Bonsoir, vous trouverez quelques éléments de réponse dans
Littérature française du Moyen Age de Michel Zink, puf, p.227, dans un chapitre consacré à l’allégorie (mais peut-être avez-vous déjà consulté cet ouvrage).
Extraits :
La notion d’allégorie et son champ d’application de l’Antiquité au Moyen Age
L’allégorie, grossièrement définie, est, on le sait, un procédé qui consiste à donner à une idée ou d’une abstraction une expression concrète, narrative descriptive ou picturale. Elle est un élément essentiel de la littérature, mais aussi, et d’abord de la pensée médiévales. Le Moyen Age voit en elle une figure de rhétorique et un principe de composition poétique, mais aussi, et d’abord un mode de déchiffrement du monde, de l’âme et des signes de Dieu. Dans le domaine des lettres françaises, elle trouve son expression la plus achevée au cœur du XIIIe siècle avec le Roman de la Rose .
[…]
[le monde médiéval n’oppose pas comme nous le faisons le concret et l’abstrait, le particulier et le général]. La seule distinction que connaît le Moyen Age est celle que réserve le mot symbole au seul domaine de la théologie – où il désigne chez Jean Scot une espèce de l’allégorie – tandis que le mot allégorie, tout en appartenant au vocabulaire de l’exégèse, doit à l’emploi qu’en fait la rhétorique de pénétrer le champ littéraire. Il faut donc […] oublier nos notions modernes touchant l’allégorie [cantonnée dans le rôle de l’ornement littéraire].
[…]
Il existe dans l’Antiquité deux définitions de l’allégorie. L’une, qui relève strictement de la rhétorique, est celle d’Aristote et plus tard de Quintilien : l’allégorie est une métaphore prolongée. L’autre, plus générale, est celle que retiendra surtout le Moyen Age : l’allégorie est un trope par lequel à partir d’une chose on en comprend une autre, ou encore : un trope par lequel on signifie autre chose que ce que l’on dit. C’est la définition d’Héraclite, reprise par saint Augustin, par Isidore de Séville, par Bède le Vénérable, par saint Thomas d’Aquin et par bien d’autres. Plus que la première, elle est sensible à la valeur herméneutique de l’allégorie, et elle s’accorde avec l’idée que le Moyen Age se fait de la vérité, toujours recouverte d’un voile (integumentum) qui la dissimule tout en signalant sa présence et en invitant à la chercher. Cette seconde définition s’applique ainsi de façon privilégiée à la fonction première de l’allégorie au Moyen Age, qui est d’être la méthode de l’exégèse.[…]
S’ensuivent un développement consacré aux poèmes latins du XIIe siècle, puis aux débuts de la littérature allégorique en français et plusieurs pages consacrées au
Roman de la Rose, ainsi qu’une petite bibliographie relative à l’allégorie au Moyen Age.
Edit :
A noter également que des éléments de réponse à votre question figurent aussi dans l'article ALLEGORIE de l'
Encyclopaedia Universalis (auteurs de l'article : F.ELSIG, JF GROULIER, J. LICHTENSTEIN, D. POIRION, D.RUSSO, G.SAURON)