On présente souvent le romantisme comme un retour aux émotions et à la subjectivité, retour heureux car contre-balançant les excès du rationalisme impersonnel défendu par la philosophie des Lumières du siècle précédent.
Mais à y regarder de plus près, on s'aperçoit que ce raisonnement est incorrect.
La philosophie des Lumières avait particulièrement mis en avant l'individu et les émotions :
_par les travaux de Locke (définition du self) et de Descartes ("je pense donc je suis") sur l'entendement humain, précurseurs de la psychologie expérimentale moderne ;
par le certain relativisme des idées (Supplément au voyage de Bougainville_ chez Diderot);
_par la mise en évidence que l'humain est "mu par les intérêts personnels" chez Smith, Mandeville, et Helvétius;
_par le travail sur les émotions (les écrits de Descartes et de Spinoza).
Il me semble donc que ce qui différencie la philosophie des Lumières, du romantisme, c'est que :
_la philosophie des Lumières défend l'observation objective et analytique des choses (y compris de l'individu et des émotions)
_le romantisme défend l'expérience subjective et émotionnelle des choses
Est-ce correct ?