Bonsoir,
En effet, il y a peu de places pour les contrats doctoraux, ce qui est bien dommage. Il existe cependant aussi des bourses.
Autant le dire, quand on vient de passer un M2 ou l’agrégation et qu’on candidate, une partie dépend de soi (soit on poursuit un sujet défriché en master et qui a encore un grand potentiel, ce qui permet d’avoir déjà un dossier solide, soit il vaut mieux travailler à l’avance un projet abouti pour avoir plus de chance), mais l’influence du directeur/de la directrice peut être évidemment importante. Cependant, je doute qu’il y ait des candidats médiocres qui obtiennent vraiment quelque chose juste parce que leur directeur ou leur directrice a du pouvoir. Il est normal de ne pas avoir de réseau en M1/M2 !
Je distinguerais évidemment le piston de la question du réseau. Plus tard, on se forme un réseau par le travail de recherche, en adhérant à telle(s) association(s) et société(s) savante(s), en se forçant si l’on est introverti... Mais si je dois comparer, je trouve qu’un introverti s’en sort mieux dans ce milieu universitaire (au moins jusqu’à la fin du doctorat) que dans le monde du secondaire.
Il y a effectivement peu de postes d’enseignants-chercheurs et autant le dire : quand les docteurs excellents et ayant des CV/listes de travaux déjà très fournies doutent de leurs chances et possibilités dans le système français, ça fait réfléchir quand on a un dossier plus dans la moyenne... :-( Il faut se lancer en thèse tout en se disant que l’objectif professionnel direct n’est en rien garanti. Ce n’est pas facile, à plus forte raison dans une société générale qui considère peu le savoir et le doctorat.
Avant de se lancer en thèse, il vaut mieux avoir déjà "une situation", un poste. Souvent on va conseiller (voire "imposer") d’avoir déjà obtenu l’agrégation ou d’avoir été admissible, notamment pour candidater au contrat doctoral. Pour les postes d’ATER je crois que tous les collègues que j’ai pu croiser en lettres étaient déjà agrégés (notez qu’un fonctionnaire de catégorie A peut faire trois années comme ATER, ce qui n’est pas le cas des autres doctorants ou docteurs).
La thèse est une très belle expérience. Elle est difficile, aussi, bien sûr (voire très difficile) : il ne faut pas le cacher ! En revanche, effectivement, le doctorat de lettres, en France, ne donne pas accès à d’autre possibilité professionnelle directe. Être docteur offre dans certains cas des voies spécifiques à certains concours de la fonction publique. À y regarder de plus près, ça fonctionne pour les docteurs en droit, en sciences, en économie ou que sais-je (si je pense au successeur de l’ENA par exemple)... pas vraiment en lettres ! À part évidemment dans l’EN, où une voie spéciale d’entrée à l’agrégation, par exemple, est réservée aux docteurs dans plusieurs sections (pas toutes évidemment). En revanche, attention : le fait d’être docteur lui-même ne change rien dans la pratique du métier dans le secondaire (j’aimerais bien qu’on fasse passer quelque décret permettant aux docteurs, voire si besoin aux docteurs qualifiés MCF, d’avoir des facilités pour bloquer des participations à quelques journées d’étude/colloques par an auprès de l’administration sans devoir dépendre du bon vouloir ou non de la direction, mais bon, rien que ça peut paraître trop demander).
La difficulté - je le dis par expérience personnelle - c’est que le goût pour la littérature, la recherche, l’enseignement supérieur et la transmission n’est pas forcément accompagné par un goût pour la réalité de l’enseignement secondaire et le travail auprès des adolescents. Le travail dans le secondaire est aussi, comment dire, très social. Docteur et agrégé, je ne regrette pas d’avoir passé le concours à plus forte raison parce qu’il m’était imposé dans mon parcours, mais je regrette beaucoup l’impossibilité de ne pas avoir ajouté une deuxième corde à mon arc (bibliothèque ? patrimoine ?) parce que le travail au lycée ne me convient guère (je suis mal taillé pour cela alors que cela se passait bien à l’université).