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Nouveau roman

Le nouveau roman est une appellation donnée par la critique à un ensemble d’écrivains qui, dans les années 1950-1960, ont remis en cause le roman traditionnel. Les nouveaux romanciers ont en effet tenté de renouveler les techniques romanesques en rompant avec la tradition balzacienne de l’intrigue et des personnages héritée du XIXe siècle (réalisme). Ainsi, ils rejettent la notion de héros, l’omniscience de l’écrivain, la cohérence psychologique des personnages et la vraisemblance. Dans leurs œuvres, les nouveaux romanciers renoncent également au déroulement linéaire du temps, remettent en question l’intrigue traditionnelle et s’intéressent surtout à la vie intérieure de l’individu qui devient le centre du récit.

Les nouveaux romanciers :

  • Michel Butor (1926-2016)
  • Marguerite Duras (1914-1996)
  • Claude Ollier (1922-2014)
  • Robert Pinget (1919-1997)
  • Jean Ricardou (1932-2016)
  • Alain Robbe-Grillet (1922-2008)
  • Nathalie Sarraute (1900-1999)
  • Claude Simon (1913-2005)

Quelques essais théoriques importants :

  • Sarraute, L’Ère du soupçon (1956)
  • Robbe-Grillet, Pour un nouveau roman (1956-1963)
  • Butor, Essais sur le roman (1964)
  • Ricardou, Problèmes du Nouveau roman (1967) et Pour une théorie du Nouveau roman (1971)

Nathalie Sarraute, L’Ère du soupçon (extrait)

Et, selon toute apparence, non seulement le romancier ne croit plus guère à ses personnages, mais le lecteur, de son côté, n’arrive plus à y croire. Aussi voit-on le personnage de roman, privé de ce double soutien, la foi en lui du romancier et du lecteur, qui le faisait tenir debout, solidement d’aplomb, portant sur ses larges épaules tout le poids de l’histoire, vaciller et se défaire.
Depuis les temps heureux d’Eugénie Grandet où, parvenu au faîte de sa puissance, il trônait entre le lecteur et le romancier, objet de leur ferveur commune, tels les Saints des tableaux primitifs entre les donateurs, il n’a cessé de perdre successivement tous ses attributs et prérogatives.
Il était richement pourvu, comblé de biens de toute sorte, entouré de soins minutieux ; rien ne lui manquait, depuis les boucles d’argent de sa culotte jusqu’à la loupe veinée au bout de son nez. Il a, peu à peu, tout perdu : ses ancêtres, sa maison soigneusement bâtie, bourrée de la cave au grenier d’objets de toute espèce, jusqu’aux plus menus colifichets, ses propriétés et ses titres de rente, ses vêtements, son corps, son visage, et, surtout, ce bien précieux entre tous, son caractère qui n’appartenait qu’à lui, et souvent jusqu’à son nom.

(Gallimard, Folio no 76, pages 60-61.)

Citations

L’appellation « Nouveau Roman » a toujours posé plus de problèmes qu’elle n’en a résolus. […].
Le Nouveau Roman ne peut en fait se définir valablement que comme un refus (refus de l’intrigue traditionnelle, refus du personnage classique, refus des types psychologiques, refus de l’analyse des sentiments, refus aussi de la littérature engagée ou du roman à idées).

A. Rykner, Nathalie Sarraute, Seuil, 2002, page 208 (« Nathalie Sarraute et le Nouveau Roman »).

Ainsi le roman est-il pour nous moins l’écriture d’une aventure que l’aventure d’une écriture.

Jean Ricardou, Problèmes du nouveau roman, 1967.

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