Il s’agit d’une ode de consolation qu’Horace adresse à Virgile pour l’inviter à une attitude de résignation. L’ode est traduite et longuement commentée sur le site du Professeur Deproost de l’UCLouvain en Belgique, il me reste cependant quelques petites interrogations assez mineures ou quelques demandes de clarifications.
Multis ille bonis flebilis occidit,
10 nulli flebilior quam tibi, Vergili.
Sur le sens de l’adjectif "flebilis" : digne d’être pleuré ou déplorable dans le sens "objet de pleurs" ?
C’est à dire "cet homme est mort, digne d’être pleuré de beaucoup de gens de bien, mais plus digne d’être pleuré de personne que de toi, Virgile", dans le sens que cet homme était moralement et humainement si exemplaire qu’il était surtout digne des larmes et lamentations d’un grand poète, ou dans le sens que cet homme est un objet de pleurs et de lamentations spécialement pour Virgile dans la mesure où il était un ami du poète ? "objet de pleurs pour beaucoup d’hommes de bien, mais plus objet de pleurs pour personne que pour toi, Virgile" ?
La nuance est assez fine, mais ça me gêne un peu dans la compréhension linéaire de l’ode. La question ne doit pas être spécialement pertinente puisqu’elle ne fait l’objet d’aucun commentaire spécifique sur le site du Professeur Deproost, mais ça me travaille un peu.
11 Tu frustra pius, heu, non ita creditum
12 poscis Quintilium deos.
Je n’évoque même pas l’incise "ita creditum" qui a fait couler beaucoup d’encre, une belle synthèse sur les différentes hypothèses est proposée par le Professeur Deproost, cela dit, si vous voulez y aller de votre mot d’explications, n’hésitez pas.
Quid si Threicio blandius Orpheo
auditam moderere arboribus fidem,
15 num uanae redeat sanguis imagini,
Syntaxiquement, vanae imagini est-il ce qu’on appelle dans la syntaxe des cas un datif de "destination" ou "de but" (ou alors datif de destination/but est une terminologie idiosyncratique et personne d’autre que moi ne l’utilise) ? le sang reviendrait-il à un vain fantôme ? Il ne me semble pas que le préverbe "re" fasse partie des préverbes qui appellent le datif.
quam uirga semel horrida,
17 non lenis precibus fata recludere,
Grammaticalement, dois-je comprendre non doux / intraitable aux prières de rouvrir les destins ? Ou intraitable à rouvrir les destins aux prières (precibus dépend alors de "recludere") ? Fondamentalement, le sens est le même...
nigro compulerit Mercurius gregi ?
Nigro gregi : datif complément du verbe à préverbe com-pulerit ? Dans ce cas on traduirait par "qu’a poussé AVEC le noir troupeau Mercure" ? Il pourrait, d’après le Professeur Deproost encore, également s’agir d’un datif de but ou de destination (désolé si cette terminologie ne vous est pas familière), "qu’a poussé VERS le noir troupeau" ?
En lisant une autre ode (hommage d’Horace à une fontaine), il me vient une autre question :
Après avoir évoqué le sacrifice d’un jeune chevreau aux eaux de la fontaine, dans la deuxième strophe Horace poursuit (avec un enjambement) :
Frustra : nam gelidos inficiet tibi
rubro sanguine riuos
lasciui suboles gregis.
En vain, car le rejeton d’un troupeau folâtre tâchera de son sang rouge tes eaux glacées.
Syntaxiquement, le tibi est-il ce que l’on appelle dans les syntaxes latines un "dativus sympatheticus" qui marque le possesseur ? (si cette terminologie ne vous est pas familière, j’entends par dativus sympatheticus un datif qui exprime le possesseur dans une relation de possession inaliénable entre le possesseur et la possession (souvent un homme et une partie du corps, très fréquent dans la langue parlée, chez Plaute notamment).