui va s'imposer dans l'ensemble de l'œuvre. Soit dit en passant, il faut mettre en évidence la naïveté d'un Christian incapable d'aller au delà des apparences, comme en témoigne sa dernière réplique : "C'est un succès."
Roxane est étonnée et déçue de Christian qu'elle croyait être un précieux tout comme elle alors que c'est en fait un homme assez simple.
L'atmosphère de la pièce m'amène à voir les choses d'une manière sensiblement différente - il est préférable que vous restiez prudent :D ! Je ne pas sûr que Roxane soit déçue de découvrir en Christian un
non-précieux. Je crois plutôt que du fait qu'il est incapable de décliner son amour, elle ne le croit pas amoureux, ce qu'elle déplore assez explicitement : "ROXANE : Non ! Vous ne m'aimez plus !" (III-7). C'est un amour complexe, ou du moins un amour idéal que Roxane s'est forgé, une idée de l'amour dont elle ne peut (encore) se séparer ! J'interprète ses paroles ainsi : puisque tu n'es pas capable de me dire combien tu m'aimes, c'est que tu ne m'aimes pas. Voyez-vous ce que je veux dire ?
D'ailleurs à ce propos, pensez vous que la manière qu'a Roxane de s'exprimer peut s'apparenter au comique de mœurs ? Est-ce qu'il y a dans cette scène (et dans le reste de la pièce surement) une critique du mouvement précieux ?
Comique de mœurs ou de caractère ? Pour ce qui est de la critique du mouvement précieux, vous êtes seul juge mais les dates ne s'y prêtent pas réellement. Je ne m'avance pas trop, ne connaissant pas les engagements politiques de Rostand mais la pièce a été écrite au XIXe siècle quand le mouvement précieux date du XVIIe ! Bref, je ne m'y connais pas assez.
Ça vaut ce que ça vaut !
Bien cordialement,
Zadek.
P.-S. Contredit par Jean-Luc, si ce n'est pas révélateur, ça :lol: !