Jehan
Bonjour, cher Edy.
Maintenant que me voilà bien reposé après une bonne nuit de sommeil (comme vous, j'espère), je m'empresse d'ajouter un post-scriptum essentiel à mon dernier message.
Il concerne ce que vous appelez un peu vite un "épiphénomène".
Lisons la définition du Robert:
EPIPHENOMENE : "phénomène qui accompagne le phénomène essentiel sans être pour rien dans son apparition ou son développement; phénomène secondaire, de peu d'importance."
Lisons maintenant les considérations les plus générales et les plus fondamentales sur le subjonctif rapportées par Denis et Sancier:
"Les analyses récentes ont affiné la réflexion et fait valoir des critères plus adaptés pour rendre compte de l'apparition du mode subjonctif... Le point de vue de l'énonciateur, son appréciation, son jugement... viendraient en fait se superposer à la vision même du procès envisagé."
La raison d'être fondamentale de l'emploi du subjonctif (quelles que soient les constructions et emplois envisagés) résiderait donc justement dans cette superposition du sentiment personnel au simple constat du procès. Rien à voir, donc, avec un "épiphénomène" secondaire et sans rapport avec l'emploi du mode.
Comme j'adore mettre les points sur les "i", je tiens à vous préciser encore une fois que j'emploie ici "sentiment" dans l'acception particulière sur laquelle nous semblons d'accord.
Dans l'attente de votre avis et de vos objections éventuelles à cette mise au point, recevez l'assurance de mes... sentiments les plus cordiaux.
Edy
Bonsoir, cher Jehan !
Je suis d’accord sur la terminologie.
A propos du « SUBJONCTIF » de la relative introduite par une INTERROGATION, Denis et Sancier écrivent :
- le groupe « antécédent + relative » est soumis à L’HYPOTHÈSE ;
- la relative ne peut inscrire dans le temps un procès chargé de définir un antécédent INCERTAIN, c’est-à-dire NON ACTUEL ;
- le subjonctif vient marquer, là encore, que le groupe ne s’inscrit pas DANS L’UNIVERS DE L’ÉNONCIATEUR.
Plus haut, ces auteurs disent : « pour peu que le support de la relative se trouve placé DANS LE CHAMP DES POSSIBLES, alors le mode subjonctif apparaît. »
Et sous « RELATIVE » : « le mode subjonctif apparaît également en relative déterminative lorsque la proposition dont dépend la relative NE PERMET PAS D’ACTUALISER LE PROCÈS, c’est-à-dire de le présenter par la chronologie comme appartenant à L’UNIVERS DE CROYANCE de l’énonciateur. C’est le cas avec une principale INTERROGATIVE. »
On y parle d’incertitude, d’hypothèse, de non actuel, de champ des possibles (par opposition à univers de croyances) et de RIEN D’AUTRE.
J’estime donc inopportun que vous parliez aussi D’AFFECTIVITÉ.
Pour parler plus clairement :
1 l’appréciation subjective, le sentiment personnel porte SUR LE CHAMP DES POSSIBLES ;
2 L’AFFECTIVITÉ N’ENTRE PAS EN LIGNE DE COMPTE ; aucune de mes grammaires ne la cite ;
3 l’affectivité peut y trouver place ACCESSOIREMENT POUR NUANCER l’interrogation.
Je propose que nous en restions là.
Très cordialement,
Jehan
Bonsoir, cher Edy.
Pardonnez-moi. Je comprends très bien que vous soyez las de ce qui vous apparaît de plus en plus comme un dialogue avec un sourd. Mais soyez assez gentil pour prendre connaissance de ce qui suit. Je serai le plus bref possible.
Caractéristiques de base du MONDE DES POSSIBLES selon Denis et Sancier, la contradiction avec ce qui est", tout comme "les faits qui pourraient être avérés" supposent obligatoirement et préalablement une estimation, un sentiment personnel, une appréciation subjective de l'énonciateur. Sentiment, ce mot là, vous ne l'enlèverez pas. Et je ne vous ferai pas l'injure de vous rabâcher encore l'acception dans laquelle je le prends ici.
"Affectivité" ? Grévisse emploie tout de même ce mot, entre autres termes, à propos du subjonctif en général. Certes, il se peut que pour notre cas précis, "aucune grammaire n'en parle" nommément . Mais il n'est pas interdit de raisonner par-delà le nominalisme et le formalisme.
J'ose espérer que vous ne serez pas lassé de nos échanges au point de négliger de répondre à mon tout dernier message sur l'autre site...
Très cordialement.
Jehan
"Grevisse" sans accent, naturellement. Au temps pour moi !
Edy
Bonsoir, cher Jehan !
Je suis seulement fatigué par mes handicaps, mais vous ne pouviez pas le savoir.
Finalement, il n’y a que le terme d’affectivité qui m’empêche de me rallier à votre démonstration.
Très cordialement,
Jehan
Bonsoir, cher Edy.
Je suis très touché de votre message. Effectivement, je ne pouvais pas savoir... Recevez toute ma sympathie et tout mon soutien.
Je n'ose plus tellement vous avouer, dans ces conditions, que j'ai de nouveau répondu, sur l'autre site, au "jet d'éponge" auquel vous vous étiez résolu. J'y défends ma thèse et mon interprétation de l'Usuel, j'y défends aussi les critères "sémantiques" contre les critères trop formels et scolaires. J'y souligne enfin que je n'ai jamais fait que mettre en pratique ce que vous proclamiez au tout début de nos échanges: il faut toujours creuser davantage. A tout âge, on n'a jamais fini de découvrir. Car il faut toujours "voir plus loin que le bout de ses mots", ainsi que je vous l'écris...
Une dernier petit signe de votre part sur l'autre site, même très bref, me ferait infiniment plaisir.
Bon courage pour tout. Très cordialement. :) Excusez-moi: "UN dernier petit signe", bien sûr.
Maria F
Bonjour,
Tout le fil de cette discussion a tourné autour de "il n'y a pas que", mais j'aimerais savoir si "il n'y a que" entraîne le subjonctif ou pas ?
Exemple : il n'y a que mon frère qui est/soit dispensé de cette corvée.
Je crois me souvenir qu'après une restriction s'ensuit le sujonctif, mais je n'en suis plus certaine ...
Grand merci d'avance !
[supprimé]
Cf.
Emploi du subjonctif, message n°28 (Anne345)
Il y a « présentatif »
(...) Accompagné de ne … que, il sert, comme C’est à mettre en évidence des éléments divers de la phrase. (...)
Le verbe qui suit, logiquement principal, mais formellement subordonné, se met traditionnellement au subjonctif (comp. les relatives au subj. précédées de seul ou d’une négation : § 1117, b), mais l’indicatif gagne du terrain sans qu’il y ait une nuance constante : Il n’y avait que lui, sa belle garce et nous qui le savions [dit un paysan] (Balzac, Chouans, Pl., p. 1032). [Sussions aurait détonné.] — Il n’y a que la glace qui me voit (E. et J. de Gonc., Man. Salomon, LXII). [Discours direct. Noter que voit est homophone de voie.] — Il n’y avait que les imbéciles qui résistaient au courant, et que les fous qui le devançaient (France, Lys rouge, III). [Discours indirect libre.] — Il n’y a que chez lui qu’il est heureux (dans Martinet, Gramm. fonctionnelle du fr., p. 140 [seul ex. du tour]). — L’indic. s’introduit facilement pour un fait futur : Il n’y a que vous que je reverrai avec plaisir.
(Grevisse)