Bonjour à tous,
Je vous présente d’abord mes meilleurs vœux pour cette année 2021.
En vue du CAPES (et pour le plaisir surtout), je lis quelques pièces de littérature latine que je n’ai pas eu l’occasion de lire durant mon parcours académique. J’ai lu ce matin une élégie de Properce mais il me reste quelques questions.
Propertius Book II (thelatinlibrary.com) Il s’agit de l’élégie II, 3.
A/
"et turpis de te iam liber alter erit."
Au niveau du sens, est-ce que ça signifie que l’auteur se couvre de honte en se consacrant à de la poésie élégiaque "mièvre" au lieu de se consacrer à des travaux sérieux ? Un peu comme lorsqu’Ovide proclame au début des Amours qu’il remplacera le genre épique par de la poésie amoureuse, jugée moins digne.
B/
"nec me tam facies, quamvis sit candida, cepit
(lilia non domina sint magis alba mea :
ut Maeotica nix minio si certet Hibero,
utque rosae puro lacte natant folia),
Non tant ton visage, bien qu’il soit éclatant, m’a captivé (les lys ne pourraient pas être plus blanches que ma maîtresse) comme si la neige Méotique rivalisait avec le rouge d’Espagne, comme les feuilles de rose nagent dans un lait pur.
"sint" est un subjonctif de possibilité ? les lys ne pourraient être plus blanches que ma maîtresse". J’ai aussi trouvé la leçon "sunt" que je préfère mais peu importe. . si certet : subjonctif dans une protase, potentiel ?
C/ "par Aganippeae ludere docta lyrae"
instruite à jouer, égale à la lyre d’Aganippé ?
Je ne comprends pas la morphologie de "par". Est-ce un nominatif féminin singulier (Cynthia, égale à la lyre d’Aganippé ? mais on a déjà docta) ou un accusatif neutre singulier COD de "ludere" ? (Cynthia, instruite à jouer un morceau égal à la lyre d’Aganippé)
Ce qui me gêne c’est qu’on compare Cynthia à une lyre, il y a une forme d’ellipse ou de glissement qui me trouble.
D./
" carmina quae quivis non putat aequa suis."
"chants que n’importe quel poète ne pense pas égaux aux siens ? " dans le sens où tous les auteurs reconnaissent la supériorité des poèmes de Cynthie sur les leurs ?
E/
" digna quidem facies, pro qua vel obiret Achilles;
vel Priamo belli causa probanda fuit.
Est-ce que ça désigne bien Hélène ? "ce visage certes était digne qu’Achille succombât pour lui (avec une proposition relative qualificative en fonction de complément de l’adjectif digna), pour lequel Priam devait approuver la guerre (pour lequel la cause de la guerre devait être approuvée par Priam) ?
ça ne peut pas désigner le visage de Cynthia ? J’imagine que non, car niveau concordance des temps on aurait eu "obisset" et "fuisset" (ce visage eût été digne qu’Achille succombât pour lui et que Priam approuvât la guerre).
+ pro qua : ablatif (pro qua facie)?
F/
"hac ego nunc mirer si flagret nostra iuventus?"
pulchrius hac fuerat, Troia, perire tibi.
Je m’étonnerais que notre jeunesse s’enflamme pour elle ?
Il eût été plus beau pour toi, Troie, que tu périsses pour elle."
hac : ablatif de cause qui désigne la jeune fille ?"pulchrius" attribut au neutre singulier du sujet "perire" ? Périr pour elle eût été plus beau ? Troia : vocatif d’interpellation tibi : datif d’avantage pour désigner "Troie" ? fuerat a un sens d’irréel (comme souvent les indicatifs des verbes de type "possum", "decet" ont un sens conditionnel en français.)
G/
hic dominam exemplo ponat in arte meam"
"que le peintre place ma maîtresse comme exemple dans son art."
En gros qu’il la prenne pour modèle, mais je ne comprends pas trop la valeur du datif "exemplo". Datif d’avantage (un peu comme un double datif ( "prendre quelque chose à exemple") ?
E/
" aut mihi, si quis,
acrior, ut moriar, venerit alter amor "
Ou si un autre amour venait (venerit : futur antérieur en face du futur simple moriar) plus fort, que je meure.
Niveau syntaxique, qu’est-ce que ce "ut moriar" ?
Est-ce que ça signifie qu’il succomberait à un amour plus fort car son amour pour Cynthie est déjà immense, au degré le plus élevé ?
En vous remerciant chaleureusement,
Maxime.