Jean-Jacques Rousseau (1712-1778)
Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes (1755)
Discours sur les sciences et les arts (1750)
Présentation
Genèse de l’écriture de Rousseau
Ces Discours représentent une œuvre philosophique importante. De 1742 à 1749, Rousseau est à Paris et fréquente des philosophes comme Diderot, D’Alembert, etc. Il participe à la fameuse Encyclopédie en rédigeant des articles sur la musique. 1749 marque le début de l’œuvre philosophique rousseauiste.
À propos du Discours sur les sciences et les arts
En octobre 1749, Rousseau se rend à Vincennes pour voir son ami Diderot (alors emprisonné) et découvre dans le journal Le Mercure de France le sujet d’un concours organisé par l’Académie de Dijon : « Si le progrès des sciences et des arts a contribué à corrompre ou à épurer les mœurs. » Rousseau participe et remporte le prix. Il faut noter que son Discours va à contre-courant des idées de l’époque : Voltaire et les encyclopédistes considèrent comme acquise l’idée selon laquelle le progrès des sciences et des arts conduit l’humanité au bonheur. Rousseau rassemble les éléments d’une philosophie opposant la nature à la culture, la vertu et la civilisation.
En résumé : la thèse défendue par Rousseau est l’antagonisme entre la civilisation et la vertu. Cette thèse se développe en deux parties :
- Avec des exemples historiques (la corruption à Rome et à Constantinople, a contrario la pureté de Sparte ou du romain Fabricius), Rousseau soutient que les sciences et les arts sont responsables de l’amollissement des hommes, de l’hypocrisie mondaine et de la décadence des mœurs.
- La seconde partie se fonde sur la raison pour affirmer la vanité des connaissances, l’inutilité des philosophes, la nocivité du luxe et les risques de toute éducation enseignant autre chose que la vertu.
À propos du Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes
Origine
En 1753, l’Académie de Dijon propose un nouveau sujet de concours : « Quelle est l’origine de l’inégalité parmi les hommes et si elle est autorisée par la loi naturelle. »
Convaincu que « la première source du mal est l’inégalité », persuadé que « ceux qui voudront traiter séparément la politique et la morale n’entendront jamais rien à aucune des deux » (Émile, ou De l’éducation, IV), Rousseau ne se borne plus à déclamer contre la déchéance des hommes : pour lui, l’homme est naturellement bon et c’est avec la société qu’apparaît le mal, identifiable à l’inégalité.
En résumé : la première partie du Discours décrit l’homme primitif dans l’état de nature, antérieur à l’institution de la société. Cet état, présenté comme une fiction utopique, constitue un stade de bonheur et d’équilibre qui sert de référence pour mesurer l’écart plus ou moins grand de l’homme social par rapport à son origine naturelle. Il permet aussi d’apprécier au plan moral la dégradation de l’homme en société. La seconde partie du Discours étudie le moment où apparaît le mal, c’est-à-dire l’inégalité engendrée par la propriété : l’homme est dénaturé par la société qui n’est qu’un pacte d’association au profit des riches. À ce pacte illégitime Rousseau propose de substituer un « vrai contrat » au terme duquel le peuple pourra exercer directement sa souveraineté.
Voir aussi :
- Biographie de Rousseau
- Commentaire de texte du second Discours
- Rousseau, Discours sur l’origine de l’inégalité, seconde partie
- Du Contrat social : extraits et commentaires
- Rousseau, Discours sur les sciences et les arts, prosopopée de Fabricius
- Rousseau, Les Confessions, livre III (extrait)
- Cinquième promenade des Rêveries du promeneur solitaire