C’est comme tu veux, Freddy. Nous parlons toutefois de littérature allemande également. Que les modérateurs décident !
Bon ! 😉
Bonjour Jocrisse,
Je réponds point par point à vos deux messages.
« Si j’ai déjà utilisé "venir’", je fais quoi avec "kommen"? Il y a "aus", donc je mets "sortir" et l’affaire est faite, peut-être... Ça ne me sort pas de la tête quelque chose comme ça ?
= > Oui, un truc comme ça, mais pas assez poétique.
« Avant d’attaquer la suite, j’aurais une ou deux questions à l’homme/la femme de l’art, moi qui ne suis, comme je vous ai dit, qu’un amateur, un passionné, mais avide d’info. »
=> Relativisons mes compétences. J’ai d’abord enseigné l’allemand (vingt ans) puis le français (idem). Donc, j’ai oublié par mal de choses.
1/ c’est un exercice un peu impossible, mais dans la poésie française, quel serait pour vous le poète qui ressemble le plus à Heine ? J’en vois deux, j’aimerai savoir si vous avez les mêmes....
=> Étrangement, Heine ne fut jamais au programme lors de mes études et je le connais assez peu, à part une vision de son existence un peu faussée selon ce que vous avez dit dans un autre message. Juif converti au protestantisme dans l’espoir d’obtenir un poste dans l’administration prussienne, d’origine rhénane (d’où « La Lorelei »). Courts poèmes lyriques + prose satirique qui mettait en garde contre les doctrines nationalistes.
Donc, je ne saurais répondre à votre question. Mais à quels poètes français pensez-vous ?
2/ Est-ce que vous pouvez me dire comment vous voyez ce qu’on a appelé "la Jeune Allemagne".
=> Même réponse, mais enfin, voici ce j’en sais (pas grand-chose) d’après les quelques notes qi me restent sur Heine :
- Les écrits de Heine (qui critiquait sans cesse son pays et ses compatriotes) furent interdits dans la Confédération germanique. Il appartenait à la « jeune Allemagne » (en gros 1830-1848), mouvement libéral, social et rebelle, mouvement auquel il put appartenir car il était libéré des restrictions raciales par Napoléon. Comme vous le savez, il alla vivre à Paris après la Révolution de 1830, attiré par l’esprit français dont il aimait le « Witz » (la « pointe » ironique) et fut l’ami de George Sand et de Victor Hugo.
Mais je ne vous apprends rien. Toutefois, il me semble que ce mouvement exista vraiment, avec effectivement divers auteurs provenant d’horizons variés (Heine étant le chef de file) dont le mot d’ordre était « liberté ».
De toute manière, un mouvement littéraire n’existe qu’après (fabriqué par les critiques littéraire ou autres gens de bonne compagnie qui veulent mettre un nom sur tout et catégoriser l’esprit humain). On voit mal tel ou tel auteur déclamer : « J’appartiens au romantisme » ou bien « Je suis un symboliste » ! Possible donc que Heine, avec sa liberté d’esprit, ait refusé d’appartenir à ceci ou cela, et ait même nié l’appellation « jeune Allemagne » avec son « so genannt » (mot à mot « ainsi nommé ».
Il y a autre chose pour regrouper ces gens de cette façon ?
=> Je ne crois pas.
En ce qui concerne Meyerbeer, Wagner et la judéité, je ne saurais vous répondre, sauf par l’antisémitisme latent en Europe d’une manière générale.
Je ne sais si j’éclairerai un jour ce mystère.
=> L’être humain « normal » est méchant et jaloux (enfin, j’exagère un peu, disons que l’homme n’est pas bon naturellement. À mon avis, Rousseau a tort). Même si le donateur n’attend rien en contrepartie et agit avec la générosité la plus pure, le receveur lui en veut, souvent inconsciemment. Même chose dans les relations amicales : un ami vient vous confier sa détresse par exemple. Vous l’aidez de votre mieux. Et puis tout s’arrange pour le soi-disant ami qui vous abandonne sans plus barguigner, furieux d’avoir eu un témoin de sa faiblesse... Orgueil mal placé, sans doute.
Prendre anglais, on vous raconte à longueur de journées que c’est une nécessité, on se résigne, mais pour l’allemand, c’est un choix, non ?
=> En Terminale LVI, c’est possible, peut-être, bien que la littérature ait pratiquement disparu des programmes, hélas ! De moins en moins d’élèves apprennent l’allemand, langue réputée trop difficile, ce qui est faux. Oui, l’allemand est un choix courageux. Mais dans certaines académies, le CAPES d’allemand a disparu. Par ailleurs, une année (il n’y a pas longtemps), personne n’a été reçu au CAPES d’allemand, le niveau étant trop bas. Guère étonnant avec l’amaigrissement progressif des programmes, et ce dans toutes les matières (en français notamment, peut-être aussi en philo ? Perso, j’ai toujours mes deux tomes L’Action et La Conaissance (de Huisman et Vergez)
Ein Märchen aus alten Zeiten
Das kommt mir nicht aus dem Sinn
Une question : à l’oral, on ne dira pas "aus dem", plutôt "aus’m", de manière à ce que ça ne fasse qu’une syllabe ?
=> Non.
l’important n’est pas tellement la manière dont il dit, mais le sentiment qui passe.
=> Oui. À ce propos, une anecdote que vous connaissez peut-être. Le Premier Faust de Goethe a été traduit par Nerval qui avait fait de l’allemand au lycée, parlait allemand et connaissait assez bien l’Allemagne (cf. son Voyage en Orient). Ceci dit, on relève de nombreuses erreurs de traduction. Goethe a lu le texte et a dit en substance qu’il ne s’était jamais aussi bien compris que dans la traduction du poète, qui visait sans doute l’esprit davantage que le la lettre.
Faire du Nietzsche moche, c’est une erreur et une trahison
Absolument d’accord. Il écrit de la « philosophie » avec des dons poétiques. D’ailleurs, je vois en lui davantage un écrivain philosophe qu’un philosophe pur jus.
Un conte des temps anciens
Qui ne sort pas de mon esprit
=> Correct.
Lefebvre (mon édition Pléiade) :
Un conte d’autrefois que je ne cesse
D’entendre dans mon souvenir
=> Mieux que sa traduction des deux premiers vers. « Que je ne cesse /D’entendre dans mon souvenir » est plus poétique que « Qui ne me sort pas de l’esprit ».
Je pense en revanche que "vieux" (trad. obvie de "alt") ne va pas. "Vieux", il y a l’idée de quelque chose de révolu, voire de plus ou moins moisi, ce n’est pas l’idée, puisque ces contes anciens sont toujours là, il n’arrive pas à se les sortir de l’esprit.
=> Exact.
Je suis plus gêné avec "Sinn", le sens...
=> « Sinn » est la traduction littérale de « sens ». « Esprit » va mieux, mais pas assez poétique. Non, « la mémoire » c’est « das Gedächtnis ».
Pour « Gesinnung », voir ici :
https://fr.pons.com/traduction/allemand-fran%C3%A7ais/Gesinnung
Donc, voici ma version :
« Un conte du temps passé
Qui hante ma mémoire. »
On peut supprimer qui :
« Un conte du temps passé
Hante ma mémoire.
(Plus léger)
Voilà. Ce qui donne ces quatre vers pour moi :
Je ne sais d’où me vient
Cette immense tristesse.
Un conte du temps passé
Hante ma mémoire.