Bonjour,
Il me semble que c’est un préjugé de penser que dans certaines disciplines, la notation est subjective. De même, il est illusoire de penser qu’elle serait rigoureusement objective dans les disciplines scientifiques. Tout cela relève plus de la légende urbaine.
Les correcteurs à l’université, professeurs d’université pour la plupart, sont tout aussi rigoureux que leurs équivalents dans les sciences dites "dures" ou fondamentales. Vous serez surpris d’apprendre que la recherche en lettres, langues ou philosophie fait partie de la recherche scientifique... Les mêmes exigences et la même éthique y ont cours.
On ne note pas en fonction de nos goûts ou préférences personnelles. On évalue avant tout vos compétences, telles qu’elles se manifestent dans la copie rendue. Le sujet est-il traité ? Que savez-vous faire ? Le faites-vous bien ? Cela a-t-il du sens ? Le raisonnement est-il rigoureusement construit et obéit-il à une logique démonstrative ? etc. En fonction des matières ou UE, on évaluera aussi votre restitution des connaissances acquises durant le cours et les lectures, là aussi, sous réserve que cela soit cohérent avec le sujet et intégré dans un raisonnement fondé et structuré. Tous ces critères, et d’autres encore, sont objectifs et ne sont pas fondés sur la subjectivité du correcteur, dont je rappelle qu’il est un professionnel qui sait raison garder et fait la distinction entre ses convictions et la qualité du travail d’autrui.
L’exemple le plus caricatural — mais je l’apprécie singulièrement — est celui d’un étudiant, disons de philosophie, qui se livrerait dans sa copie de philosophie politique à une défense et une justification en règle du nazisme. Si le raisonnement est rigoureusement construit, que ses justifications et fondements sont solides (il s’appuie sur les philosophes et penseurs de la révolution conservatrice, des mouvements völkisch, etc.), que ses prises de position sont le fruit d’un chemin réflexif, qu’il a investi des éléments du cours et qu’en plus de tout cela il parvient à un recul critique en soulignant les failles de son propre raisonnement ou de celui des auteurs cités... alors l’éthique telle que je la conçois impose de lui donner une bonne note, cela n’empêchant pas de lui dire ce qu’on pense verbalement de sa position, sans oublier de lui notifier que cela peut tomber sous le coup de la loi. 🙄
Une légère variation peut apparaitre dans la notation, entre un enseignant et un autre, mais pas plus qu’en mathématiques, matière qui connait aussi ses débats enflammés en période d’examen...
De plus, sachez qu’un examen (partiel à l’université, par ex.) s’accompagne d’une réunion d’harmonisation, durant laquelle les enseignants échangent, harmonisent leur pratique d’évaluation, les attendus de l’épreuve, etc. Cela dans un souci d’équité et d’homogénéité de l’évaluation. Il peut même arriver qu’ils échangent leurs copies (ou que cela soit imposé par la direction de l’UFR / du département).
Le plus important pour l’étudiant est de connaître les attentes, les méthodes et les exigences de chaque professeur, que ce dernier ne manque pas d’annoncer en début ou en cours de semestre. Il faut aussi savoir écouter. Je constate que beaucoup d’étudiants arrivent au début d’un cours avec une représentation préconçue de ce que doit être l’exercice ou le travail à rendre. J’ai beau rappeler les exigences qui sont les miennes, les compétences et points de valeur que je juge prioritaires et qui détermineront la note, plusieurs étudiants ne me prennent pas au sérieux, n’écoutent pas et demeurent enfermés dans leur conception de ce que doit être l’exercice, conception souvent erronnée ou issue d’une scolarité antérieure. Il est aisé pour ces étudiants de conclure, au moment fatidique du relevé de notes, que je suis un "prof sévère"...
Cela étant dit, vous n’êtes pas à l’abri d’un professeur excentrique et capricieux, dont la notation peut sembler fantaisiste. J’ai eu un professeur de chimie organique, en licence (y compris en L1...) qui estimait qu’un étudiant qui ne connaissait pas le tableau périodique des éléments de Mendeleïev (avec toutes les valeurs pour chaque élément) ne méritait pas plus de 1,5/20. Je précise que nous n’étions pas des étudiants en chimie... mais en biologie. Aujourd’hui, ce genre de caprice ne passerait plus, du moins je l’espère...
De même, dans certains champs universitaires (sociologie, histoire, sciences humaines en général), il peut survenir des professeurs qui enseignent, et donc évaluent, en fonction de leurs orientations idéologiques. C’est une pratique que je condamne, car brisant justement l’équité de l’évaluation, au profit d’une forme de prosélytisme pervers (menant souvent à l’intolérance). Là aussi, connaître l’enseignant, être attentif à ses attendus et exigences, permet d’éviter de mauvaises surprises.
Il est évident que si on souhaite bosser sur Jospeh de Maistre ou Charles Maurras et que nous choisissons un directeur de recherche spécialiste des mouvements socialistes et de la philosophie de gauche, cela va coincer quelque part, sauf talent inné pour la diplomatie... 🤣
Le professeur doit, selon moi, être pédagogue, y compris en expliquant clairement et dès le début du semestre, les crtières d’évaluation et les attendus concrets du travail final. Il est possible de donner aux étudiants un barème, une grille de compétence, etc.
Autrement dit, sauf rares accidents, un bon travail vaudra une bonne note, c’est aussi simple que cela. Savez-vous que même aux Beaux-Arts, les jurys ne notent pas selon leur subjectivité, mais selon la cohérence du projet de l’étudiant ? 😉