J'ai découvert récemment une chanson de Hubert Felix Thiefaine (accès à la chanson et aux paroles via ce lien
https://www.youtube.com/watch?v=KeaFS3YkaVQ) et je soumets ce texte à votre sagacité. L'artiste (que je ne connaissais pas en réalité) semble assez confidentiel (pas un grand client des médias vraisemblablement et je ne pense pas qu'il soit assez formaté pour être diffusé à la télévision ou à la radio) Avez-vous des interprétations à proposer ? (il ne s'agit pas d'un devoir, je suis juste curieux et je pense que je pourrais bénéficier de l'expertise de quelques pointures dans le domaine de la littérature).
J'ai déjà quelques pistes mais c'est une poésie tellement opaque, symboliste que je peine à trouver un sens (même s'il s'agit vraisemblablement de l'expression d'un mal être intérieur très aigu). C'est une poésie qui m'évoque un peu les symbolistes avec un côté très hermétique. Elle me donne la même sensation que "le bateau ivre" de Rimbaud, je me laisse bercer par les mots sans vraiment en saisir le sens. On sent presque dans cette poésie une préciosité, une recherche du mot rare (certains pourraient dire que c'est même assez artificiel) à tel point que j'ai du ouvrir un dictionnaire pour certains mots ("corticale"). C'est du reste une poésie très dense, avec un grand réseau d'intertextualité, mais ma culture littéraire et artistique n'est pas assez vaste pour identifier tous les "hypotextes".
Voici toutefois les références que je pense avoir repérées (outre celles assez explicites à Antigone, Dante, Virgile,...) :
"Je dérègle mes sens et j'affûte ma schizo
Vous est un autre je et j'aime jouer mélo"
Clairement selon moi une référence à la lettre du voyant de Rimbaud, "dérèglement raisonné de tous les sens", "je est un autre",...
"Dans un décor d'absinthe aux tableaux véroleux"
: m'évoque les poètes maudits, leur goût des liqueurs fortes et la pourriture par laquelle finit souvent leur vie (Verlaine, Rimbaud,...)...
"Memento remember je tremble et me souviens"
: m'évoque le poème "l'horloge" dans les
Fleurs du Mal
"Remember ! Souviens-toi, prodigue ! Esto memor !
(Mon gosier de métal parle toutes les langues.)".
"Des moments familiers des labos clandestins
Où le vieil alchimiste me répétait tout bas"
Tout cela me fait penser au goût des poètes maudits pour l'alchimie ("alchimie du verbe") et pour les paradis artificiels.
"La toile d'araignée où mon âme est piégée"
: je pense que la référence au sonnet "Quand le ciel bas et lourd" de Baudelaire est assez claire ("Et qu’un peuple muet d’infâmes araignées
Vient tendre ses filets au fond de nos cerveaux").
Voilà, avez-vous des pistes, des interprétations à proposer ? Et si vous connaissez l'artiste, avez-vous des suggestions de chansons qui vous semblent intéressantes.