3312. Homs est comparagiez au monde,
L’homme est comparé au monde,
Si l’apeloit l’on droitement
Si bien qu’on l’ appelait à bon droit
« Maindre monde » ancienement.
« le plus petit monde » autrefois.
3315. Il a quatre elemens au monde :
Il y a quatre éléments dans le monde :
Le ciel, l’air et la terre et l’onde,
Le ciel, l’air, la terre et l’eau,
Et de ces quatre sont compostes
Et de ces quatre éléments sont composées
Toutes choses et sont ressoutes
Toutes choses, et elles sont désagrégées
En ces quatre finablement.
En ces quatre éléments en fin de compte
3320. En cors d’omme samblablement
De même, dans le corps de l’homme
A quatre principaus parties,
Il y a quatre parties principales
Qui par samblant sont converties
[difficile : est-il question du rapport objectif des 4 parties du corps aux 4 éléments, ou de l’acte même de les comparer que le texte prend en charge ? franchement je ne sais pas]
Aus quatre elemens devant dis.
Aux quatre éléments précedemment nommés.
Il y a la teste et le pis,
Il y a la tête et la poitrine
3325. Le ventre et les piés. Or orrons
Le ventre et les pieds. A présent nous entendrons
Comment et por quoi nous porrons
Comment et pourquoi nous pourrons
L’un à l’autre comparagier.
Comparer l’un à l’autre.
Le ciel, plus haut et plus legier,
Le ciel, plus haut et plus léger,
Puet l’en comparer o le chief,
On peut le comparer avec la tête,
3330. Et l’air au pis et de rechief
Et l’air à la poitrine et de nouveau
Puet l’en comparagier de plain
On peut comparer complètement
Le ventre, qui d’umeur est plain,
Le ventre, qui est rempli d’humeurs
A mer, qui les humors contient,
À la mer, qui est constituée de liquides ;
Et la terre, qui tout soustient,
La terre qui soutient tout
3335. Aus piez, qui tout le cors soustienent.
Aux pieds qui soutiennent tout le corps.
Ensi ces choses s’entr’avienent.
Voilà comment ces choses se rapportent les unes aux autres.
Ou ciel est assis hautement
Haut dans le ciel a son siège
Diex, et l’ame siet proprement
Dieu, et l’âme son siège comme il convient
Ou chief. En dieu sont trois persones,
Dans la tête. Trois personnes sont en Dieu
3340. Et l’ame a trois poissances bones,
Et l’ame possède trois bonnes facultés
Qui tout ont le gouvernement
Qui ont toute la conduite
Du cors. L’une est entendement,
Du corps. L’une est l’intellection,
L’autre est raison meditative,
L’autre est la raison,
L’autre est force judicative.
La dernière est le jugement.
3345. Ou ciel sont dui grant luminaire :
Dans le ciel, il y a deux grands astres :
Lune et soleil, et ou viaire
La lune et le soleil, et dans le visage
D’ome a deus iex ou firmament
de l’homme, il y a deux yeux placés nettement [?]
De la face assis plainement,
Dans le firmament du visage
Qui tout le cors d’ome enluminent,
Qui éclairent tout le corps de l’homme.
3350. Et les iex le cuer endoctrinent
Les yeux instruisent le coeur
De ce qu’il ont defors veü.
De ce qu’ils ont vu au-dehors,
Et par eulz est au cuer seü.
Et cela est connu du cœur grâce à eux.
En l’air vont les nues volant,
Dans l’air les nuages vont volant [vous pouvez garder le tour aller + gérondif, vieilli en fr. moderne, mais dans ce cas il n’y pas d’accord de la forme en -ant]
Et ou pis li divers talant,
Et dans la poitrine les différents désirs,
3355. Les pensees et li voloir,
Les pensées et la volonté,
Come les nues font en l’air.
Comme les nuages font dans l’air.
[il peut-être possible d’élucider le texte et de défaire les GN dans les vers suivants, auquel cas je propose :]
Or y a clarté de leësce,
Tantôt, la joie apporte la clarté
Autre hore obcurté de tristesce,
Tantôt, la tristesse apporte l’obscurité,
Vens de vaines temptacions,
Des vents faits de tentations vaines
3360. Escrois de corruscacions,
Ou un tonnerre fait de colère [c’est nécessairement un sens figuré de corruscacions. On peut essayer quelque chose avec l’expression « colère tempétueuse » qui est courante en fr. moderne !]
De ramposnes et d’ataïne
De railleries et de querelle,
Et feu de corrous et d’aïne,
Le feu du chagrin et de la haine,
Qui les maindres vait opressant.
Qui va opprimant les plus petits. [même remarque à propos d’aller + gérondif. Pour traduire l’aspect, on peut s’en tenir à « opprime »]
Tel tempeste vont repressant
De telles tempêtes vont accablant [=> je dirais à cause du préverbe et du tour aller + gér : « ne cessent d’accabler »]
3365. Pluie et noif et grelle, comant
de pluie, de neige et de grêle, [je pense qu’il faut comprendre comme vous le faites represser avec ces trois régimes directs : accabler de, harceler de. Attention à la coordination : deux « et » en afr., mais un seul en fr. moderne]
Qu’aucun par l’amonestement
Bien que certains par le conseil [attention à comant que, conj. de sub.]
De saint precheïs se restraignent
Se modèrent grâce aux saints prêches
3368. Et se tardent qu’ils ne mespraignent.
Et se retiennent de mal agir.
Bonjour, voici quelques corrections et propositions. C’est un texte délicat ! auriez-vous la gentillesse de me dire s’il s’agit d’un devoir pour la fac ? si oui, je suis curieux de savoir en quelle année vous êtes.