Pierre Goriot
Bonsoir,
je suis élève en 1ère L, et j'ai un texte extrait des Liaisons Dangereuses que j'ai étudié en lecture analytique.
En faisant mes révisions pour le bac, je suis tombé sur une liste de différents topos, dont celui du nouveau manuscrit.
Je me suis donc demandé si Les Liaisons Dangereuses était un roman épistolaire construit initialement avec le topos du nouveau manuscrit. J'ai fait quelques recherches, mais je n'ai pas trouvé satisfaction, du coup je vous pose ma question.
Merci de bien vouloir répondre.
Titania91
Bonjour,
Je ne connais pas cette expression de "nouveau manuscrit", je présume que cela fait référence au topos du manuscrit prétendument découvert par un auteur qui fait semblant de publier un écrit authentique ? Le début de la préface du rédacteur va dans ce sens :)
Pierre Goriot
Oui, pardon je voulais dire manuscrit trouvé, je ne sais pas pourquoi j'ai dit nouveau manuscrit.
Je voulais dire le manuscrit trouvé (prétendument) par l'auteur.
Merci beaucoup.
Titania91
Votre question est-elle de savoir si dès le début Laclos a eu l'intention de faire de son roman une correspondance prétendument authentique ou au contraire s'il voulait le présenter comme un vrai roman ?
Pierre Goriot
Ma question était de savoir si Laclos a eu l'intention de faire de son roman une correspondance prétendument authentique.
Vous avez confirmé que le topos allait dans ce sens, j'en déduis donc que Laclos a fait comme s'il avait trouvé les lettres, et qu'il se contentait de les publier, comme avec Marivaux et La Vie de Marianne, à la différence que ce n'est pas un roman épistolaire. En plus, je viens que le sous-titre des Liaisons Dangereuses parle de "Lettres recueillies", ça confirme donc la présence de ce topos, non ?
Je me suis mal exprimé ?
Felicitas
Bonjour,
Topos très très à la mode au XVIIIe siècle, et qui perdure par la suite. Dans cette catégorie de romans qui s'inspirent du topos du manuscrit trouvé, on retrouve aussi monsieur Rousseau et sa Nouvelle Héloïse (Julie ou la Nouvelle Héloïse pour être exact). De même que Laclos, Rousseau signale dès le sous-titre de son œuvre le caractère véridique de ses lettres, qu'il a pris le soin d'éditer sans travestir leur contenu (soi-disant), en précisant : Lettres de deux amants habitans d'une petite ville au pied des Alpes, recueillies et publiées par J.J. Rousseau.
Donc, dans une certaine mesure, on peut dire que Laclos, comme Rousseau, souhaitait donner l'illusion du réel en proposant des lettres prétendument authentiques. (Maintenant, créer l'illusion de la réalité, n'est-ce pas la volonté de tous les auteurs ? telle est la question.) Mais il faut insister sur le prétendument. En effet, tellement ce procédé est en vogue que les lecteurs de l'époque ne sont plus dupes, et sont habitués à ce genre de 'jeu' de la part des auteurs. On est presque dans le cliché. Dès lors, quand le romancier souligne qu'il n'a fait que recueillir une correspondance, c'est moins une façon de donner du crédit à son œuvre qu'une façon de signaler aux lecteurs le caractère fictif de l'écrit qui va suivre. En clair, le topos du manuscrit trouvé a pour but de donner du réalisme, de l'authenticité, de la véracité à une œuvre. Or c'est un procédé tellement employé notamment au XVIIIe s. qu'il devient un moyen de signaler aux lecteurs que le livre qu'ils tiennent entre leurs mains est le fruit de la totale fantaisie de leur auteur/créateur, qu'il est en somme essentiellement fictionnel.
Laclos voulait sans doute perpétuer cette mode...
Digression peut-être un peu douteuse : c'est comme les promesses des présidents, elles sont posées comme vraies et potentiellement faisables et effectives pour celui qui les fait (le président), mais le peuple n'est pas complètement dupe...
Dans l'espoir d'avoir apporté une réponse claire et éclairante...
Bonne journée
Pierre Goriot
Bonjour,
oui merci vous m'avez beaucoup éclairé sur la question, et j'ai beaucoup aimé votre comparaison à la fin x)
Merci de m'avoir répondu rapidement et d'avoir pris le temps de me donner une réponse très précise.
Bonne soirée.