Bonsoir, je dois bientôt rendre un commentaire composé (intro, deux ou trois parties et conclusion) sur le poème "Demain, dès l'aube..." d'Hugo. Je suis en 2nde et, malgré mes cours de français, je dois chercher des méthodes sur le net ou dans des livres pour travailler. Du coup, je ne sais pas du tout si mon texte répond aux consignes strictes du commentaire composé. J'aimerai savoir si mon travail "veut dire quelque chose" et si je suis sur la bonne voie! Je vous remercie d'avance et vous souhaite une très bonne soirée.
Demain, dès l'aube, à l'heure où blanchit la campagne,
Je partirai. Vois-tu, je sais que tu m'attends.
J'irai par la forêt, j'irai par la montagne.
Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps.
Je marcherai les yeux fixés sur mes pensées,
Sans rien voir au dehors, sans entendre aucun bruit,
Seul, inconnu, le dos courbé, les mains croisées,
Triste, et le jour pour moi sera comme la nuit.
Je ne regarderai ni l'or du soir qui tombe,
Ni les voiles au loin descendant vers Harfleur,
Et quand j'arriverai, je mettrai sur ta tombe
Un bouquet de houx vert et de bruyère en fleur.
« Demain, dès l'aube... » est un poème écrit par Victor Hugo en 1847 faisant partie du recueil des Contemplations publié en 1856. Le poète adresse ce texte à sa fille, Léopoldine, tragiquement décédée 4 ans auparavant. On peut donc se demander quel rôle joue le poème dans la vie de son auteur ? Pour répondre à cette question, nous allons successivement nous intéresser aux caractéristiques poétiques du texte, au voyage solitaire de Victor Hugo, ainsi qu'à l'amour immortel qu'il voue à sa fille.
« Demain, dès l'aube » est un poème constitué de trois quatrains en alexandrins. Victor Hugo était un auteur romantique et, comme ses condisciples, il a écrit sur le « mal du siècle » en exposant ses sentiments mélancoliques dans son œuvre.
Tout d'abord, on reconnaît le style lyrique dans la fréquente utilisation de la première personne. Au cours du poème, le locuteur se mentionne onze fois (vers 2, 3, 4 et 5), ce qui amplifie son profond malaise et la cruelle absence de « tu » (vers 2, 4 et 11). L'utilisation du « je » lyrique renforce donc l'expression de la tristesse d'un homme tourmenté.
Ensuite, la solitude et la tristesse, deux caractéristiques du style élégiaque, sont récurrentes dans le poème. Le narrateur, « seul » (vers 7), s'enferme dans sa peine : « Sans rien voir au dehors, sans entendre aucun bruit » (vers 6). Il espère ainsi combler son manque en niant la réalité et en se laissant submerger par son deuil: « triste » (vers 8), rejet qui illustre son chagrin. La perte de l'être cher lui est insupportable : « Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps » (vers 4). La coupe à l'hémistiche après « demeurer » met en évidence le terme « loin » qui allonge à la fois le temps et l'espace qui sépare Hugo de sa fille.
Victor Hugo entame un pèlerinage solitaire dans le but d’appairer sa souffrance.
En effet, le poème conte le voyage de l'auteur : « Je marchais les yeux fixés sur mes pensées » (vers 5). Le mouvement est lancinante et répétitive grâce à l'utilisation de ce premier trimètre (vers typiquement romantique). On peut également associer ce déplacement à un pèlerinage religieux : « Seul, inconnu, le dos courbé, les mains croisées » (vers 8) ; ce second trimètre image, à la fois par son rythme et les expressions « le dos courbé » et « les mains croisées », une procession.
Le pèlerinage du poète s'étale sur toute une journée : de l'« aube » (vers 1) jusqu'au soir : « ni l'or du soir qui tombe » (vers 9) ; cette métaphore annonce déjà la chute tragique du poème avec « tombe » de tomber qui rime par la suite avec le nom « tombe » au vers 11. Victor Hugo poursuit également un voyage intérieur méditatif qui le plonge dans une perpétuelle mélancolie. Il dit « demain » (vers 1) pour se persuader qu'il va atteindre son but, c'est-à-dire apaiser sa douleur et se rapprocher de sa fille mais il dit « le jour pour moi sera comme la nuit » (vers 8) ce qui connote le refus de voir la vie continuer autour de lui tant que Léopoldine occupe ses pensées.
L'amour qui unissait Victor Hugo à sa fille était fusionnel. Sa « chérie » était son inépuisable source de quiétude et d'inspiration jusqu'à ce qu'elle disparaisse. Confronté à la mort de son enfant, Victor Hugo entame un long deuil. Il écrit à plusieurs reprises des poèmes qui immortalisent son amour pour sa fille : « A Villequier » et « Elle avait pris ce pli dans son âge enfantin » en sont d'excellents exemples (1846).
Malgré la disparition de sa fille, le poète ressent sa présence et éprouve le besoin de lui parler. Il s'adresse à elle dans « Demain, dès l'aube » en intercalant les « tu » et les « je » dès la première strophe ou en s'imaginant un rendez-vous avec elle : « je sais que tu m'attends » (vers 2). Le poète refuse sa situation douloureuse en utilisant le présent qui renforce l'existence de sa fille parmi les vivants. Enfin , le rythme régulier du vers 4 (3/3/3/3) donne à la strophe un ton obsessionnel.
La détermination sans faille de l'auteur transparaît dans le parallélisme du vers 3 : « j'irai par la forêt, j'irai par la montagne » : les obstacles de la nature ne gêne pas son pèlerinage désespéré. Le rejet du vers 2 : « Je partirai » amplifie sa volonté d'agir au plus tôt, dès « demain ».
Tout au long du poème, le but ultime d'Hugo se précise. Le voyage est d'abord vague : « forêt » et « montagne » (vers 3) puis grâce à la synecdoque « Ni les voiles au loin descendant vers Harfleur » (vers 10) on atteint progressivement la destination du narrateur qui est Villequier (là ou repose sa fille). On devine également peu à peu la situation tragique dans laquelle le pèlerin se trouve jusqu'à la chute du poème ; la dernière action du poète étant « je mettrai sur ta tombe » (vers 11). On trouve ainsi la raison de la terrible tristesse de l'auteur.
Enfin, le dernier vers : « Un bouquet de houx vert et de bruyère en fleur » est comme une offrande que Victor Hugo fait à Léopoldine. Ces plantes, résistantes, symbolisent l'immortalité de leur amour au-delà la mort, de la même manière que la poésie traverse le temps.
« Demain, dès l'aube... » est une passerelle entre Hugo et sa fille qui établit un lien entre le passé et le présent. Un lien indéfectible jusqu'à sa propre mort. Ce texte préfigure la douleur que Victor Hugo éprouvera lors de son exil futur quand il ne pourra plus venir sur la tombe de sa fille : un déchirement, une mélancolie, une immense tristesse (cf « A celle qui est restée en France » 1855) ; autant de thèmes dont s'inspireront les auteurs romantiques.