Lilix
Bonjour à tous, ceci est mon premier message sur le forum et voyant la qualité des réponses je me suis lancée: j'ai une anthologie de poésie à faire pour lundi et malheureusement je n'ai aucune idée de thème. je voulais me démarquer avec un thème original, autre que l'amour et la guerre...
j'ai pensé aux regrets ou bien au temps qui passe, qu'en dites-vous?
Merci d'avance =)
[supprimé]
Bonjour,
Que du bien ! L'actualité, la rélativité, le constat ! Que du bien !
Lilix
j'ai finalement opté pour le thème des regrets. J'ai passé toute l'après-midi à faire des recherches pour mon anthologie et je n'ai réussi à retenir que Ronsard et Mallarmé.. Mon anthologie doit comporter au moins 10 poèmes dont "deux du XVIe, un du XVIIe, au moins deux du XIXE et au moins deux du XXe". Je n'arrive pas à trouver de nouveaux axes de recherche, si vous avez des pistes ou bien des oeuvres à m'indiquer je vous en serai très reconnaissante =) merci d'avance
sevigne2010
pour le 2ème poète du 16ème Du Bellay avec Les Regrets (titre du recueil), à vous de voir pour le choix du sonnet...
Lilix
Merci! pour l'instant je n'ai que Ronsard, du Bellay, Mallarmé, N-G Léonard et une chanson de Jacques Brel (autorisée pour l'anthologie). merci si vous avez d'autres titres d'oeuvres parce que la je commence à me désespérer !...
sophie2912
Salut ! Je cherches aussi un thème original... Ma prof ne veut pas tous les thèmes "banals" comme le temps qui passe, ou l'amour, la vie,...
Help :|
gregjaja
Bonjour,
Je suis en première S, et je dois faire un recueil de 15 poèmes, avec un thème original. Auriez vous des idées, autres que les thèmes classiques (nature, guerre, mort, amour, inspiration), car j'aimerai vraiment trouver un sujet original !
Merci !
benerdji
Pourquoi pas la jeunesse ?
maktas
Bonjour à tous, ceci est mon premier message sur le forum et voyant la qualité des réponses je me suis lancée: j'ai une anthologie de poésie à faire pour lundi, sur les Poètes français des XIX et XX siecle
Pour mon thème je pense au : Sept pêchés capitaux , qu'en dites-vous?
LeoGardipan
C'est pas très original !
Je ferais un truc sur le mouvement perso
maktas
Pourquoi vous pensez que ce n'est pas original ?
Katuu Weariness.
Bonjour, j'ai une anthologie à réaliser pour le 21 Avril , et depuis la mi-Mars je cherche et cherche encore un thème original et surtout traité par des poètes reconnus . J'avais beaucoup d'idées mais je n'ai pas trouvé de poèmes qui collaient à ces thèmes .
J'ai donc pensé au repos ( paix , sommeil , bien-être ) et me suis dit que j'aurai pu trouver mon bonheur dans le romantisme mais je ne trouve pas de poème qui illustre parfaitement la chose ..
J'ai cherché : la lassitude , la rage , le rêve .. Mais quand je crois avoir trouvé ce que je veux, je me rends compte que le mot correspondant à mon thème apparaît une ou deux fois dans le poème mais le reste est un autre sujet ..
J'ai besoin de trouver de la précision .
Si quelqu'un comprends mon problème , à ce quelqu'un : Aidez-moi s'il vous plait :(
[supprimé]
Bonjour,
C'est tellement subjectif et personnel, la recherche d'un thème... Pourquoi pas "La poésie des objets" ? Ce n'est qu'une mince suggestion.
Katuu Weariness.
Avec ce thème je pense tout de suite à Ponge . Je vais chercher et si je trouve quelque chose , j'adopte !
Merci , si non j'ai trouvé de quoi faire avec le thème de la solitude qui me correspond plutôt bien , mais ça ne me semble pas très original ..
[supprimé]
Hello,
Il y a aussi Rimbaud et Le Buffet, Baudelaire et La Pipe.
Ceci dit, pourquoi vouloir être original(e) à tout prix ? On réussit très bien avec ce que l'on aime...
Aalbion
Bonjour, j'ai deux semaines pour faire une Anthologie poétique de 10 poèmes d'auteurs différents, écrits a des periodes différentes. je dois présenter au moins trois siècles et plusieurs mouvements littéraires. si possible avec des formes d'écriture variés.
l'originalité du travail sera valorisé, c'est pourquoi je cherche un thème pas trop gnangnan ou trop vue, genre l'amour, la tristesse,la femme...
J'avais pensé a la drogue ou la cigarette, mais trop peu de poèmes d'auteurs connus la dessus.
Alors je me suis rabattue sur L'érotisme...
Est-ce une bonne idée?
Avez vous d'autres idées de thèmes ou des poèmes a me proposer?
( j'avais penser a l'Albion, mais c'est trop restreint...)
Merci d'avance (:
lalouette
l'érotisme?
Le thème me semble difficile à respecter, parce que soit trop trash (villon et ses "bougres") soit trop gnangnan (Ronsard).
Tu vas, à coup sur, te retrouver à traiter le thème de l'amour. Et ça, ce n'est pas original. A moins que tu choisisse des poèmes vraiment bons sur le thème, car justement, l'amour, c'est tellement traité qu'on peut le voir de mille façons différentes! (et si ça trouve, personne ne l'aura choisi, de peur d'être classique justement).
Je pense tout de suite à Jean Genet, et son "poème du phallus", qui, pour le coup, raccrocherait à l'érotisme, parce que je trouve que toute une anthologie sur l'érotisme, c'est trop. Mais glisser un poème de Jean Genet dans le thème de l'amour, c'est audacieux, et puis, c'est dérangeant, mais absolument élégant ! -Une groupie, moi?-
(du coup, j'aimerai bien avoir à faire une anthologie!!)
Le fin'amor du moyen âge, les poèmes de Sappho, pourquoi pas un haiku? (je ne sais pas s'il y en a sur ce thème, c'est plutôt sur des thèmes de la nature, mais bon, on peut toujours chercher).
Sinon comme thème, que j'ai étudié en 1ère: les danses macabres, passionant !
Aalbion
En fait j'ai commencer mes recherches sur le spoemes erotiques & justement, j'en ai trouvé quelques un bien trash ( Con large comme un estuaire. Apollinaire)
& d'autre avec l'érotisme bien cacher ( lettre a alfred musset-george sand) ou en lisant une ligne sur deux, c'est presque une proposition de plan cul...
Les Danses Macabres? & ca donnait quoi comme poèmes a peu prés?
lalouette
Déjà une danse macabre est une fresque que l'on trouvait fréquemment dans les églises au XIV et XVème siècle, elle représente toutes les classes d'hommes, du plus humble jusqu'à l'empereur ou le pape, vêtu de rouge, entre chaque homme, un squelette, rigoureusement identique; la morale: la mort égalise tout.
Nous avions étudiés des poèmes sur la mort: Ronsard "je n'ai plus que les os, un squeulette je semble", DuBellay "Ombres poudreuses", Villon "Frères humains qui après nous vivez" repris par Rimbaud "Le bal des pendus", Louise Labé "quand mes larmes seront taries" (citations trèès approximative, mais c'est facile à retrouver sur google).
Ce sont des poèmes assez surprenants, que j'ai adoré étudier. La danse, par le rythme, l'oscillation entre désir de vie et désir de mort (on pourrait mettre quelques extraits de Céline, qui, pour moi, se rapproche de la poésie!)...
+ Une recherche rapide sur google: Henri Cazalis "la danse macabre" et d'autres, de Baudelaire notamment, finalement, on peut facilement en trouver 10 :)
Aalbion
Ça me plait assez je dois dire...
Je vais demander a ma prof si l'érotisme, même un peu trash la dérange, si oui, je pense que je me rabattrais la dessus...
J'ai commencer mes recherches sur les poèmes érotiques & j'en ai trouvé pas mal.
Oui il y en a un ou deux très trash, mais bon, ca change au moins, & il y en a deux que j'affectionne beaucoup.
Il m'en faut 10, les quels devrais-je garder?
Baiser
Quand ton col de couleur rose
Se donne à mon embrassement
Et ton oeil languit doucement
D’une paupière à demi close,
Mon âme se fond du désir
Dont elle est ardemment pleine
Et ne peut souffrir à grand’peine
La force d’un si grand plaisir.
Puis, quand s’approche de la tienne
Ma lèvre, et que si près je suis
Que la fleur recueillir je puis
De ton haleine ambroisienne,
Quand le soupir de ces odeurs
Où nos deux langues qui se jouent
Moitement folâtrent et nouent,
Eventent mes douces ardeurs,
Il me semble être assis à table
Avec les dieux, tant je suis heureux,
Et boire à longs traits savoureux
Leur doux breuvage délectable.
Si le bien qui au plus grand bien
Est plus prochain, prendre ou me laisse,
Pourquoi me permets-tu, maîtresse,
Qu’encore le plus grand soit mien?
As-tu peur que la jouissance
D’un si grand heur me fasse dieu?
Et que sans toi je vole au lieu
D’éternelle réjouissance?
Belle, n’aie peur de cela,
Partout où sera ta demeure,
Mon ciel, jusqu’à tant que je meure,
Et mon paradis sera là.
JOACHIM DU BELLAY (1542)
Con large comme un estuaire
Con large comme un estuaire
Où meurt mon amoureux reflux
Tu as la saveur poissonnière
l’odeur de la bite et du cul
La fraîche odeur trouduculière
Femme ô vagin inépuisable
Dont le souvenir fait bander
Tes nichons distribuent la manne
Tes cuisses quelle volupté
même tes menstrues sanglantes
Sont une liqueur violente
La rose-thé de ton prépuce
Auprès de moi s’épanouit
On dirait d’un vieux boyard russe
Le chibre sanguin et bouffi
Lorsqu’au plus fort de la partouse
Ma bouche à ton noeud fait ventouse.
Guillaume Apollinaire
Le Nombril
Nombril, je t’aime, astre du ventre.
Œil blanc dans le marbre sculpté,
Et que l’Amour a mis au centre
Du sanctuaire où seul il entre,
Comme un cachet de volupté.
Théophile Gautier, Poésies libertines
Les bijoux
La très-chère était nue, et, connaissant mon coeur,
Elle n’avait gardé que ses bijoux sonores,
Dont le riche attirail lui donnait l’air vainqueur
Qu’ont dans leurs jours heureux les esclaves des Maures.
Quand il jette en dansant son bruit vif et moqueur,
Ce monde rayonnant de métal et de pierre
Me ravit en extase, et j’aime à la fureur
Les choses où le son se mêle à la lumière.
Elle était donc couchée et se laissait aimer,
Et du haut du divan elle souriait d’aise
A mon amour profond et doux comme la mer,
Qui vers elle montait comme vers sa falaise.
Les yeux fixés sur moi, comme un tigre dompté,
D’un air vague et rêveur elle essayait des poses,
Et la candeur unie à la lubricité
Donnait un charme neuf à ses métamorphoses ;
Et son bras et sa jambe, et sa cuisse et ses reins,
Polis comme de l’huile, onduleux comme un cygne,
Passaient devant mes yeux clairvoyants et sereins ;
Et son ventre et ses seins, ces grappes de ma vigne,
S’avançaient, plus câlins que les Anges du mal,
Pour troubler le repos où mon âme était mise,
Et pour la déranger du rocher de cristal
Où, calme et solitaire, elle s’était assise.
Je croyais voir unis par un nouveau dessin
Les hanches de l’Antiope au buste d’un imberbe,
Tant sa taille faisait ressortir son bassin.
Sur ce teint fauve et brun, le fard était superbe !
Et la lampe s’étant résignée à mourir,
Comme le foyer seul illuminait la chambre,
Chaque fois qu’il poussait un flamboyant soupir,
Il inondait de sang cette peau couleur d’ambre !
Charles Baudelaire, Les fleurs du mal
Les deux prochains vont ensembles:
( Lisez une ligne sur deux)
Je suis très émue de vous dire que j’ai
bien compris l’autre soir que vous aviez
toujours une envie folle de me faire
danser. Je garde le souvenir de votre
baiser et je voudrais bien que ce soit
là une preuve que je puisse être aimée
par vous. Je suis prête à vous montrer mon
affection toute désintéressée et sans cal-
cul, et si vous voulez me voir aussi
vous dévoiler sans artifice mon âme
toute nue, venez me faire une visite.
Nous causerons en amis, franchement.
Je vous prouverai que je suis la femme
sincère, capable de vous offrir l’affection
la plus profonde comme la plus étroite
amitié, en un mot la meilleure preuve
que vous puissiez rêver, puisque votre
âme est libre. Pensez que la solitude où j’ha-
bite est bien longue, bien dure et souvent
difficile. Ainsi en y songeant j’ai l’âme
grosse. Accourez donc vite et venez me la
faire oublier par l’amour où je veux me
mettre
Reponse : ( Lisez le premier mot de chaque vers)
Quand je mets à vos pieds un éternel hommage,
Voulez-vous qu’un instant je change de visage ?
Vous avez capturé les sentiments d’un coeur
Que pour vous adorer forma le créateur.
Je vous chéris, amour, et ma plume en délire
Couche sur le papier ce que je n’ose dire.
Avec soin de mes vers lisez les premiers mots,
Vous saurez quel remède apporter à mes maux.
Alfred de Musset
Mignonne
Mignonne, sais-tu qu’on me blâme
De t’aimer comme je le fais ?
On dit que cela, sur mon âme !
Aura de singuliers effets;
Que tu n’es pas une duchesse,
Et que ton cul fait ta richesse,
Qu’en ce monde, ou rien n’est certain,
On peut affirmer une chose:
C’est que ton con vivant et rose
N’est que le con d’une putain !
Qu’est-ce que cela peut foutre ?
Lorsqu’on tient ces vains propos,
Je les méprise, et je passe outre,
Alerte, gaillard et dispo !
Je sais que près de toi je bande
Vertement, et je n’appréhende
Aucun malheur, sinon de voir,
Entre mes cuisses engourdies,
Ma pine flasque et molle choir !…
Stéphane Mallarmé
Polissonnerie
Je cherche un petit bois touffu,
Que vous portez, Aminthe,
Qui couvre, s’il n’est pas tondu
Un gentil labyrinthe.
Tous les mois, on voit quelques fleurs
Colorer le rivage ;
Laissez-moi verser quelques pleurs
Dans ce joli bocage.
- Allez, monsieur, porter vos pleurs
Sur un autre rivage ;
Vous pourriez bien gâter les fleurs
De mon joli bocage ;
Car, si vous pleuriez tout de bon,
Des pleurs comme les vôtres
Pourraient, dans une autre saison,
M’en faire verser d’autres.
- Quoi ! vous craignez l’évènement
De l’amoureux mystère ;
Vous ne savez donc pas comment
On agit à Cythère ;
L’amant, modérant sa raison,
Dans cette aimable guerre,
Sait bien arroser la gazon
Sans imbiber la terre.
- Je voudrais bien, mon cher amant,
Hasarder pour vous plaire ;
Mais dans ce fortuné moment
On ne se connait guère.
L’amour maîtrisant vos désirs,
Vous ne seriez plus maître
De retrancher de nos plaisirs
Ce qui vous donna l’être.
Voltaire
Prête aux baisers résurrecteurs
Pauvre je ne peux pas vivre dans l’ignorance
Il me faut voir entendre et abuser
T’entendre nue et te voir nue
Pour abuser de tes caresses
Par bonheur ou par malheur
Je connais ton secret pas coeur
Toutes les portes de ton empire
Celle des yeux celle des mains
Des seins et de ta bouche où chaque langue fond
ET la porte du temps ouverte entre tes jambes
La fleur des nuits d’été aux lèvres de la foudre
Au seuil du paysage où la fleur rit et pleure
Tout en gardant cette pâleur de perle morte
Tout en donnant ton coeur tout en ouvrant tes jambes
Tu es comme la mer tu berces les étoiles
Tu es le champ d’amour tu lies et tu sépares
Les amants et les fous
Tu es la faim le pain la soif l’ivresse haute
Et le dernier mariage entre rêve et vertu.
Paul Eluard
Jupe
Faite d’étoffe et de volupté
sensible et légère
Une envie de la froisser
la prendre en bandoulière
Subir cette force animale
me résister comme une corde
Longiligne et pourtant sculpturale
avant qu’elle ne me saborde
Croire en cette passion, simple chimère,
en ôtant de son corps cette soie incongrue
De ma belle chiffonière
je n’en reviendrai plus
Ethan Street, 2008
Musée secret
Des déesses et des mortelles
Quand ils font voir les charmes nus
Les sculpteurs grecs plument les ailes
De la colombe de Vénus.
Sous leur ciseau s’envole et tombe
Le doux manteau qui la revêt
Et sur son nid froid la colombe
Tremble sans plume et sans duvet.
Ô grands païens, je vous pardonne !
Les Grecs enlevant au contour
Le fin coton que Dieu lui donne
Otaient son mystère à l’amour ;
Mais nos peintres tondant leurs toiles
Comme des marbres de Paros,
Fauchent sur les beaux corps sans voiles
Le gazon où s’assied Éros.
Pourtant jamais beauté chrétienne
N’a fait à son trésor caché
Une visite athénienne
La lampe en main, comme Psyché.
Au soleil tirant sans vergogne
Le drap de la blonde qui dort,
Comme Philippe de Bourgogne
Vous trouveriez la toison d’or,
Et la brune est toujours certaine
D’amener autour de son doigt
Pour le diable de La Fontaine
Le cheveu que rien ne rend droit.
Aussi j’aime tes courtisanes
Et tes nymphes, ô Titien,
Roi des tons chauds et diaphanes,
Soleil du ciel Vénitien.
Sous une courtine pourprée
Elles étalent bravement,
Dans sa pâleur mate et dorée
Un corps superbe où rien ne ment.
Une touffe d’ombre soyeuse
Veloute, sur leur flanc poli
Cette envergure harmonieuse
Que trace l’aine avec son pli.
Et l’on voit sous leurs doigts d’ivoire
Naïf détail que nous aimons
Germer la mousse blonde ou noire
Dont Cypris tapisse ses monts.
À Naples, ouvrant des cuisses rondes
Sur un autel d’or Danaé
Laisse du ciel en larmes blondes
Pleuvoir Jupiter monnoyé.
Et la tribune de Florence
Au cant choqué montre Vénus
Baignant avec indifférence
Dans son manchon ses doigts menus,
Maître, ma gondole à Venise
Berçait un corps digne de toi
Avec un flanc superbe où frise
De quoi faire un ordre de roi.
Pour rendre sa beauté complète
Laisse moi faire, ô grand vieillard,
Changeant mon luth pour ta palette,
Une transposition d’art.
Oh ! comme dans la rouge alcôve
Sur la blancheur de ce beau corps
J’aime à voir cette tache fauve
Prendre le ton bruni des ors
Et rappeler ainsi posée
L’Amour sur sa mère endormi
Ombrant de sa tête frisée
Le beau sein qu’il cache à demi
Dans une soie ondée et rousse
Le fruit d’amour y rit aux yeux
Comme une pêche sous la mousse
D’un paradis mystérieux.
Pommes authentiques d’Hespéride,
Or crespelé, riche toison,
Qu’aurait voulu cueillir Alcide
Et qui ferait voguer Jason !
Sur ta laine annelée et fine
Que l’art toujours voulut raser
Ô douce barbe féminine
Reçois mon vers comme un baiser
Car il faut des oublis antiques
Et des pudeurs d’un temps châtré
Venger dans des strophes plastiques
Grande Vénus, ton mont sacré !
Théophile Gautier
Orientales
Perle ivoire et vermeil, dragée et draperie,
Maculent le palais de mes plus riches rêves
De leurs ombres gorgées d’une suave sève
Dont les palmiers brutaux nourrissent mes envies.
Lascives et vaincues des sultanes se plient
Aux regards de mes mains, et sans aucune trêve,
Dansent, nues et voilées, le long de lentes grèves
Où pavanent des paons dont elles boivent les cris.
D’immenses éventails chassent de leurs étoiles
Les eunuques attisés par des désirs de chair
Qu’un flamboyant démon envoute de son voile.
L’orient se couche alors comme un fauve de marbre
Dont les griffes damnées déchirent d’un éclair
Les rires d’un berger allongé sous un arbre.
Francis Etienne Sicard, Odalisques, 1995
Bonne Lecture, si vous voulez bien (: